29. Parmi les conseils évangéliques
- écrit le Concile -, «il y a en première place ce don précieux de grâce fait
par le Père à certains (cf. Mt 19, 11; 1 Co 7, 7) de se consacrer plus
facilement et avec un coeur sans partage à Dieu seul (cf. 1 Co 7, 32-34) dans
la virginité ou le célibat. Cette continence parfaite à cause du Règne de Dieu
a toujours été l'objet, de la part de l'Église, d'un honneur spécial, comme
signe et stimulant de la charité, et comme une source particulière de fécondité
spirituelle dans le monde»(76). Dans la virginité et le célibat, la chasteté
maintient sa signification fondamentale, c'est-à-dire celle d'une sexualité
humaine vécue comme authentique manifestation et précieux service de l'amour de
communion et de donation interpersonnelle. Cette signification subsiste
pleinement dans la virginité qui, même dans le renoncement au mariage, réalise
la «signification sponsale» du corps, moyennant une communion et une donation
personnelle à Jésus Christ et à son Église; cette communion et cette donation
préfigurent et anticipent la communion et la donation parfaites et définitives
de l'au-delà: «Dans la virginité, l'homme est en attente, même dans son corps,
des noces eschatologiques du Christ avec l'Église, et il se donne entièrement à
l'Église dans l'espérance que le Christ se donnera à elle dans la pleine vérité
de la vie éternelle».(77)
A cette
lumière, on peut facilement comprendre et apprécier les motifs du choix
pluriséculaire que l'Église d'Occident a fait et qu'elle a maintenu, malgré
toutes les difficultés et les objections soulevées au long des siècles, de ne
conférer l'ordination presbytérale qu'à des hommes qui attestent être appelés
par Dieu au don de la chasteté dans le célibat absolu et perpétuel.
Les Pères
synodaux ont exprimé avec clarté et avec force leur pensée dans une importante
proposition qui mérite d'être rapportée intégralement et littéralement:
«Restant sauve la discipline des Églises orientales, le Synode, convaincu que
la chasteté parfaite dans le célibat sacerdotal est un charisme, rappelle aux
prêtres qu'elle constitue un don inestimable de Dieu à l'Église et représente
une valeur prophétique pour le monde actuel. Ce Synode affirme, de nouveau et
avec force, ce que l'Église latine et certains rites orientaux demandent, à
savoir que le sacerdoce soit conféré seulement aux hommes qui ont reçu de Dieu
le don de la vocation à la chasteté dans le célibat (sans préjudice pour la
tradition de certaines Églises orientales et de cas particuliers de clercs
mariés provenant de conversions au catholicisme, pour lesquels il est fait
exception dans l'encyclique de Paul VI sur le célibat sacerdotal) [n. 42]. Le
Synode ne veut laisser aucun doute dans l'esprit de tous sur la ferme volonté
de l'Église de maintenir la loi qui exige le célibat librement choisi et
perpétuel pour les candidats à l'ordination sacerdotale, dans le rite latin. Le
Synode demande que le célibat soit présenté et expliqué dans toute sa richesse
biblique, théologique et spirituelle comme don précieux fait par Dieu à son
Église et comme signe du Royaume qui n'est pas de ce monde, signe aussi de
l'amour de Dieu envers ce monde, ainsi que de l'amour sans partage du prêtre
envers Dieu et le peuple de Dieu, de sorte que le célibat soit regardé comme un
enrichissement positif du sacerdoce».(78)
Il est
particulièrement important que le prêtre comprenne la motivation théologique de
la loi ecclésiastique sur le célibat. En tant que loi, elle exprime la volonté
de l'Église, même avant que le sujet exprime sa volonté d'y être disponible.
Mais la volonté de l'Église trouve sa dernière motivation dans le lien du
célibat avec l'Ordination sacrée, qui configure le prêtre à Jésus Christ Tête
et Époux de l'Église. L'Église, comme Épouse de Jésus Christ veut être aimée
par le prêtre de la manière totale et exclusive avec laquelle Jésus Christ Tête
et Époux l'a aimée. Le célibat sacerdotal alors, est don de soi dans et avec le
Christ à son Église, et il exprime le service rendu par le prêtre à l'Église
dans et avec le Seigneur.
Pour une vie
spirituelle authentique, le prêtre doit considérer et vivre le célibat non
comme un élément isolé ou purement négatif, mais comme un des aspects d'une
orientation positive, spécifique et caractéristique de sa personne. Laissant
son père et sa mère, il suit Jésus le Bon Pasteur dans une communion
apostolique, au service du peuple de Dieu. Le célibat doit donc être accueilli
dans une décision libre et pleine d'amour, à renouveler continuellement, comme
un don inestimable de Dieu, comme un «stimulant de la charité pastorale»(79),
comme une participation particulière à la paternité de Dieu et à la fécondité
de l'Église, comme un témoignage du Royaume eschatologique donné au monde. Pour
vivre toutes les exigences morales, pastorales et spirituelles du célibat
sacerdotal, la prière humble et confiante est absolument nécessaire, comme nous
en prévient le Concile: «Certes, il y a, dans le monde actuel, bien des hommes
qui déclarent impossible la continence parfaite: c'est une raison de plus pour
que les prêtres demandent avec humilité et persévérance, en union avec
l'Église, la grâce de la fidélité, qui n'est jamais refusée à ceux qui la
demandent. Qu'ils emploient aussi les moyens naturels et surnaturels qui sont à
la disposition de tous»(80). Ce sera encore la prière unie aux sacrements de
l'Église et à l'effort ascétique qui donnera l'espérance dans les difficultés,
le pardon dans les fautes, la confiance et le courage dans la reprise de la
marche en avant.
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