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Ioannes PP. XXIII
Mater et Magistra

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  • PREMIÈRE PARTIE LES ENSEIGNEMENTS DE L'ENCYCLIQUE RERUM NOVARUM ET SES DÉVELOPPEMENTS OPPORTUNS DANS LE MAGISTÈRE DE PIE XI ET DE PIE XII
    • Les voies de la reconstruction
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Les voies de la reconstruction 

Dans ce chaos, il échut à Léon XIII de publier son message social, basé sur la nature humaine et pénétré des principes et de l'esprit de l'Evangile ; message qui, dés son apparition, suscita, même au milieu d'oppositions bien compréhensibles, l'admiration universelle et l'enthousiasme.

Ce n'était certes pas la première fois que le Siège apostolique s'occupait des intérêts matériels pour prendre la défense des humbles. D'autres documents du même Léon XIII avaient déjà aplani la route; mais cette fois étaient formulées une synthèse organique des principes et une perspective historique tellement vaste qu'elles firent de l'encyclique Rerum novarum une Somme catholique en matière économique et sociale.

Ce ne fut pas un acte dépourvu de courage. Tandis que certains osaient accuser l'Eglise catholique de se borner, devant la question sociale, à prêcher la résignation aux Pauvres et exhorter les riches à la générosité, Léon XIII n'hésita pas à proclamer et à défendre les droits légitimes de l'ouvrier. S'apprêtant à exposer les principes de la doctrine catholique dans le domaine social, il déclarait solennellement : « c'est avec assurance que Nous abordons ce sujet, et dans toute la plénitude de Notre droit ; car la question qui s'agite est d'une nature telle, qu'à moins de faire appel à la religion et à l'Eglise, il est impossible de lui trouver jamais une solution efficace. » (6)

Ils vous sont bien connus, vénérables Frères, ces principes de base que l'immortel Pontife exposait avec une clarté égale à l'autorité et selon lesquels doit être réorganisé le secteur économique et social de la société humaine.

Ceux-ci concernent d'abord le travail, qui doit être traité non plus comme une marchandise, mais comme une expression de la personne humaine. Pour la grande majorité des hommes, le travail est la source unique d'où ils tirent leurs moyens de subsistance. En conséquence, sa rétribution ne peut pas être abandonnée au jeu automatique des lois du marché. Elle doit, au contraire, être déterminée selon la justice et l'équité, qui, autrement, resteraient profondément lésées, même si le contrat de travail avait été arrêté en toute liberté entre les parties. La propriété privée même des biens de production est un droit naturel que l'Etat ne peut supprimer. Elle comporte une fonction sociale intrinsèque ; elle est donc un droit exercé à l'avantage personnel du possédant et dans l'intérêt d'autrui.

L'Etat, dont la raison d'être est la réalisation du bien commun dans l'ordre temporel, ne peut rester absent du monde économique ; il doit être présent pour y promouvoir avec opportunité la production d'une quantité suffisante de biens matériels, « dont l'usage est nécessaire à l'exercice de la vertu » (7), et pour protéger les droits de tous les citoyens, surtout des plus faibles, comme les ouvriers, les femmes et les enfants. C'est également son devoir inflexible de contribuer activement à l'amélioration des conditions de vie des ouvriers.

C'est, en outre, le devoir de l'Etat de veiller à ce que les relations de travail se développent en justice et équité, que dans les milieux de travail la dignité de la personne humaine, corps et esprit, ne soit pas lésée. A cet égard, l'encyclique de Léon XIII marque les traits dont s'est inspirée la législation sociale des Etats contemporains ; traits, comme l'observait déjà Pie XI, dans l'encyclique Quadragesimo anno (8), qui ont contribué efficacement à l'apparition et au développement d'une nouvelle branche du droit, « le droit du travail ».

Aux travailleurs, affirme encore l'encyclique, on reconnaît le droit naturel de créer des associations pour ouvriers seuls ou pour ouvriers et patrons, comme aussi le droit de leur donner la structure organique qu’ils estimeront la plus apte à la poursuite de leurs intérêts légitimes, économiques et professionnels, et le droit d'agir d'une manière autonome, de leur propre initiative, à l'intérieur de ces associations, en vue de la poursuite de leurs intérêts.

Les ouvriers et les employeurs doivent régler leurs rapports en s'inspirant du principe de la solidarité humaine et de la fraternité chrétienne, puisque tant la concurrence au sens du libéralisme économique que la lutte des classes dans le sens marxiste, sont contre nature et opposées à la conception chrétienne de la vie. Voilà, vénérables Frères, les principes fondamentaux sur lesquels repose un ordre économique et social qui soit sain.

Nous ne devons donc pas nous étonner si les catholiques les plus éminents, sensibles aux avertissements de l'encyclique, ont créé de multiples initiatives pour traduire ces principes dans les faits. Dans la même direction et sous l'impulsion des exigences objectives de la nature, des hommes de bonne volonté de tous les pays du monde se sont aussi mis en branle. C'est pourquoi, à bon droit, l'encyclique a été et continue à être reconnue comme la « grande charte » (9) de la reconstruction économique et sociale de l'époque moderne.




6) ibid., p. 107


7) S. THOM., De regimine principum, p. 185.


8) Cf. A. A. S., XXIII, 1931, p. 185.


9) Cf. ibid., p 189.





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