Membres
vivants du Corps mystique du Christ
Mais Nous
ne pouvons pas conclure Notre encyclique sans rappeler une autre
vérité qui est en même temps une sublime
réalité, c'est-à-dire que nous sommes les membres vivants
du Corps mystique du Christ, qui est l'Eglise : « De même, en effet, que
le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du
corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps ;
ainsi en est-il du Christ. » (60)
Nous
invitons avec une paternelle insistance tous Nos fils, qui appartiennent tant
au clergé qu'au laïcat, à prendre profondément
conscience de la dignité si haute d'être entés sur le
Christ, comme les sarments sur la vigne : « Je suis la vigne, vous êtes
les sarments » (61), et d'être appelés par conséquent à vivre
de sa vie. Si bien que lorsque chacun exerce ses propres activités,
même d'ordre temporel, en union avec le divin Rédempteur
Jésus, tout travail devient comme une continuation de son travail et
pénétré de vertu rédemptrice : « Celui qui demeure
en moi comme moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits. » (62) Le travail,
grâce auquel on réalise sa propre perfection surnaturelle,
contribue à répandre sur les autres les fruits de la
Rédemption, et la civilisation dans laquelle on vit et travaille est
pénétrée du levain évangélique.
Notre
époque est envahie et pénétrée d'erreurs
fondamentales, elle est en proie à de profonds désordres ;
cependant, elle est aussi une époque qui ouvre à l'Eglise des
possibilités immenses de faire le bien.
Chers
frères et fils, le regard que nous avons pu porter ensemble sur les
divers problèmes de la vie sociale contemporaine, depuis les
premières lumières de l'enseignement du Pape Léon XIII,
Nous a amené à développer toute une suite de constatations
et de propositions, sur lesquelles Nous vous invitons à vous
arrêter, pour les méditer et pour nous encourager à
collaborer chacun pour notre part à la réalisation du
règne du christ sur la terre : « Règne de vérité et
de vie ; règne de sainteté et de grâce : règne de
justice, d'amour et de paix » (63), qui nous assure la jouissance des biens
célestes, pour lesquels nous sommes créés et que nous
appelons de tous nos vœux.
En effet,
il s'agit de la doctrine de l'Eglise catholique et apostolique, Mère et
éducatrice de tous les peuples, dont la lumière illumine et
enflamme ; dont la voix pleine de céleste sagesse appartient à
tous les temps ; dont la force apporte toujours un remède efficace et
adapté aux nécessités croissantes des hommes, aux
difficultés et aux craintes de la vie présente, A cette voix
répond la voix antique du Psalmiste qui ne cesse de réconforter
et de soulever nos âmes ; « J'écoute ! Que dit Yahvé ? Ce que Dieu dit, c'est la paix
pour son peuple, ses amis, pourvu qu'ils ne reviennent à leur folie...
La vérité et la bonté se rencontrent ; la justice et la
paix s'embrassent, La vérité germera de la terre et des cieux la
justice se penchera. Yahvé lui-même donne le bonheur et notre
terre donne son fruit ; la justice marchera devant lui et la paix sur la trace
de ses pas. » (64)
Tels sont
les vœux, vénérables frères, que Nous formulons en
conclusion de cette lettre, à laquelle Nous avons depuis longtemps
appliqué Notre sollicitude pour l'Eglise universelle. Nous les formulons
pour que le divin Rédempteur des hommes, « qui de par Dieu est devenu
pour nous sagesse, justice et sanctification, et rédemption » (65), règne
et triomphe à travers les siècles en tous et sur toutes choses.
Nous les formulons encore pour qu'après le rétablissement de la
société dans l'ordre, tous les peuples jouissent finalement de la
prospérité, de la joie et de la paix.
Comme
présage de ces vœux et en gage de Notre paternelle bienveillance,
que descende sur vous la Bénédiction apostolique que de grand
cœur Nous accordons dans le Seigneur à vous,
vénérables frères, et à tous les fidèles
confiés à votre ministère, spécialement à
ceux qui répondront avec ardeur à Notre exhortation.
Donné à Rome,
près Saint-Pierre, le 15 mai 1961, troisième de Notre pontificat.
|