2. Aspects typiques du processus révolutionnaire
A - A grande vitesse
En effet, quand nous avons traité des deux vitesses de la
Révolution47, nous avons vu que certaines âmes s'enthousiasment
d'emblée pour ses maximes et tirent d'un seul coup toutes les conséquences de
l'erreur.
B - A petite vitesse
D'autres acceptent lentement et pas à pas les doctrines de la Révolution.
Souvent même, ce processus se développe avec continuité de génération en
génération. Un "semi-contrerévolutionnaire" très hostile aux
paroxysmes de la Révolution a un fils moins inflexible à leur égard, un petit-fils
indifférent, et un arrière-petit-fils complètement engagé dans le flux
révolutionnaire. Nous en avons déjà vu la raison. En effet, certaines familles
ont dans leur mentalité, dans leur subconscient, dans leurs manières de sentir,
un résidu d'habitudes et de ferments contre-révolutionnaires qui les maintient,
partiellement, liées à l'ordre. En elles, la corruption révolutionnaire n'est
pas aussi dynamique et donc l'erreur ne peut progresser dans leur esprit que
pas à pas et, pour ainsi dire, en se dissimulant.
La même lenteur de rythme explique que de nombreuses personnes puissent
changer énormément d'opinion au cours de leur vie. Quand elles sont
adolescentes, elles ont, par exemple, une opinion sévère en ce qui concerne les
modes immorales, conformément au milieu dans lequel elles vivent. Plus tard,
avec l'évolution des moeurs dans un sens toujours plus relâché, ces personnes
s'adaptent aux modes successives. Et à la fin de leur vie, elles approuvent les
modes qu'elles auraient absolument condamnées dans leur jeunesse. Elles sont
arrivées à cette attitude parce qu'elles ont lentement et imperceptiblement
parcouru les étapes nuancées de la Révolution. Elles n'ont pas eu la
perspicacité et l'énergie nécessaires pour discerner l'aboutissement de la Révolution
qui se faisait en elles et autour d'elles. Et elles sont allées graduellement
aussi loin peut-être qu'un révolutionnaire de leur âge qui, dans son
adolescence, serait parti à grande vitesse. Dans ces âmes, la vérité et le bien
sont en déroute. Mais cette déroute n'est pas complète au point que ces âmes,
mises en présence d'une erreur grave ou d'un mal grave, ne puissent avoir un
sursaut, parfois victorieux et sauveur, qui leur fasse percevoir le fond
pervers de la Révolution et les amène à une attitude catégorique et
systématique contre toutes ses manifestations. C'est pour éviter ces sains
sursauts de l'âme et ces cristallisations contre-révolutionnaires que la
Révolution marche pas à pas.
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