Un grave danger
Comme
Nous l'avons déjà fait remarquer, les hommes ont aujourd'hui
approfondi et grandement étendu la connaissance des lois de la nature ;
ils ont créé des instruments pour accaparer ses forces ; ils ont
produit et continuent à produire des œuvres gigantesques et
spectaculaires. Cependant, dans leur volonté de dominer et de
transformer le monde extérieur, ils risquent de se négliger et de
s'affaiblir eux-mêmes. Comme
le notait avec une profonde amertume Notre Prédécesseur Pie XI
dans l'Encyclique Quadragesimo anno : « Le travail corporel que la
divine Providence, même après le péché originel,
avait destiné au perfectionnement matériel et moral de l'homme,
tend, dans ces conditions, à devenir un instrument de dépravation
: la matière inerte sort ennoblie de l'atelier, tandis que les hommes
s'y corrompent et s'y dégradent. » (48)
De même le Souverain Pontife
Pie XII affirme avec raison que notre époque se distingue par le
contraste existant entre l'immense progrès scientifique et technique et
un recul effrayant de l'humanité : notre époque achèvera «
son chef-d'œuvre monstrueux, en transformant l'homme en un géant du
monde physique aux dépens de son esprit, réduit à
l'état de pygmée du monde surnaturel et éternel » (49).
Aujourd'hui encore se vérifie
sur une très vaste échelle ce que le Psalmiste affirmait des
païens : l'activité des hommes leur fait oublier leur nature ; ils
admirent leurs propres œuvres au point d'en faire des idoles : « Leurs idoles,
or et argent ; une œuvre de main d'homme. » (50)
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