Tous,
nous sommes responsables des vocations sacerdotales
41. La vocation
sacerdotale est un don de Dieu, qui constitue certainement un grand bien pour
celui qui en est le premier destinataire. Mais c'est aussi un don pour l'Église
entière, un bien pour sa vie et pour sa mission. L'Église, donc, est appelée à
garder ce don, à l'estimer, à l'aimer: elle est responsable de la naissance et
de la maturation des vocations sacerdotales. En conséquence, la pastorale des
vocations a comme sujet actif, comme protagoniste, la communauté ecclésiale
comme telle, dans ses diverses expressions: de l'Église universelle à l'Église
particulière et, analogiquement, de celle-ci à la paroisse et à tous les
membres du peuple de Dieu.
Il est plus que
jamais urgent, aujourd'hui surtout, que se répande et s'enracine la conviction
que ce sont tous les membres de l'Église, sans en exclure aucun, qui ont la
grâce et la responsabilité du souci des vocations. Le Concile Vatican II a été
aussi explicite que possible en affirmant que «le devoir de favoriser
l'augmentation des vocations sacerdotales appartient à toute la communauté
chrétienne, qui est tenue de s'acquitter de ce devoir avant tout par une vie
pleinement chrétienne»(113). C'est seulement sur la base de cette conviction
que la pastorale des vocations pourra manifester son visage vraiment ecclésial
et développer une action concertée, en se servant aussi d'organismes spéciaux
et d'instruments adaptés de communion et de coresponsabilité.
La première
responsabilité de la pastorale orientée vers les vocations sacerdotales, c'est
celle de l'évêque(114), qui est appelé à l'assumer personnellement, même s'il
peut et doit susciter de multiples collaborations. Il est un père et un ami
dans son presbyterium et il lui revient de «maintenir la continuité» du
charisme et du ministère sacerdotal, en lui associant de nouvelles forces par
l'imposition des mains. Il veillera à ce que la dimension des vocations soit
toujours présente dans l'ensemble de la pastorale ordinaire, bien plus, à ce
qu'elle s'intègre et s'identifie avec elle. C'est à lui qu'il appartient de
promouvoir et de coordonner les diverses initiatives en faveur des
vocations(115).
L'évêque sait
qu'il peut compter avant tout sur la collaboration de son presbyterium. Tous
les prêtres sont, avec lui, solidaires et coresponsables dans la recherche et
dans la promotion des vocations presbytérales. En effet, comme l'affirme le
Concile, «il appartient aux prêtres, comme éducateurs de la foi, de veiller à
ce que chaque chrétien parvienne, dans le Saint-Esprit, à l'épanouissement de
sa vocation personnelle»(116). Et c'est là «un devoir qui découle de la mission
sacerdotale elle-même, par laquelle le prêtre participe au souci qu'a l'Église
entière d'éviter toujours ici-bas le manque d'ouvriers dans le peuple de
Dieu»(117). La vie des prêtres, leur dévouement absolu au peuple de Dieu, leur
témoignage de service d'amour pour le Seigneur et son Église - un témoignage
marqué du signe de la croix, acceptée dans l'espérance et la joie pascale -,
leur concorde fraternelle et leur zèle pour l'évangélisation du monde sont les
premiers et les plus convaincants des facteurs de la fécondité des
vocations(118).
Une
responsabilité très particulière est confiée à la famille chrétienne, qui, en
vertu du sacrement de mariage, participe d'une façon spéciale et originale à la
mission éducatrice de l'Église maîtresse et mère. Comme l'ont écrit les Pères
synodaux, «la famille chrétienne, qui est véritablement comme une "Église
domestique" (Lumen gentium, n. 11), a toujours offert et continue à offrir
les conditions favorables pour la naissance des vocations. Parce que,
aujourd'hui, l'image de la famille chrétienne est en danger, il faut donner une
grande importance à la pastorale familiale. De cette façon les familles elles-même,
accueillant généreusement le don de la vie humaine, constitueront "comme
le premier séminaire" (Optatam totius, n. 2), dans lequel les enfants
pourront acquérir, dès le début, le sens de la piété, de la prière et de
l'amour envers l'Église»(119). En continuité et en harmonie avec l'action des
parents et de la famille, on doit placer l'école, qui est appelée à vivre son
identité de «communauté éduca trice» avec aussi un projet culturel capable de
faire la lumière sur la dimen- sion de la vocation, comme valeur naturelle et
fondamentale de la personne humaine. En ce sens, une fois opportunément
enrichie d'esprit chrétien (soit par une présence religieuse explicite à
l'école d'État, selon les divers arrangements nationaux, soit surtout dans le
cas de l'école catholique), l'école peut faire pénétrer, «dans l'esprit des
enfants et des jeunes, le désir d'accomplir la volonté de Dieu dans l'état de
vie le plus adapté à chacun, sans jamais exclure la vocation au ministère
sacerdotal»(120).
Les fidèles
laïcs, en particulier les catéchistes, les enseignants, les éducateurs, les
animateurs de la pastorale des jeunes, chacun avec ses ressources et ses
capacités propres, ont une grande importance dans la pastorale des vocations
sacerdotales. En effet, plus ils approfondiront le sens de leur vocation et de
leur mission dans l'Église, plus ils pourront reconnaître la valeur et le
caractère irremplaçable de la vocation et de la mission sacerdotale.
Dans le cadre
des communautés diocésaines et paroissiales, les groupes de réflexion sur les
vocations doivent être estimés et encouragés. Leurs membres offrent leur
contribution de prière et de souffrances pour les vocations sacerdotales et
religieuses, ainsi que leur soutien moral et matériel.
Il faut
rappeler ici également les nombreux groupes, mouvements et associations de
fidèles laïcs que l'Esprit Saint fait lever et croître dans l'Église, en
relation avec une présence chrétienne plus missionnaire dans le monde. Ces
diverses organisations de laïcs se révèlent comme un milieu particulièrement
riche en vocations consacrées, comme des lieux véritablement adaptés à la
proposition et à la croissance des vocations. De nombreux jeunes, en effet,
précisément dans le cadre et à cause de ces associations, ont entendu l'appel
du Seigneur à le suivre sur la voie du sacerdoce ministériel et ont répondu
avec une réconfortante générosité(121). Il faut donc les faire valoir afin
qu'en communion avec toute l'Église et par leur croissance, elles donnent leur
contribution propre au développement de la pastorale des vocations.
Les instances
variées et les différents membres de l'Église engagés dans la pastorale des
vocations rendront leur action d'autant plus efficace qu'ils feront davantage comprendre
à la communauté ecclésiale comme telle, à commencer par la paroisse, que le
problème des vocations sacerdotales ne peut absolument pas être délégué à
certains «spécialistes sur lesquels on se décharge» (en général des prêtres et
plus particulièrement des prêtres des séminaires), mais que c'est «un problème
vital qui est au coeur même de l'Église»(122), et donc qu'il doit se situer au
centre de l'amour de tout chrétien pour l'Église.
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