III. Les trois degrés du sacrement
de l’ordre
1554 " Le ministère
ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé dans la diversité des ordres par
ceux que déjà depuis l’antiquité on appelle évêques, prêtres,
diacres " (LG 28). La doctrine catholique, exprimée dans la liturgie,
le magistère et la pratique constante de l’Église, reconnaît qu’il existe deux
degrés de participation ministérielle au sacerdoce du Christ : l’épiscopat
et le presbytérat. Le diaconat est destiné à les aider et à les servir. C’est
pourquoi le terme sacerdos désigne, dans l’usage actuel, les évêques et
les prêtres, mais non pas les diacres. Néanmoins, la doctrine catholique
enseigne que les degrés de participation sacerdotale (épiscopat et presbytérat)
et le degré de service (diaconat) sont tous les trois conférés par un acte
sacramentel appelé " ordination ", c’est-à-dire par le
sacrement de l’Ordre :
Que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l’évêque, qui
est l’image du Père, et les presbytres comme le sénat de Dieu et comme
l’assemblée des apôtres : sans eux on ne peut parler d’Église (S. Ignace
d’Antioche, Trall. 3, 1).
L’ordination épiscopale –
plénitude du sacrement de l’Ordre
1555 " Parmi les
différents ministères qui s’exercent dans l’Église depuis les premiers temps, la
première place, au témoignage de la Tradition, appartient à la fonction de ceux
qui, établis dans l’épiscopat, dont la ligne se continue depuis les origines,
sont les sarments par lesquels se transmet la semence apostolique "
(LG 20).
1556 Pour remplir leur haute
mission, " les apôtres furent enrichis par le Christ d’une effusion
spéciale de l’Esprit Saint descendant sur eux ; eux-mêmes, par
l’imposition des mains, transmirent à leurs collaborateurs le don spirituel qui
s’est communiqué jusqu’à nous à travers la consécration épiscopale "
(LG 21).
1557 Le deuxième Concile du
Vatican " enseigne que, par la consécration épiscopale, est conférée la
plénitude du sacrement de l’Ordre, que la coutume liturgique de l’Église et
la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdoce suprême,
de réalité totale (summa) du ministère sacré " (Ibid.).
1558 " La
consécration épiscopale, en même temps que la charge de sanctifier, confère
aussi des charges d’enseigner et de gouverner ... En effet, ... par
l’imposition des mains et par les paroles de la consécration, la grâce de
l’Esprit Saint est donnée et le caractère sacré imprimé, de telle sorte que les
évêques, d’une façon éminente et visible, tiennent la place du Christ lui-même,
Maître, Pasteur et Pontife et jouent son rôle (in Eius persona agant) "
(ibid.). " Aussi, par l’Esprit Saint qui leur a été donné, les
évêques ont-ils été constitués de vrais et authentiques maîtres de la foi,
pontifes et pasteurs " (CD 2).
1559 " C’est en vertu
de la consécration sacramentelle et par la communion hiérarchique avec le chef
du collège et ses membres que quelqu’un est fait membre du corps
épiscopal " (LG 22). Le caractère et la nature collégiale de
l’ordre épiscopal se manifestent entre autres dans l’antique pratique de
l’Église qui veut que pour la consécration d’un nouvel évêque plusieurs évêques
participent au sacre (cf. ibid). Pour l’ordination légitime d’un Evêque, une
intervention spéciale de l’Evêque de Rome est requise aujourd’hui, en raison de
sa qualité de lien suprême visible de la communion des Églises particulières
dans l’Église une et de garant de leur liberté.
1560 Chaque évêque a, comme
vicaire du Christ, la charge pastorale de l’Église particulière qui lui a été
confiée, mais en même temps il porte collégialement avec tous ses frères dans
l’épiscopat la sollicitude pour toutes les Églises : " Si
chaque évêque n’est pasteur propre que de la portion du troupeau confiée à ses
soins, sa qualité de légitime successeur des Apôtres par institution divine le
rend solidairement responsable de la mission apostolique de
l’Église " (Pie XII, enc. " Fidei donum " ; cf. LG 23 ; CD 4 ;
36 ; 37 ; AG 5 ; 6 ; 38).
1561 Tout ce qu’on vient de
dire explique pourquoi l’Eucharistie célébrée par l’évêque a une signification
toute spéciale comme expression de l’Église réunie autour de l’autel sous la
présidence de celui qui représente visiblement le Christ, Bon Pasteur et Tête
de son Église (cf. SC 41 ; LG 26).
L’ordination des presbytres –
coopérateurs des évêques
1562 " Le Christ, que
le Père a consacré et envoyé dans le monde, a, par les apôtres, fait leurs
successeurs, c’est-à-dire les évêques, participants de sa consécration et de sa
mission. A leur tour, les évêques ont légitimement transmis, à divers membres
de l’Église, et suivant des degrés divers, la charge de leur
ministère " (LG 28). " Leur fonction ministérielle a été
transmise aux prêtres à un degré subordonné : ceux-ci sont établis dans
l’Ordre du presbytérat pour être les coopérateurs de l’Ordre épiscopal
dans l’accomplissement de la mission apostolique confiée par le
Christ " (PO 2).
