Les considérations précédentes demandent quelques explications sur le rôle
de l'intelligence, de la volonté et de la sensibilité dans les relations entre
l'erreur et la passion.
On pourrait croire en effet que, selon nous, toute erreur est conçue par
l'intelligence pour justifier une passion déréglée. Le moraliste qui
soutiendrait une maxime libérale le ferait donc toujours en vertu d'une
tendance libérale.
Ce n'est pas notre thèse. Il peut se produire qu'en raison de la faiblesse
de son intelligence affectée parle péché originel, le moraliste arive à une
conclusion libérale.
Dans ce cas, y aura-t-il eu nécessairement une imperfection morale d'une
autre nature, la négligence par exemple? C'est une question qui ne rentre pas
dans notre étude.
Par contre nous affirmons que cette Révolution, historiquement, tire sa
première origine d'une fermentation extrêmement violente des passions. Sans
nier, loin de là, le rôle déterminant des erreurs doctrinales dans ce
processus.
Nombreuses ont été les études de grands auteurs, comme Joseph de Maistre,
Louis de Bonald, Donoso Cortès et tant d'autres, sur ces erreurs et la manière
dont elles sont nées les unes des autres, du XVe au XVIe siècle, et, de fil en
aiguille, jusqu'au XXe. C'est pourquoi il n'est pas dans notre intention de
revenir sur le sujet.
Il semble toutefois particulièrement opportun de mettre en évidence
l'importance des facteurs "passionnels" et leur influence sur les
aspects strictement idéologiques du processus révolutionnaire dans lequel nous
nous trouvons. L'attention des observateurs ne s'oriente en effet, à notre
avis, que très faiblement vers ce point; il en découle une vision incomplète de
la Révolution et, par conséquent, l'adoption de méthodes
contre-révolutionnaires inadéquates.
Il faut ajouter ici quelques remarques sur la manière dont les passions
peuvent influencer les idées.
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