Le
rôle social et politique
44. Le
rôle social de la famille ne peut certainement pas se limiter à
l'œuvre de la procréation et de l'éducation, même s'il
trouve en elles sa forme d'expression première et irremplaçable.
Les familles, isolément ou en
associations, peuvent et doivent donc se consacrer à de nombreuses
œuvres de service social, spécialement en faveur des pauvres et en
tout cas des personnes et des situations que les institutions de
prévoyance et d'assistance publiques ne réussissent pas à
atteindre.
La contribution sociale de la famille a son
originalité qui gagnerait à être mieux connue et qu'il faudrait
promouvoir plus franchement, surtout au fur et à mesure que les enfants
grandissent, en suscitant le plus possible la participation de tous ses
membres(107).
Il faut à cet égard souligner
l'importance toujours plus grande que revêt dans notre
société l'hospitalité sous toutes ses formes, en tenant
simplement ouverte la porte de sa maison et, mieux encore, de son cœur aux
besoins de nos frères, ou en allant jusqu'à s'engager
concrètement pour assurer à chaque famille le logement dont elle
a besoin comme milieu naturel qui la protège et la fait grandir. Et
par-dessus tout la famille chrétienne est appelée à
écouter la recommandation de l'Apôtre: «Soyez avides de donner
l'hospitalité»(108), et donc à pratiquer, à la
suite du Christ et avec sa charité, l'accueil de nos frères
démunis: «Quiconque donnera à boire à l'un de ces petits
rien qu'un verre d'eau fraîche, en tant qu'il est un disciple, en
vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa
récompense»(109).
Le rôle social de la famille est
appelé à s'exprimer aussi sous forme d'intervention politique:
ce sont les familles qui en premier lieu doivent faire en sorte que les lois et
les institutions de l'Etat non seulement s'abstiennent de blesser les droits et
les devoirs de la famille, mais encore les soutiennent et les protègent
positivement. Il faut à cet égard que les familles aient une
conscience toujours plus vive d'être les «protagonistes» de ce qu'on
appelle «la politique familiale» et qu'elles assument la responsabilité
de transformer la société; dans le cas contraire, elles seront
les premières victimes des maux qu'elles se sont contentées de
constater avec indifférence. L'invitation du Concile Vatican II à
dépasser l'éthique individualiste concerne donc aussi la famille
en tant que telle(110).
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