B. Aventure, dans les prochaines étapes de la IIIe Révolution ?
Le succès des méthodes habituelles de la IIIe Révolution est cependant
compromis par l'apparition de circonstances psychologiques défavorables, qui se
sont fortement accentuées au long de ces vingt dernières années. - Ces
circonstances forceront-elles le communisme à opter dorénavant pour l'aventure
?
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Commentaire de 1992:
"Perestroïka" et "Glasnost": démantèlement de la IIIe
Révolution ou métamorphose du communisme ?
Le moment de jouer une immense carte politique, la plus importante dans
l'histoire du communisme, parut enfin arrivé aux dirigeants suprêmes du
communisme international à la fin de 1989. Celle-ci consistait à faire tomber
le rideau de fer et le mur de Berlin ce qui, ajouté aux programmes
"libéralisants" de la "glasnost" (1985) et de la
"perestroïka" (1986), devait précipiter l'apparent démantèlement de
la IIIe Révolution dans le monde soviétique.
Ce démantèlement attirerait alors, à son suprême promoteur et exécuteur,
Mikhaïl Gorbatchev, la sympathie exubérante et la confiance sans réserve, en
Occident, des puissances économiques nationalisées et en grande partie de
celles du secteur privé.
A partir de là, le Kremlin pourrait espérer le déferlement d'un flot
gigantesque de secours financiers dans ses coffres vides. Ces espérances furent
amplement confirmées par les faits, et permirent à Gorbatchev et à son équipe
de continuer à flotter, timon en main, sur la mer de misère, d'indolence et d'inaction,
où la malheureuse population russe, assujettie il y a peu de temps encore au
capitalisme d'Etat intégral, se laisse aller avec une passivité déconcertante.
Passivité propice à la généralisation du marasme, du chaos, et peut-être à la
formation d'un conflit interne susceptible de dégénérer à son tour, en une
guerre civile... ou mondiale72.
Ce fut dans ce cadre qu'explosèrent les événements sensationnels et brumeux
d'août 1991, dont les protagonistes (Gorbatchev, Yeltsin et autres acteurs)
ouvrirent la voie à la transformation de l'URSS en une confédération fragile,
puis à son démantèlement.
Il est question de la chute éventuelle du régime de Fidel Castro à Cuba et
de l'invasion possible de l'Europe occidentale par des hordes d'affamés venus
de l'Est et du Maghreb. Les différentes tentatives d'incursion de malheureux
Albanais en Italie auraient même été les premiers ballons d'essais de cette
nouvelle "invasion des barbares" en Europe.
Certains, dans la Péninsule ibérique comme en d'autres pays d'Europe,
considèrent ces hypothèses à l'intérieur d'un panorama qui inclut la présence
de multitudes de mahométans, admis tranquillement au long des années
précédentes en de nombreux points de ce continent, ainsi que les projets de
construction d'un pont sur le détroit de Gibraltar, reliant le nord de
l'Afrique au territoire espagnol, ce qui favoriserait encore davantage d'autres
invasions musulmanes en Europe.
Trait commun curieux entre la chute du rideau de fer et la construction de
ce pont: ces deux événements ouvriraient le continent européen à des invasions
analogues à celles que Charlemagne repoussa victorieusement, c'est-à-dire, les
invasions de hordes barbares ou semi-barbares venues de l'est et de hordes
musulmanes venues du sud du continent européen.
Le cadre pré-médiéval paraît se recomposer. Mais il y manque quelque chose
: l'ardeur printanière de la foi des populations catholiques appelées à faire
front simultanément à ces deux forces. Et surtout, il manque quelqu'un: où trouver
aujourd'hui un homme de l'étoffe de Charlemagne ?
Lorsque nous imaginons le développement des hypothèses énoncées ci- dessus,
dont le principal théâtre serait l'Occident, la grandeur et le caractère
dramatique de leurs conséquences ne peuvent manquer d'inquiéter.
Cette vision d'ensemble n'embrasse cependant pas, loin de là, la totalité
des effets que des voix autorisées, venant de cercles intellectuels
sensiblement opposés les uns aux autres, et d'organes de communication impartiaux,
annoncent aujourd'hui.
L'opposition croissante, par exemple, entre les pays consommateurs et les
pays pauvres; ou, en d'autres termes, entre les nations riches et
industrialisées et celles qui ne sont que productrices de matières premières.
De là naîtrait un heurt de dimension mondiale entre les différentes
idéologies, groupées d'un côté autour d'un enrichissement infini, et de l'autre
d'une "sous-consommation" misérabiliste. Face à cette éventualité, il
est impossible de ne pas se rappeler la lutte des classes préconisée par Marx.
Et la question surgit naturellement: cette lutte ne serait-elle pas la
projection, en termes mondiaux, d'un choc analogue à celui que Marx a surtout
conçu comme un phénomène socio-économique à l'intérieur des nations, conflit
auquel chacune de celles-ci participerait avec ses caractéristiques propres ?
Dans cette hypothèse, la lutte entre les nations développées et le
tiers-monde servirait de camouflage au marxisme qui, honteux de son échec
socio-économique catastrophique, et métamorphosé, chercherait à obtenir, avec
des possibilités renouvelées de succès, la victoire finale ? Victoire ayant,
jusqu'à présent, échappé aux mains de Gorbatchev qui, s'il n'est certainement
pas "docteur en perestroïka", en est au moins un mélange de barde et
de prestidigitateur...
On ne peut en effet mettre en doute que la "perestroïka" soit une
nuance du communisme, puisque son auteur lui-même le confesse dans l'essai
publicitaire "Perestroïka - Nouvelles idées pour mon pays et le
monde" 73 : " La finalité de cette réforme est de
garantir... la transition d'un système de droit excessivement centralisé et
dépendant d'ordres supérieurs, vers un système démocratique basé sur une
combinaison de centralisme démocratique et d'autogestion". Autogestion
qui, de plus, était "l'objectif suprême de l'Etat soviétique" selon
ce qu'établissait la Constitution de l'ex-URSS elle-même dans son préambule.
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