Au
service de l'Église et du monde
16. La relation
fondamentale du prêtre est celle qui l'unit à Jésus Christ Tête et Pasteur: il
participe en effet, d'une manière spécifique et authentique, à la
«consécration», ou «onction», et à la «mission» du Christ (cf. Lc 4, 18-20).
Mais à cette relation-là est intimement liée celle qui l'unit à l'Église. Il ne
s'agit pas de «relations» simplement juxtaposées: elles sont elles-mêmes
intimement unies par une sorte d'immanence réciproque. La référence à l'Église
est inscrite dans l'unique et même rapport du prêtre au Christ, en ce sens que
c'est la "représentation sacramentelle" du Christ par le prêtre qui
fonde et anime son rapport à l'Église.
En ce sens, les
Pères synodaux ont écrit: «En tant qu'il représente le Christ Tête, Pasteur et
Époux de l'Église, le prêtre est placé non seulement dans l'Église, mais aussi
face à l'Église. Le sacerdoce, en même temps que la Parole de Dieu et les
signes sacramentels dont il est le serviteur, appartient aux éléments
constitutifs de l'Église. Le ministère du prêtre est entièrement au service de
l'Église pour promouvoir l'exercice du sacerdoce commun de tout le peuple de
Dieu; il est ordonné non seulement à l'Église particulière, mais encore à
l'Église universelle (cf. Presbyterorum ordinis, n. 10), en communion avec
l'évêque, avec Pierre et sous l'autorité de Pierre. Par le sacerdoce de
l'évêque, le sacerdoce du second ordre est incorporé à la structure apostolique
de l'Église. Ainsi le prêtre, comme les Apôtres, remplit la fonction
d'ambassadeur du Christ (cf. 2 Co 5, 20). C'est là que se fonde le caractère
missionnaire du sacerdoce».(28)
Le ministère ordonné
naît ainsi avec l'Église; qu'il s'agisse de celui des évêques ou, en référence
et en communion avec eux, de celui des prêtres, il a un lien particulier avec
le ministère des Apôtres à l'origine, dont il prend réellement la succession,
même si, par rapport à celui-ci, il présente des modalités existentielles
différentes.
On ne doit donc
pas considérer le sacerdoce ordonné comme s'il était antérieur à l'Église: il
est entièrement au service de l'Église elle-même; mais il ne doit pas non plus
être envisagé comme postérieur à la communauté ecclésiale, comme si celle-ci
pouvait être comprise comme étant déjà constituée sans ce sacerdoce.
La relation du
prêtre avec Jésus Christ et, en lui, avec son Église s'inscrit dans l'être même
du prêtre, en vertu de sa consécration ou de l'onction sacramentelle, et dans
son agir, c'est-à-dire dans sa mission ou dans son ministère. En particulier,
«le prêtre ministre est serviteur du Christ présent dans l'Église mystère,
communion et mission. Du fait qu'il participe à l'"onction" et à la
"mission" du Christ, il peut prolonger dans l'Église sa prière, sa
parole, son sacrifice, son action salvifique. Il est donc serviteur de l'Église
mystère parce qu'il accomplit les signes ecclésiaux et sacramentels de la
présence du Christ ressuscité. Il est serviteur de l'Église communion parce que
- en unité avec l'évêque et en lien étroit avec le presbyterium - il construit
l'unité de la communauté ecclésiale dans l'harmonie des diverses vocations, des
charismes et des services. Il est, enfin, serviteur de l'Église mission parce
qu'il fait de la communauté une communauté annonciatrice et témoin de
l'Évangile.»(29)
Ainsi dans son
être même et dans sa mission sacramentelle, le prêtre apparaît, dans la
structure de l'Église, comme signe de la priorité absolue et de la gratuité de
la grâce, qui est donnée à l'Église par le Christ ressuscité. Par le sacerdoce
ministériel, l'Église prend conscience, dans la foi, de ne pas exister par
elle-même, mais par la grâce du Christ dans l'Esprit Saint. Les Apôtres et
leurs successeurs, comme détenteurs d'une autorité qui leur vient du Christ
Tête et Pasteur, sont placés - par leur ministère - face à l'Église, comme
prolongement visible et signe sacramentel du Christ, à sa propre place en face
de l'Église et du monde, comme origine permanente et toujours nouvelle du
salut, «lui le sauveur du Corps» (Ep 5, 23).
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