Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText
Ioannes Paulus PP. II
Pastores Dabo Vobis

IntraText CT - Lecture du Texte

  • CHAPITRE V
    • I. LES DIMENSIONS DE LA FORMATION SACERDOTALE
      • 55
Précédent - Suivant

Cliquer ici pour activer les liens aux concordances

55. La formation théologique actuelle doit prêter attention à certains problèmes qui soulèvent souvent des difficultés, créent des tensions et entretiennent des confusions dans la vie de l'Église. Que l'on pense au rapport entre les déclarations du Magistère et les discussions théologiques, qui ne se présente pas toujours de manière souhaitable, c'est-à-dire en esprit de collaboration: «Tout en ayant des charismes et des fonctions différentes, le Magistère vivant de l'Église et la théologie ont en définitive un même but: garder le peuple de Dieu dans la vérité qui libère et en faire ainsi la "lumière des nations". Ce service de la communauté ecclésiale met en relations réciproques le théologien et le Magistère. Ce dernier enseigne authentiquement la doctrine des Apôtres et, tirant profit du travail théologique, réfute les objections et les déformations de la foi, proposant en outre, avec l'autorité reçue de Jésus Christ, des approfondissements, des explicitations et des applications nouvelles de la doctrine révélée. La théologie au contraire acquiert, par la réflexion, une intelligence toujours plus profonde de la Parole de Dieu, contenue dans l'Écriture et fidèlement transmise par la Tradition vivante de l'Église, sous la conduite du Magistère; elle cherche à éclairer l'enseignement de la Révélation face aux instances de la raison, et lui donne enfin une forme organique et systématique»(175). Quand, cependant, pour toute une série de motifs, cette collaboration diminue, il ne faut pas se laisser égarer par des équivoques et des confusions; il faut savoir faire soigneusement la distinction entre «la doctrine commune de l'Église et les opinions des théologiens ainsi que les tendances qui passent (les "modes")»(176). Il n'y a pas de magistère «parallèle», parce que l'unique Magistère est celui de Pierre et des Apôtres, du Pape et des évêques(177).

Un autre problème, qui se rencontre surtout là où la formation intellectuelle des séminaristes est confiée à des instituts académiques, concerne le rapport entre la rigueur scientifique de la théologie et sa destination pastorale, et donc la nature pastorale de la théologie. Il s'agit en réalité de deux caractéristiques de la théologie et de son enseignement qui, non seulement ne s'opposent pas, mais concourent, même sous des profils différents, à une plus complète «intelligence de la foi». En fait, le caractère pastoral de la théologie ne signifie pas que la théologie est moins doctrinale ou privée de son caractère scientifique; elle signifie au contraire que la théologie habilite les futurs prêtres à annoncer le message évangélique en tenant compte des facteurs culturels de leur temps et à comprendre l'action pastorale selon une authentique vision théologique. Ainsi, d'un côté, une étude respectueuse du caractère rigoureusement scientifique de chacune des disciplines théologiques contribuera à la formation plus complète et plus profonde du pasteur d'âmes, comme maître de la foi; d'un autre côté, chez le futur prêtre, une sensibilité qui correspond à l'orientation pastorale rendra vraiment formatrice pour lui l'étude sérieuse et scientifique de la théologie.

L'exigence, aujourd'hui fortement ressentie, de l'évangélisation des cultures et de l'inculturation du message de la foi soulève encore un autre problème. C'est une question éminemment pastorale qui doit être traitée largement et avec beaucoup d'attention au cours de la formation des candidats au sacerdoce: «Dans les circonstances actuelles, en différentes régions du monde, la religion chrétienne est considérée comme quelque chose d'étranger aux cultures soit anciennes soit modernes, il est donc d'une grande importance que, dans toute la formation intellectuelle et humaine, on considère comme nécessaire et essentielle la dimension de l'inculturation»(178). Cela exige au préalable une théologie authentique, inspirée des principes catholiques concernant l'inculturation. Ces principes sont liés au mystère de l'Incarnation du Verbe de Dieu et à l'anthropologie chrétienne; ils éclairent le sens authentique de l'inculturation. Celle-ci, face aux cultures les plus diverses et parfois opposées présentes dans les différentes parties du monde, veut être un acte d'obéissance au commandement du Christ de prêcher l'Évangile à toutes les nations et jusqu'aux confins de la terre. Cette obéissance ne signifie ni syncrétisme, ni simple adaptation de l'annonce évangélique, mais le fait que l'Évangile pénètre vitalement dans les cultures, s'incarne en elles, dépassant leurs éléments culturels incompatibles avec la foi et la vie chrétiennes et élevant leurs valeurs jusqu'au mystère du salut qui provient du Christ(179). Le problème de l'inculturation peut avoir un intérêt spécial quand les candidats au sacerdoce proviennent eux-mêmes de cultures autochtones: ils auront alors besoin de parcours de formation adaptés, soit pour éviter le risque d'être moins exigeants et de se contenter d'une éducation plus faible en valeurs humaines, chrétiennes et sacerdotales, soit pour mettre en valeur les éléments bons et authentiques de leurs cultures et de leurs traditions(180).




Précédent - Suivant

Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText

Best viewed with any browser at 800x600 or 768x1024 on Tablet PC
IntraText® (V89) - Some rights reserved by EuloTech SRL - 1996-2007. Content in this page is licensed under a Creative Commons License