50. Dans la formation spirituelle de
celui qui est appelé à vivre le célibat, on doit être particulièrement attentif
à préparer le futur prêtre à connaître, estimer, aimer et vivre le célibat dans
sa vraie nature et dans ses vraies finalités, donc dans ses motifs
évangéliques, spirituels et pastoraux. Le présupposé et le contenu de cette
préparation est la vertu de chasteté, qui qualifie toutes les relations
humaines et qui conduit «à expérimenter et à manifester... un amour sincère,
humain, fraternel, personnel et capable de sacrifice à l'exemple du Christ
envers tous et envers chacun»(154).
Le célibat des
prêtres confère à la chasteté certaines caractéristiques en vertu desquelles,
«renonçant à la vie conjugale pour le règne des cieux (cf. Mt 19, 12), ils
peuvent adhérer au Seigneur par un amour sans partage qui convient parfaitement
à la Nouvelle Alliance; ils donnent le témoignage de la résurrection du monde à
venir (cf. Lc 20, 36) et trouvent une aide particulièrement apte à l'exercice
continuel de cette charité parfaite qui leur permet d'être tout à tous dans le
ministère sacerdotal»(155). En ce sens, le célibat sacerdotal n'est pas à
considérer comme une simple norme juridique ni comme une condition tout
extérieure pour être admis à l'ordination. Au contraire, le célibat est une
valeur profondément liée à l'Ordination. Il rend conforme à Jésus Christ, Bon
Pasteur et Époux de l'Église. Il permet le choix d'un amour plus grand et sans
partage pour le Christ et son Église, dans une disponibilité pleine et joyeuse
pour le ministère pastoral. Il faut considérer le célibat comme une grâce
spéciale, comme un don que tous ne peuvent comprendre, mais seulement ceux à
qui c'est donné (cf. Mt 19, 11). Cette grâce exige, avec une force singulière,
la réponse consciente et libre de la part de celui qui la reçoit. Ce charisme
de l'Esprit Saint confère aussi la grâce de la fidélité durant toute la vie et
celle d'accomplir avec générosité et joie les obligations qui y sont attachées.
Dans la formation au célibat sacerdotal, la conscience de ce «don précieux de
Dieu»(156) devra être solidement établie; et cela amènera à prier et à veiller
pour que ce don soit préservé de tout ce qui peut le menacer.
Le célibat du
prêtre, authentiquement vécu, favorisera l'accomplissement de son ministère
auprès du peuple de Dieu. En particulier, en témoignant de la valeur
évangélique de la virginité, le prêtre pourra aider les époux chrétiens à vivre
en plénitude le «grand sacrement» de l'amour du Christ Époux pour son Épouse
l'Église et, par sa fidélité dans le célibat, il sera une inspiration pour la
fidélité des époux(157).
L'importante et
délicate préparation au célibat sacerdotal, spécialement dans les situations
sociales et culturelles d'aujourd'hui, a conduit les Pères synodaux à une série
de requêtes, dont la valeur permanente est confirmée par la sagesse de notre
mère l'Église. Je les propose de nouveau avec autorité, comme critères à suivre
dans la formation à la chasteté dans le célibat: «Les évêques, ainsi que les
recteurs et directeurs spirituels des séminaires, établiront des principes,
offriront des critères et donneront des aides pour le discernement en cette
matière. La sollicitude de l'évêque et la vie fraternelle entre les prêtres est
de la plus haute importance pour la formation à la chasteté dans le célibat. Au
séminaire, c'est-à-dire pendant la période de formation, le célibat doit être
présenté avec clarté, sans aucune ambiguïté et d'une façon positive. Le
séminariste doit avoir un degré suffisant de maturité psychique et sexuelle
ainsi qu'une vie assidue de prière, et doit se placer sous la direction d'un
père spirituel. Le directeur spirituel doit aider le séminariste à arriver à
une décision mûre et libre qui soit fondée sur l'estime de l'amitié sacerdotale
et de l'autodiscipline, comme aussi sur l'acceptation de la solitude et sur un
état personnel physique et psychologique correct. A cet effet, les séminaristes
connaîtront bien la doctrine du Concile Vatican II, l'encyclique Sacerdotalis
coelibatus et l'Instruction pour la formation au célibat sacerdotal publiée par
la Congrégation pour l'Éducation catholique en 1974. Pour que le séminariste
puisse embrasser avec une décision libre le célibat sacerdotal pour le Royaume
des cieux, il est nécessaire qu'il connaisse la nature chrétienne et vraiment humaine
de la sexualité dans le mariage et dans le célibat, ainsi que sa finalité. Il
est également nécessaire d'instruire et d'éduquer les fidèles laïcs sur les
motifs évangéliques, spirituels et pastoraux qui justifient le célibat
sacerdotal, de façon qu'ils aident les prêtres de leur amitié, de leur
compréhension et de leur collaboration»(158).
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