40. En tant que peuple royal,
l'Église se sent enracinée dans la «loi de l'Esprit qui donne la vie» (Rm 8,
2), et animée par elle. Or, cette loi est essentiellement la loi royale de la
charité (cf. Jc 2, 8) ou la loi parfaite de la liberté (cf. Jc 1, 25). C'est
pourquoi l'Église remplit sa mission quand elle amène tout fidèle à découvrir
et à vivre sa propre vocation dans la liberté, et à la porter à son achèvement
dans la charité.
Dans sa tâche
éducative, l'Église vise avec une attention privilégiée à susciter chez les
enfants, chez les adolescents et chez les jeunes le désir et la volonté de
suivre Jésus Christ en tout et de près. L'oeuvre éducative, tout en concernant
la communauté chrétienne comme telle, doit s'adresser à chaque personne: Dieu,
en effet, par son appel, rejoint le coeur de chaque homme, et l'Esprit, qui
demeure au dedans de chaque disciple (cf.1 Jn 3, 24), se donne à chaque
chrétien avec ses charismes divers et ses manifestations particulières. Chacun
doit donc être aidé à recevoir le don qui lui est confié individuellement,
comme à une personne unique et irremplaçable, et être aidé à écouter les
paroles que l'Esprit de Dieu lui adresse.
Dans cette
perspective, le souci des vocations au sacerdoce saura s'exprimer aussi dans
une proposition ferme et persuasive de direction spirituelle. Il est nécessaire
de redécouvrir la grande tradition de l'accompagnement spirituel personnel, qui
a toujours donné des fruits nombreux et précieux dans la vie de l'Église,
démarche qui peut être complétée, dans des cas déterminés et des conditions
précises, par des formes d'analyse ou de secours psychologiques, mais non
remplacée par elles(112). Les enfants, les adolescents et les jeunes seront
invités à découvrir et à apprécier le don de la direction spirituelle, à le
rechercher, à en faire l'expérience, à le demander avec une confiante
insistance à leurs éducateurs dans la foi. Les prêtres, de leur côté, doivent
être les premiers à consacrer du temps et de l'énergie à cette oeuvre d'éducation
et de soutien spirituel personnel: ils ne regretteront jamais d'avoir négligé
ou fait passer au second plan beaucoup d'autres choses, même belles et utiles,
si cela était inévitable pour continuer à croire à leur ministère de
collaborateurs de l'Esprit afin d'éclairer et de conduire ceux qui sont
appelés.
La fin de
l'éducation du chrétien est d'atteindre, sous l'influence de l'Esprit, la
«pleine maturité du Christ» (Ep 4,13). Cela se réalise quand, en imitant et en
partageant la charité du Christ, on fait de toute sa vie un service d'amour
(cf. Jn 13, 14-15), en offrant à Dieu un culte spirituel qui lui soit agréable
(cf. Rm 12, 1) et en se dévouant aux frères. Le service d'amour est le sens
fondamental de toute vocation, et cela se vérifie tout spécialement dans la
vocation du prêtre, qui, en effet, est appelé à revivre de la façon la plus
radicale possible la charité pastorale de Jésus, c'est-à-dire l'amour du Bon
Pasteur qui «offre sa vie pour ses brebis» (Jn 10, 11).
C'est pourquoi
une authentique pastorale des vocations ne se lassera jamais d'éduquer les
enfants, les adolescents et les jeunes au goût de l'engagement, au sens du
service gratuit, à la valeur du sacrifice, au don de soi inconditionné.
L'expérience du volontariat, pour lequel grandit l'attrait de beaucoup de
jeunes, est particulièrement utile, à condition qu'il s'agisse d'un volontariat
évangéliquement motivé, capable d'éduquer au discernement des besoins, vécu
chaque jour avec dévouement et fidélité, ouvert à l'éventualité d'un engagement
définitif dans la vie consacrée, nourri de prière; alors, il saura plus
sûrement soutenir une vie d'engagement désintéressé et gratuit, et rendra celui
qui s'y adonne plus sensible à la voix de Dieu qui peut l'appeler au sacerdoce.
Au contraire du jeune homme riche, le bénévole pourrait accepter l'invitation
pleine d'amour que Jésus lui adresse (cf. Mc 10, 21); et il pourrait l'accepter
parce que ses biens consistent déjà dans le don de lui-même aux autres et dans
la «perte» de sa vie.
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