8 - Tout catholique doit-il être contre-révolutionnaire ?
Dans la mesure où il est apôtre, le catholique est contre- révolutionnaire.
Mais il peut l'être de diverses manières.
A - Le contre-révolutionnaire implicite
Il peut l'être implicitement et pour ainsi dire inconsciemment. C'est le
cas d'une soeur de la charité dans un hôpital. Son action directe a pour but la
guérison des corps et surtout le bien des âmes. Elle peut exercer cette action
sans parler de Révolution et de Contre-Révolution. Elle peut même vivre dans
des conditions si spéciales qu'elle ignore le phénomène Révolution et
Contre-Révolution. Cependant, dans la mesure où elle fait réellement du bien
aux âmes, elle fait obligatoirement reculer dans celles-ci l'influence de la
Révolution, ce qui est faire implicitement de la Contre-Révolution.
B - Modernité d'une explicitation contre-révolutionnaire
A une époque comme la nôtre, immergée dans le phénomène Révolution et
Contre-Révolution, il semble sage et moderne de connaître ce phénomène à fond
et d'adopter à son égard l'attitude perspicace et énergique que les
circonstances exigent.
Nous croyons ainsi hautement désirable que tout apostolat ait aujourd'hui,
chaque fois que le cas s'en présente, un but et un ton explicitement
contre-révolutionnaires.
Autrement dit, nous jugeons que l'apôtre réellement moderne augmentera
beaucoup l'efficacité de son travail, quel que soit le champ d'activité auquel
il se consacre, s'il sait reconnaître la Révolution dans ce domaine et marquer
tout ce qu'il fait d'un cachet contre-révolutionnaire.
C - Le contre-révolutionnaire explicite
Toutefois il est licite - c'est indéniable - que certaines personnes
s'assignent comme tâche propre un apostolat spécifiquement
contre-révolutionnaire, dans les milieux catholiques et non-catholiques. Elles
le feront en proclamant l'existence de la Révolution, en décrivant son esprit,
sa méthode, ses doctrines et en incitant chacun à participer à l'action
contre-révolutionnaire.
Elles mettront ainsi leur activité au service d'un apostolat particulier,
aussi naturel et méritoire (certainement plus profond) que celui consacré à la lutte
contre d'autres adversaires de l'Eglise, comme le spiritisme ou le
protestantisme.
Exercer une influence dans les milieux catholiques et non-catholiques les
plus variés afin d'alerter les esprits contre les maux du protestantisme, par
exemple, est certainement légitime, et nécessaire pour une action
antiprotestante intelligente et efficace. Les catholiques qui se dédient à
l'apostolat de la Contre-Révolution procéderont de la même manière.
Les excès possibles de cet apostolat - qui peuvent surgir comme en tout
autre apostolat - n'invalident pas le principe qui vient d'être établi. Car
"abusus non tollit usum".
D - L'action contre-révolutionnaire qui ne constitue pas un apostolat
Il y a enfin des contre-révolutionnaires qui ne font pas de l'apostolat au
sens strict, car ils se consacrent à la lutte sur des terrains comme celui de
la politique partisane, ou en utilisant des moyens économiques. Il s'agit
d'ailleurs d'activités très importantes qui ne peuvent qu'être regardées avec
sympathie.
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