2. Révolution et légitimité
A. La légitimité par excellence
La notion de légitimité n'a été en général envisagée que dans ses rapports
avec les dynasties ou les gouvernements. Si l'on prête attention aux
enseignements de Léon XIII dans l'encyclique "Au Milieu des
Sollicitudes", du 16 février 1892 21, on ne peut en effet faire
table rase de la question de la légitimité dynastique ou gouvernementale,
puisqu'il s'agit d'une très grave question de morale que les consciences
droites doivent considérer avec toute l'attention nécessaire.
Ce n'est toutefois pas à ce genre de problèmes seulement que s'applique
l'idée de légitimité.
Il existe une légitimité plus haute: celle qui caractérise tout ordre des
choses dans lequel se réalise effectivement la Royauté de Notre Seigneur
Jésus-Christ, modèle et source de la légitimité de toutes les royautés et de
tous les pouvoirs terrestres. Lutter en faveur de l'autorité légitime est un
devoir, et un devoir grave. Il ne faut cependant pas voir la légitimité des
détenteurs de l'autorité seulement comme un bien excellent en soi, mais aussi
comme un moyen en vue d'atteindre un bien encore supérieur: la légitimité de
tout ordre social, de toutes les institutions et de tous les milieux. C'est ce
qui arrive avec la disposition de toutes les choses selon la doctrine de
l'Eglise.
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