Jésus-Christ,
époux de l'Eglise,
et le sacrement de mariage
13. La communion entre Dieu et les hommes
trouve son accomplissement définitif en Jésus-Christ,
l'époux qui aime et qui se donne comme Sauveur de l'humanité en
se l'unissant comme son corps.
Il
révèle la vérité originelle du mariage, la
vérité du «commencement»(27) et, en libérant
l'homme de la dureté du cœur, le rend capable de la réaliser
entièrement.
Cette
révélation parvient à la plénitude
définitive dans le don d'amour que le Verbe de Dieu fait à l'humanité
en assumant la nature humaine et dans le sacrifice que Jésus-Christ fait
de lui-même sur la croix pour son Epouse, l'Eglise. Dans ce sacrifice se
manifeste entièrement le dessein que Dieu a imprimé dans
l'humanité de l'homme et de la femme depuis leur
création(28); le mariage des baptisés devient ainsi le
symbole réel de l'alliance nouvelle et éternelle, scellée
dans le sang du Christ. L'Esprit, que répand le Seigneur, leur donne un
cœur nouveau et rend l'homme et la femme capables de s'aimer, comme le
Christ nous a aimés. L'amour conjugal atteint cette plénitude
à laquelle il est intérieurement ordonné, la
charité conjugale: celle-ci est la façon propre et
spécifique dont les époux participent à la charité
du Christ se donnant lui-même sur la croix, et sont appelés
à la vivre.
Dans une page
à juste titre fameuse, Tertullien a bien exprimé la grandeur et
la beauté de cette vie conjugale dans le Christ: «Où vais-je
puiser la force de décrire de manière satisfaisante le bonheur du
mariage que l'Eglise ménage, que confirme l'offrande, que scelle la
bénédiction; les anges le proclament, le Père
céleste le ratifie... Quel couple que celui de deux chrétiens,
unis par une seule espérance, un seul désir, une seule
discipline, le même service! Tous deux enfants d'un même
père, serviteurs d'un même maître; rien ne les
sépare, ni dans l'esprit ni dans la chair; au contraire, ils sont
vraiment deux en une seule chair. Là où la chair est une, un
aussi est l'esprit»(29).
En accueillant
et en méditant fidèlement la Parole de Dieu, l'Eglise a
solennellement enseigné et enseigne que le mariage des baptisés
est l'un des sept sacrements de la Nouvelle Alliance(30).
Car, par le
baptême, l'homme et la femme sont définitivement
insérés dans la nouvelle et éternelle Alliance, Alliance
nuptiale du Christ avec l'Eglise. C'est en raison de cette insertion
indestructible que la communauté intime de vie et d'amour conjugal
fondée par le Créateur(31) a été élevée
et assumée dans la charité nuptiale du Christ, soutenue et
enrichie par sa force rédemptrice.
En vertu de la
sacramentalité de leur mariage, les époux sont liés l'un
à l'autre de la façon la plus indissoluble. S'appartenant l'un
à l'autre, ils représentent réellement, par le signe
sacramentel, le rapport du Christ à son Eglise.
Les
époux sont donc pour l'Eglise le rappel permanent de ce qui est advenu
sur la croix. Ils sont l'un pour l'autre
et pour leurs enfants des témoins du salut dont le sacrement les rend
participants. Le mariage, comme tout sacrement, est un mémorial, une
actualisation et une prophétie de l'événement du salut. «Mémorial, le
sacrement leur donne la grâce et le devoir de faire mémoire des
grandes œuvres de Dieu et d'en témoigner auprès de leurs
enfants; actualisation, il leur donne la grâce et le devoir de mettre en
œuvre dans le présent, l'un envers l'autre et envers leurs enfants,
les exigences d'un amour qui pardonne et qui rachète; prophétie,
il leur donne la grâce et le devoir de vivre et de témoigner
l'espérance de la future rencontre avec le Christ»(32).
Comme chacun
des sept sacrements, le mariage est aussi un symbole réel de
l'événement du salut, mais à sa manière propre.
«Les époux y participent en tant qu'époux, à deux, comme
couple, à tel point que l'effet premier et immédiat du mariage (res
et sacramentum) n'est pas la grâce surnaturelle elle-même, mais
le lien conjugal chrétien, une communion à deux typiquement
chrétienne parce que représentant le mystère d'incarnation
du Christ et son mystère d'alliance. Et le contenu de la participation
à la vie du Christ est aussi spécifique: l'amour conjugal
comporte une totalité où entrent toutes les composantes de la
personne - appel du corps et de l'instinct, force du sentiment et de l'affectivité,
aspiration de l'esprit et de la volonté -; il vise une unité
profondément personnelle, celle qui, au-delà de l'union en une
seule chair, conduit à ne faire qu'un cœur et qu'une âme; il
exige l'indissolubilité et la fidélité dans la donation
réciproque définitive; et il s'ouvre sur la
fécondité (cf. encyclique Humanae vitae, n. 9). En un mot, il s'agit bien des caractéristiques
normales de tout amour conjugal naturel, mais avec une signification nouvelle
qui, non seulement les purifie et les consolide, mais les élève au
point d'en faire l'expression de valeurs proprement
chrétiennes»(33).
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