7. Plusieurs autres éléments
problématiques ou négatifs se trouvent mêlés à ces facteurs et à d'autres
facteurs positifs.
Le rationalisme
qui, au nom d'une conception réductrice de la «science», ferme la raison
humaine à la rencontre de la Révélation et de la transcendance divine, est
encore très répandu.
On enregistre
aussi une défense exaspérée du subjectivisme de la personne qui tend à la
refermer dans l'individualisme, incapable de véritables relations humaines.
Ainsi, beaucoup, surtout les adolescents et les jeunes, cherchent à compenser
cette solitude par des succédanés de nature variée, avec des formes plus ou
moins fortes d'hédonisme et de fuite des responsabilités; prisonniers de
l'éphémère, ils cherchent à vivre les expériences personnelles les plus fortes
et les plus gratifiantes possibles au niveau des émotions et des sensations
immédiates, se trouvant ainsi inévitablement indifférents et comme paralysés
face à l'appel d'un projet de vie qui inclut une dimension spirituelle et
religieuse ou un engagement de solidarité.
En outre,
partout dans le monde, même après la chute des idéologies qui avaient fait du
matérialisme un dogme et du rejet de la religion un programme, se diffuse une
sorte d'athéisme pratique et existentiel qui coïncide avec une vision
sécularisée de la vie et du destin de l'homme. Cet homme «tout préoccupé de
lui-même, cet homme qui se fait non seulement centre de tous les intérêts, mais
ose se dire le principe et la raison de toute réalité»(12), se trouve toujours
plus dépourvu du «supplément d'âme» qui lui est d'autant plus nécessaire qu'une
plus grande disponibilité de biens matériels et de ressources lui donne
l'illusion de l'autosuffisance. On n'a plus besoin de combattre Dieu, on se
passe tout simplement de lui.
En ce contexte,
on doit noter, en particulier, la désagrégation de la réalité familiale et
l'obscurcissement ou la déformation du vrai sens de la sexualité humaine:
phénomènes qui ont une incidence très fortement négative sur l'éducation des
jeunes et sur leur ouverture à toute vocation religieuse. On note encore
l'aggravation des injustices sociales et la concentration des richesses entre
les mains d'un petit nombre de personnes, comme fruit d'un capitalisme
déshumanisé(13) qui élargit toujours davantage le fossé entre peuples riches et
peuples pauvres: ainsi surviennent dans la société humaine des tensions et des
inquiétudes qui troublent profondément la vie des personnes et des communautés.
Dans le milieu
ecclésial, on enregistre aussi des phénomènes inquiétants et négatifs qui ont
une incidence sur la vie et le ministère des prêtres: par exemple l'ignorance
religieuse qui persiste chez de nombreux croyants; la faible influence de la
catéchèse, étouffée par les messages plus répandus et plus forts des moyens de
communication sociale; le pluralisme théologique, culturel et pastoral mal
compris qui, tout en partant parfois de bonnes intentions, finit par rendre
difficile le dialogue oecuménique et par mettre en danger la nécessaire unité
de la foi; la persistance d'une méfiance et d'une quasi-intolérance envers le
Magistère hiérarchique; les poussées unilatérales et réductrices de la richesse
du message évangélique qui transforment l'annonce et le témoignage de la foi en
un simple facteur de libération humaine et sociale ou bien en un refuge
aliénant dans la superstition et dans la religiosité sans Dieu(14).
La présence sur
un même territoire de groupes consistants de personnes de races et de religions
différentes est un phénomène très important, même s'il est relativement récent
en plusieurs pays d'ancienne tradition chrétienne. Ainsi se développe toujours
davantage une société multiraciale et plurireligieuse. Si ce phénomène peut
être l'occasion, d'une part, d'un exercice plus fréquent et plus fructueux de
dialogue, d'une ouverture des esprits et d'expériences d'accueil et de juste
tolérance, il peut, d'autre part, être source de confusion et de relativisme,
surtout chez des personnes et des groupes à la foi peu assurée.
A ces facteurs,
et en lien étroit avec la montée de l'individualisme, on peut ajouter le
phénomène du subjectivisme de la foi. On remarque chez un nombre croissant de
chrétiens moins d'attachement à l'ensemble du contenu objectif de la doctrine
de la foi: on adhère de façon subjective à ce qui plaît, à ce qui correspond à
sa propre expérience, à ce qui ne dérange pas ses habitudes personnelles.
Enfin, l'appel à l'inviolabilité de la conscience individuelle, légitime en
soi, ne manque pas de revêtir, en pareil contexte, des caractéristiques
dangereuses et ambiguës.
De là découle
le fait que l'appartenance à l'Église est de plus en plus partielle et
conditionnelle, ce qui exerce une influence négative sur l'éclosion de
nouvelles vocations au sacerdoce, sur la conscience que le prêtre a de son
identité et sur son ministère dans la communauté.
Enfin,
aujourd'hui encore, l'Église en plusieurs régions connaît des problèmes graves
à cause de la présence insuffisante des forces sacerdotales, qui sont donc
moins disponibles. Les fidèles sont souvent abandonnés durant de longues
périodes, sans le soutien pastoral adéquat. La croissance de leur vie
chrétienne dans son ensemble en souffre et, plus encore, leur capacité de
devenir eux-mêmes les promoteurs de l'évangélisation s'en trouve amoindrie.
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