I. LES
DIMENSIONS DE LA FORMATION SACERDOTALE
La
formation humaine, fondement de toute la formation sacerdotale
43. «Sans une
formation humaine adéquate, la formation sacerdotale tout entière serait privée
de son fondement nécessaire»(126). Cette affirmation des Pères synodaux
n'exprime pas seulement une donnée toujours suggérée par la raison et confirmée
par l'expérience: c'est une exigence qui trouve son motif le plus profond et le
plus spécifique dans la nature même du prêtre et de son ministère. Le prêtre,
appelé à être «image vivante» de Jésus Christ, Tête et Pasteur de l'Église,
doit chercher à refléter en lui-même, dans la mesure du possible, la perfection
humaine, qui resplendit dans le Fils de Dieu fait homme et qui transparaît avec
une singulière efficacité dans ses attitudes avec les autres, comme les
évangélistes les présentent. Le ministère du prêtre est, certes, d'annoncer la
Parole, de célébrer les sacrements, de guider la communauté chrétienne «au nom
et dans la personne du Christ», mais cela, en s'adressant toujours à des hommes
concrets: «Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi
pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu» (He 5, 1).
C'est pourquoi la formation humaine du prêtre revêt une importance particulière
en raison de sa relation aux destinataires de sa mission. En effet, pour que
son ministère soit humainement plus crédible et plus acceptable, il faut que le
prêtre modèle sa personnalité humaine de façon à en faire un «pont» et non un
obstacle pour les autres dans la rencontre avec Jésus Christ Rédempteur de
l'homme. Il est nécessaire qu'à l'exemple de Jésus qui «savait ce qu'il y a
dans l'homme» (Jn 2, 25; cf. 8, 3-11), le prêtre soit capable de connaître en
profondeur l'esprit humain, d'avoir l'intuition des difficultés et des problèmes,
de faciliter la rencontre et le dialogue, d'obtenir confiance et collaboration,
d'exprimer des jugements sereins et objectifs.
Ce n'est donc
pas seulement pour acquérir un nécessaire et juste épanouissement et pour se
réaliser eux-mêmes, mais aussi pour la pratique de leur ministère, que les
futurs prêtres doivent cultiver un ensemble de qualités humaines,
indispensables à la construction de personnalités équilibrées, fortes et
libres: c'est pour être capables de porter le poids des responsabilités pastorales.
D'où la nécessité de l'éducation à l'amour de la vérité, à la loyauté, au
respect de toute personne, au sens de la justice, à la fidélité à la parole
donnée, à la véritable compassion, à la cohérence et en particulier à
l'équilibre du jugement et du comportement(127). Dans sa lettre aux
Philippiens, l'Apôtre Paul propose un programme simple et exigeant pour cette
formation humaine : «Tout ce qu'il y a de vrai, de noble, de juste, de pur,
d'aimable, d'honorable, tout ce qu'il peut y avoir de bon dans la vertu et la
louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper» (Ph 4, 8). Il est
intéressant de noter que Paul, précisément dans ces qualités profondément
humaines, se donne comme modèle à ses fidèles: «Ce que vous avez appris -
poursuit-il immédiatement -, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce
que vous devez pratiquer» (Ph 4, 9).
La relation
avec les autres est d'une particulière importance. C'est un élément vraiment
essentiel pour celui qui est appelé à être responsable d'une communauté et à
être un «homme de communion». Cela exige que le prêtre ne soit ni arrogant, ni
chicanier, mais qu'il soit affable, accueillant, sincère dans ses propos et
dans son coeur(128), prudent et discret, généreux et prêt à rendre service,
capable d'établir avec les autres et de susciter chez tous des relations
sincères et fraternelles, prompt à comprendre, à pardonner et à consoler (cf.
aussi 1 Tm 3, 1-5; Tt 1, 7-9). L'humanité actuelle, souvent condamnée à des
situations de massification et de solitude, surtout dans les grandes
concentrations urbaines, est de plus en plus sensible à la communion: celle-ci
est aujourd'hui l'un des signes les plus éloquents et l'une des voies les plus
efficaces du message évangélique.
La formation à
la maturité affective du candidat au sacerdoce s'inscrit dans ce contexte comme
un élément important et décisif, véritable aboutissement de l'éducation à
l'amour vrai et responsable.
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