L'itinéraire
moral des époux
34. Il est toujours d'une grande importance
d'avoir une conception droite de l'ordre moral, de ses valeurs et de ses
normes; et cela d'autant plus que les difficultés à les respecter
deviennent plus nombreuses et plus graves.
Puisque l'ordre
moral révèle et propose le dessein du Dieu créateur, il ne
saurait être pour l'homme ni impersonnel ni cause de mort. Au contraire, il répond aux exigences
inscrites au plus profond de l'homme créé par Dieu. Il est mis au
service de sa pleine humanité, avec l'amour délicat et exigeant
par lequel Dieu lui-même inspire et soutient toute créature et la
guide vers son bonheur.
Mais l'homme, appelé à vivre
de façon responsable ce dessein de Dieu empreint de sagesse et d'amour,
est un être situé dans l'histoire. Jour après jour, il se
construit par ses choix nombreux et libres. Ainsi il connaît, aime et
accomplit le bien moral en suivant les étapes d'une croissance.
Les époux, dans la sphère de
leur vie morale, sont eux aussi appelés à cheminer sans se
lasser, soutenus par le désir sincère et agissant de mieux
connaître les valeurs garanties et promues par la loi divine, avec la
volonté de les incarner de façon droite et
généreuse dans leurs choix concrets. Ils ne peuvent toutefois
considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans
le futur, mais ils doivent la regarder comme un commandement du Christ Seigneur
leur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles. «C'est pourquoi
ce qu'on appelle la "loi de gradualité" ou voie graduelle ne
peut s'identifier à la "gradualité de la loi», comme s'il y
avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes
différents selon les personnes et les situations diverses. Tous les époux
sont appelés à la sainteté dans le mariage, selon la
volonté de Dieu, et cette vocation se réalise dans la mesure
où la personne humaine est capable de répondre au précepte
divin, animée d'une confiance sereine en la grâce divine et en sa
propre volonté»(95). De même il appartient à la
pédagogie de l'Eglise de faire en sorte que, avant tout, les conjoints
reconnaissent clairement la doctrine d'Humanae vitae comme norme pour
l'exercice de la sexualité et s'attachent sincèrement à
établir les conditions nécessaires à son observation.
Comme l'a
relevé le Synode, cette pédagogie embrasse toute la vie
conjugale. Aussi le souci de transmettre la vie doit-il s'intégrer dans
la totalité de la mission de la vie chrétienne, qui, sans la
croix, ne peut parvenir à la résurrection. Dans ce contexte, on
comprend qu'il n'est pas possible de supprimer le sacrifice dans la vie de la
famille, mais qu'il faut au contraire l'accepter de bon coeur afin que l'amour
conjugal s'approfondisse et devienne source de joie intime.
Ce chemin commun à tous exige une
réflexion, une information et une éducation adéquates chez
les prêtres, les religieux et les laïcs engagés dans la
pastorale de la famille. Ils pourront ainsi aider les époux dans leur
itinéraire humain et spirituel, itinéraire comportant la
conscience du péché, l'engagement sincère d'observer la
loi morale, le ministère de la réconciliation. Il convient encore
d'avoir présent à l'esprit que, dans l'intimité conjugale,
sont impliquées les volontés de deux personnes, mais qui sont
appelées à se comporter et à penser en harmonie: cela
demande beaucoup de patience, de sympathie et de temps. Il est d'une
singulière importance que, dans ce domaine, règne l'unité
des jugements moraux et pastoraux des prêtres. Celle-ci doit être
recherchée avec soin et exister réellement pour que les
fidèles ne souffrent pas de troubles de conscience(96).
Le cheminement des époux sera
facilité dans la mesure où, remplis d'estime pour la doctrine de
l'Eglise et de confiance en la grâce du Christ, aidés et
accompagnés par les pasteurs d'âmes et par la communauté
ecclésiale tout entière, ils sauront découvrir et
expérimenter la valeur de libération et de promotion de l'amour
authentique qu'offre l'Evangile et que propose le commandement du Seigneur.
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