C. Fruit et preuve de ce déclin : la IIIe Révolution se métamorphose en
révolution souriante.
La métamorphose que la IIIe Révolution s'est imposée est la preuve la plus
claire qu'elle perd, depuis vingt ou trente ans, de sa capacité de créer et de
diriger la haine révolutionnaire.
Lors du dégel post-stalinien avec l'Occident, la IIIe Révolution s'est
affublée d'un masque souriant, elle est passée de la polémique au dialogue,
elle a simulé un changement de mentalité et d'attitude, et s'est ouverte à
toute espèce de collaboration avec des adversaires qu'elle essayait auparavant
d'écraser par la violence.
Sur la scène internationale, la Révolution a évolué ainsi successivement de
la guerre froide à la coexistence pacifique, puis à la "chute des
barrières idéologiques" et enfin à la collaboration ouverte avec les
puissances capitalistes, sous les étiquettes publicitaires de
"l'Ostpolitik" ou de la "Détente".
Sur la scène intérieure des divers pays d'Occident, la "politique de
la main tendue", qui avait été au temps de Staline un pur artifice pour
enjôler de petites minorités catholiques de gauche, s'est transformée en une
véritable "détente" entre communistes et pro-capitalistes, moyen
idéal utilisé par les Rouges pour établir des relations cordiales et des
rapprochements trompeurs avec tous leurs adversaires, que ceux-ci appartiennent
à la sphère spirituelle ou à la sphère temporelle. On a vu ainsi se succéder
les tactiques "amiables", comme celle des "compagnons de
route", celle de l'eurocommunisme légaliste, affable et prudent envers
Moscou, celle du compromis historique, etc.
Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, tous ces stratagèmes offrent
actuellement des avantages à la IIIe Révolution. Mais la fructification de ces
avantages est lente, graduelle et subordonnée à un grand nombre de variables.
Au faîte de son pouvoir, la IIIe Révolution a cessé de menacer et
d'agresser ; elle s'est mise à sourire et quémander. Elle n'avance plus au pas
cadencé et en bottes de cosaque, mais elle progresse lentement, à pas furtifs.
Elle a abandonné la ligne droite - toujours la plus courte - pour un chemin en
zigzags jalonné d'incertitudes.
- Quelle énorme transformation en vingt ans !
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