La
charte des droits de la famille
46. L'action
réciproque de soutien et de progrès entre la famille et la
société est un idéal souvent contredit, et même
gravement, par la réalité des faits où l'on constate leur
séparation, voire leur opposition.
En effet - comme l'a continuellement fait remarquer
le Synode -, la situation de très nombreuses familles en divers pays est
fort problématique, quand elle n'est pas franchement mauvaise: les lois
et les institutions méconnaissent, contre toute justice, les droits
inviolables de la famille et même de la personne humaine, et la
société, loin de se mettre au service de la famille, l'attaque
violemment dans ses valeurs et dans ses exigences fondamentales. Ainsi la famille, qui
selon le dessein de Dieu est la cellule de base de la société,
sujet de droits et de devoirs antérieurs à ceux de l'Etat et de
n'importe quelle autre communauté, se trouve être la victime de la
société, des lenteurs et des retards de ses interventions et plus
encore de ses injustices flagrantes.
C'est pourquoi
l'Eglise prend ouvertement et avec vigueur la défense des droits de la
famille contre les usurpations intolérables de la société
et de l'Etat. Pour leur part, les
Pères du Synode ont rappelé entre autres les droits suivants de
la famille:
le droit d'exister et de s'épanouir en tant que famille,
c'est-à-dire le droit pour tout homme, et en particulier pour les
pauvres, de fonder une famille et de l'entretenir par des moyens
appropriés;
le droit d'exercer sa
misssion pour tout ce qui touche à la transmission de la vie, et
d'éduquer ses enfants;
le droit à
l'intimité de la vie, aussi bien conjugale que familiale;
le droit à la
stabilité du lien conjugal et de l'institution du mariage;
le droit de croire et de
professer sa foi, et de la répandre;
le droit d'éduquer ses enfants conformément à
ses propres traditions et à ses valeurs religieuses et culturelles,
grâce aux instruments, aux moyens et aux institutions
nécessaires;
le droit de jouir de la sécurité physique, sociale,
politique, économique, surtout pour les pauvres et les malades;
le droit à un
logement adapté à une vie familiale décente;
le droit d'expression et de représentation devant les
autorités publiques, économiques, sociales et culturelles,
ainsi que devant les organismes qui en dépendent, et cela directement
ou au moyen d'associations;
le droit de créer des associations en lien avec d'autres
familles et institutions, afin d'accomplir sa mission comme il convient et
avec compétence;
le droit de protéger les mineurs, par le moyen
d'institutions et de lois appropriées, contre les drogues
nuisibles, la pornographie, l'alcoolisme, etc.;
le droit à des loisirs honnêtes qui favorisent en
même temps les valeurs familiales;
le droit des personnes âgées à vivre et
à mourir dignement;
le droit d'émigrer en tant que famille pour rechercher de
meilleures conditions de vie(112).
Le
Saint-Siège, accueillant la demande explicite du Synode, prendra soin
d'approfondir ces suggestions, en élaborant une «charte des droits de la
famille» à proposer aux milieux intéressés et aux
Autorités concernées.
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