47. La lecture méditée et priante de
la Parole de Dieu (lectio divina), en écoutant avec humilité et amour celui qui
parle, est un élément essentiel de la formation spirituelle. C'est en effet
dans la lumière et la force de la Parole de Dieu que chacun peut découvrir,
comprendre, aimer et suivre sa vocation, et accomplir sa mission; de telle
sorte que toute l'existence trouve sa signification plénière et radicale dans
le fait d'être le terme de la Parole de Dieu qui appelle l'homme et le principe
de la parole de l'homme qui répond à Dieu. La familiarité avec la Parole de
Dieu facilitera l'itinéraire de la conversion, dans un double sens: non
seulement renoncer au mal pour adhérer au bien, mais aussi faire grandir dans
le coeur les pensées de Dieu. La foi, en tant que réponse à la Parole, devient
alors le nouveau critère de jugement et d'évaluation des hommes et des choses,
des événements et des problèmes.
Tout cela, à
condition que la Parole de Dieu soit entendue et accueillie selon sa vraie
nature, car elle fait rencontrer Dieu lui-même, Dieu qui parle à l'homme; elle
fait rencontrer le Christ, le Verbe de Dieu, la Vérité, qui est également le
Chemin et la Vie (cf. Jn 14, 6). Il s'agit de lire les «écritures», en écoutant
les «paroles», la «Parole» de Dieu, comme le rappelle le Concile: «Les Saintes
Écritures contiennent la Parole de Dieu et, puisqu'elles sont inspirées, elles
sont vraiment Parole de Dieu»(141). Le Concile dit encore: «Dans cette
révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1, 15; 1 Tm 1, 17) s'adresse aux hommes
en son immense amour comme à des amis (cf. Ex 33, 11; Jn 15, 14-15), il
s'entretient avec eux (cf. Ba 3, 38), pour les inviter et les admettre à
partager sa propre vie»(142).
La connaissance
intime et pleine d'amour de la Parole de Dieu acquise dans la prière revêt une
importance toute spéciale pour le ministère prophétique du prêtre; elle est une
condition indispensable pour qu'il l'exerce d'une manière adéquate, surtout
dans le contexte de la «nouvelle évangélisation» à laquelle l'Église est
appelée aujourd'hui. Comme le Concile y invite, «tous les clercs, en premier
lieu les prêtres du Christ, et tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres
ou comme catéchistes, au ministère de la parole, doivent, par une lecture spirituelle
assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Écritures, de peur que
l'un d'eux ne devienne "un vain prédicateur de la Parole de Dieu au
dehors, lui qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui" (S. Augustin, Serm.
179, 1: PL 38, 966)»(143).
La réponse
fondamentale à la Parole est la prière, qui constitue sans aucun doute une
valeur et une exigence primordiales de la formation spirituelle. Cette dernière
doit amener les candidats au sacerdoce à connaître et à expérimenter le sens
authentique de la prière chrétienne: être une rencontre vivante et personnelle
avec le Père, par son Fils unique sous l'action de l'Esprit, un dialogue qui
devient participation au dialogue filial de Jésus avec son Père. C'est
d'ailleurs un aspect, et non des moindres, de la mission du prêtre, que d'être
«éducateur de prière». Mais le prêtre ne pourra former les autres à l'école de
Jésus priant que s'il a lui-même été formé et s'il continue à se former à cette
école. C'est cela que les hommes demandent au prêtre: «Le prêtre est l'homme de
Dieu, celui qui appartient à Dieu et fait penser à Dieu. Quand la Lettre aux
Hébreux parle du Christ, elle le présente comme un "grand prêtre
miséricordieux et fidèle dans les choses qui regardent Dieu" (He 2,17)...
Les chrétiens espèrent trouver dans le prêtre non seulement un homme qui les
accueille, qui les écoute volontiers et leur témoigne une certaine sympathie,
mais aussi et surtout un homme qui les aide à regarder Dieu, à monter vers lui.
Il faut donc que le prêtre soit formé à une profonde intimité avec Dieu. Ceux
qui se préparent au sacerdoce doivent comprendre que toute la valeur de leur
vie sacerdotale dépendra du don qu'ils sauront faire d'eux-mêmes au Christ et,
par le Christ, au Père»(144).
Dans le
contexte d'agitation et de bruit qui est celui de notre société, l'éducation au
sens humain profond et à la valeur religieuse du silence, atmosphère
spirituelle indispensable pour percevoir la présence de Dieu et se laisser
conquérir par elle (cf. 1 R 19, 11-12), est une pédagogie nécessaire de la
prière.
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