1563 " La fonction
des prêtres, en tant qu’elle est unie à l’Ordre épiscopal, participe à
l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son
Corps. C’est pourquoi le sacerdoce des prêtres, s’il suppose les sacrements de
l’initiation chrétienne, est cependant conféré au moyen du sacrement
particulier qui, par l’onction du Saint-Esprit, les marque d’un caractère
spécial, et les configure ainsi au Christ Prêtre pour les rendre capables
d’agir au nom du Christ Tête en personne " (PO 2).
1564 " Tout en n’ayant
pas charge suprême du pontificat et tout en dépendant des évêques dans
l’exercice de leur pouvoir, les prêtres leur sont cependant unis dans la
dignité sacerdotale ; et par la vertu du sacrement de l’Ordre, à l’image
du Christ prêtre suprême et éternel (cf. He 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9,
11-28) ils sont consacrés pour prêcher l’Evangile, pour être les pasteurs des
fidèles et pour célébrer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau
Testament " (LG 28).
1565 En vertu du sacrement de
l’Ordre les prêtres participent aux dimensions universelles de la mission
confiée par le Christ aux Apôtres. Le don spirituel qu’ils ont reçu dans
l’ordination les prépare, non pas à une mission limitée et restreinte,
" mais à une mission de salut d’ampleur universelle, ‘jusqu’aux
extrémités de la terre’ "(PO 10), " prêts au fond du cœur à
prêcher l’Evangile en quelque lieu que ce soit " (OT 20).
1566 " C’est dans le
culte ou synaxe eucharistique que s’exerce par excellence leur charge
sacrée : là, tenant la place du Christ et proclamant son mystère, ils
joignent les demandes des fidèles au sacrifice de leur chef, rendant présent et
appliquant dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce que le Seigneur vienne,
l’unique sacrifice du Nouveau Testament, celui du Christ s’offrant une fois
pour toutes à son Père en victime immaculée "(LG 28). De ce sacrifice
unique, tout leur ministère sacerdotal tire sa force (cf. PO 2).
1567 " Coopérateurs
avisés de l’ordre épiscopal dont ils sont l’aide et l’instrument, appelés à
servir le peuple de Dieu, les prêtres constituent, avec leur évêque, un seul presbyterium
aux fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles,
ils rendent d’une certaine façon présent l’évêque auquel ils sont associés d’un
cœur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa
sollicitude, et les mettant en œuvre dans leur souci quotidien des
fidèles " (LG 28). Les prêtres ne peuvent exercer leur ministère
qu’en dépendance de l’évêque et en communion avec lui. La promesse d’obéissance
qu’ils font à l’évêque au moment de l’ordination et le baiser de paix de
l’évêque à la fin de la liturgie de l’ordination signifient que l’évêque les
considère comme ses collaborateurs, ses fils, ses frères et ses amis, et qu’en
retour ils lui doivent amour et obéissance.
1568 " Du fait de
leur ordination, qui les a fait entrer dans l’ordre du presbytérat, les prêtres
sont tous intimement liés entre eux par la fraternité sacramentelle ; mais,
du fait de leur affectation au service d’un diocèse en dépendance de l’évêque
local, ils forment tout spécialement à ce niveau un presbyterium
unique " (PO 8). L’unité du presbyterium trouve une expression
liturgique dans l’usage qui veut que les presbytres imposent à leur tour les
mains, après l’évêque, pendant le rite de l’ordination.
L’ordination des diacres –
" en vue du service "
1569 " Au degré
inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres auxquels on a imposé les
mains ‘non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service’ " (LG
29 ; cf. CD 15). Pour l’ordination au diaconat, seul l’évêque impose les
mains, signifiant ainsi que le diacre est spécialement rattaché à l’évêque dans
les tâches de sa " diaconie " (cf. S. Hippolyte, trad. ap.
8).
1570 Les diacres participent
d’une façon spéciale à la mission et à la grâce du Christ (cf. LG 41 ; AA
16). Le sacrement de l’Ordre les marque d’une empreinte
(" caractère ") que nul ne peut faire disparaître et qui
les configure au Christ qui s’est fait le " diacre ",
c’est-à-dire le serviteur de tous (cf. Mc 10, 45 ; Lc 22, 27 ; S.
Polycarpe, ep. 5, 2). Il appartient entre autres aux diacres d’assister
l’évêque et les prêtres dans la célébration des divins mystères, surtout de
l’Eucharistie, de la distribuer, d’assister au mariage et de le bénir, de
proclamer l’Evangile et de prêcher, de présider aux funérailles et de se
consacrer aux divers services de la charité (cf. LG 29 ; SC 35, § 4 ;
AG 16).
1571 Depuis le deuxième
Concile du Vatican, l’Église latine a rétabli le diaconat " en tant
que degré propre et permanent de la hiérarchie " (LG 29), alors que
les Églises d’Orient l’avaient toujours maintenu. Ce diaconat permanent,
qui peut être conféré à des hommes mariés, constitue un enrichissement
important pour la mission de l’Église. En effet, il est approprié et utile que
des hommes qui accomplissent dans l’Église un ministère vraiment diaconal, soit
dans la vie liturgique et pastorale, soit dans les œuvres sociales et
caritatives " soient fortifiés par l’imposition des mains transmise
depuis les apôtres et plus étroitement unis à l’autel, pour qu’ils s’acquittent
de leur ministère plus efficacement, au moyen de la grâce sacramentelle du
diaconat " (AG 16).
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