Contenu
de la pastorale des vocations et moyens dont elle dispose
38. La vocation
est certainement un mystère insondable qui implique la relation que Dieu
établit avec l'homme: unique et non renouvelable; mystère perçu et ressenti
comme un appel attendant une réponse venue du fond de la conscience,
«sanctuaire où l'homme est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre»(107).
Mais cela n'élimine pas la dimension communautaire, et spécialement ecclé
siale, de la vocation; l'Église aussi est réellement présente et à l'oeuvre
dans la vocation de tout prêtre.
Pour servir la
vocation sacerdotale et son itinéraire, c'est-à-dire la naissance, le
discernement et l'accompagnement de la vocation, l'Église peut trouver un
exemple dans André, l'un des deux premiers disciples qui se mirent à la suite
de Jésus. C'est lui-même qui se mit à raconter à son frère ce qui lui était
arrivé: «Nous avons trouvé le Messie (c'est-à-dire le Christ)» (Jn 1, 41). Et
la narration de cette «découverte» ouvre la voie à la rencontre: «Et il le conduisit
à Jésus» (Jn 1, 42). Aucun doute sur l'initiative absolument libre et sur la
décision souveraine de Jésus: c'est Jésus qui appelle Simon et lui donne un
nouveau nom: «Jésus le regarda et dit: "Tu es Simon, le fils de Jean; tu
t'appelleras Céphas" (ce qui veut dire Pierre)» (Jn 1, 42). Mais André
avait eu sa part d'initiative: il avait sollicité la rencontre de son frère
avec Jésus.
«Et il le
conduisit à Jésus». C'est ici, dans un sens, que se trouve le coeur de toute la
pastorale des vocations par laquelle l'Église veille sur la naissance et la
croissance des vocations, en se servant des dons et des responsabilités, des
charismes et du ministère reçus du Christ et de son Esprit. L'Église, comme
peuple sacerdotal, prophétique et royal, est chargée de promouvoir et de servir
la naissance et la maturation des vocations sacerdotales, par la prière et la
vie sacramentelle, par l'annonce de la Parole et l'éducation de la foi, sous
l'influence et avec le témoignage de la charité.
L'Église, dans
sa dignité et sa responsabilité de peuple sacerdotal, indique comme moments
essentiels et premiers de la pastorale des vocations la prière et la
célébration de la liturgie. En effet, nourrie de la Parole de Dieu, la prière
chrétienne crée l'espace idéal pour que chacun puisse découvrir la vérité de
son être et l'identité du projet de vie, personnel et unique, que le Père forme
pour lui. Il est donc nécessaire d'éduquer les enfants et les jeunes pour
qu'ils soient fidèles à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu: dans
le silence et dans l'écoute, ils pourront percevoir l'appel du Seigneur au
sacerdoce et le suivre avec promptitude et générosité.
L'Église doit
accueillir chaque jour l'invitation pressante et insistante de Jésus, qui
demande de «prier le Maître de la moisson, d'envoyer des ouvriers à sa moisson»
(Mt 9, 38). Obéissant au commandement du Christ, l'Église accomplit, avant
toute autre chose, une humble profession de foi: priant pour les vocations dont
elle ressent toute l'urgence pour sa vie et pour sa mission, elle reconnaît que
les vocations sont un don de Dieu et que, comme telles, elles doivent être
demandées dans une supplication incessante et con- fiante. Cette prière,
charnière de toute la pastorale des vocations, doit être pratiquée non seulement
par chacun, mais par les communautés ecclésiales tout entières. Personne ne
doute de l'importance des initiatives particulières de prière, des moments
spéciaux réservés à cette demande, à commencer par la Journée mondiale annuelle
pour les vocations, et de l'engagement explicite de personnes et de groupes
particulièrement sensibles au problème des vocations sacerdotales. Mais,
aujourd'hui, l'attente de nouvelles vocations dans la prière doit devenir
toujours plus une habitude constante et largement partagée par la communauté
chrétienne tout entière, et par toute réalité ecclésiale. C'est ainsi que l'on
pourra revivre l'expérience des Apôtres qui, au Cénacle, unis à Marie,
attendent en prière l'effusion de l'Esprit (cf. Ac 1, 14), qui ne manquera pas
de susciter encore dans le peuple de Dieu «les prêtres dont le monde a besoin,
pour le service de la prière et de l'Eucharistie, et pour annoncer l'Évangile
du Christ»(108).
Sommet et
source de la vie de l'Église(109) et en particulier de toute prière chrétienne,
la liturgie a aussi un rôle indispensable et une incidence privilégiée dans la
pastorale des vocations. En fait, elle constitue une expérience vivante du don
de Dieu et une grande école de la réponse à son appel. Comme telle, toute
célébration liturgique, et surtout celle de l'Eucharistie, a de nombreux
effets. Elle nous révèle le vrai visage de Dieu; elle nous fait communier au
mystère de la Pâque, c'est-à-dire à l'«heure» pour laquelle Jésus est venu dans
le monde et vers laquelle il s'est librement et volontairement acheminé, par
obéissance à l'appel du Père (cf. Jn 13, 1); enfin, elle nous manifeste le
visage de l'Église, comme peuple de prêtres et communauté bien soudée, dans la
variété et la complémentarité des charismes et des vocations. Le sacrifice
rédempteur du Christ, que l'Église célèbre dans le mystère, donne une valeur
particulièrement précieuse à la souffrance vécue en union avec le Seigneur
Jésus. Les Pères synodaux nous ont invités à ne jamais oublier que «par
l'offrande des souffrances, si fréquentes dans la vie des hommes, le chrétien
malade s'offre comme victime à Dieu, à l'image du Christ qui s'est consacré
lui-même pour nous tous (cf. Jn 17, 19)» et que «l'offrande des souffrances à
cette intention est de grande utilité pour la promotion des vocations»(110).
|