Le radio message de la
Pentecôte 1941
Pie XII, Notre
Prédécesseur de vénérée mémoire, a
beaucoup contribué, lui aussi, à définir et à
développer la doctrine sociale chrétienne. Le 1er juin 1941, en
la fête de Pentecôte, il transmettait un message radiophonique «
pour attirer l'attention du monde catholique sur un anniversaire qui
mérite d'être inscrit en lettres d'or dans les fastes de l'Eglise
le cinquantenaire de la publication, le 15 mai 1891, de l'encyclique sociale
fondamentale de Léon XIII, Rerum novarum (16) —.., et pour rendre à Dieu
tout-puissant..., d'humbles actions de grâces pour le don
accordé... à l'Église avec cette encyclique de son Vicaire
ici-bas, et pour le louer du souffle de l'Esprit
régénérateur qui, par elle, s'est répandu depuis
lors et n'a cessé de croître sur l'humanité entière
» (17).
Dans son message radiophonique, le
grand Pontife revendique « l'incontestable compétence de l'Eglise...,
pour juger si les bases d'une organisation sociale donnée sont conformes
à l'ordre immuable des choses que Dieu, créateur et
Rédempteur, a manifesté par le droit naturel et la
Révélation » (18).
Il réaffirme l'immortelle vitalité des enseignements de
l'encyclique Rerum novarum et leur fécondité inépuisable ;
il saisit cette occasion « pour rappeler les principes directifs de la morale
sur trois valeurs fondamentales de la vie sociale et économique..., ces
trois éléments fondamentaux qui s'entrecroisent, s'unissent et
s'appuient mutuellement sont : l'usage des biens matériels, le travail,
la famille » (19).
En ce qui concerne l'usage des biens
matériels, Notre Prédécesseur affirme que le droit qu'a
tout homme d'user de ces biens pour son entretien est prioritaire par rapport
à tout autre droit de nature économique ; et même par
rapport au droit de propriété. Certes, ajoute Notre
Prédécesseur, le droit de propriété des biens est
aussi un droit naturel ; cependant, selon l'ordre objectif établi par Dieu,
le droit de propriété doit être délimité de
manière à ne pas mettre obstacle à « l'imprescriptible
exigence que les biens, créés par Dieu pour tous les hommes,
soient équitablement à la disposition de tous, selon les
principes de la justice et de la charité » (20).
Au sujet du travail, reprenant un
thème que l'on retrouve dans l'encyclique de Léon XIII, Pie XII
rappelle qu'il est en même temps un devoir et un droit de chaque
être humain. C'est, en conséquence, aux hommes en premier lieu qu'il revient de
régler leurs rapports mutuels de travail. C'est uniquement dans le cas
où les intéressés ne remplissent pas ou ne peuvent pas
remplir leur tâche qu'il « entre dans les attributions de l'Etat
d'intervenir sur ce terrain, dans la division et la distribution du travail,
sous la forme et dans la mesure que demande le bien commun justement compris »
(21).
Pour ce qui regarde la famille, le
Souverain Pontife affirme que la propriété privée des
biens matériels doit être considérée comme l' «
espace vital de la famille », c'est-à-dire comme un moyen apte «
à assurer au père de famille la saine liberté dont il a
besoin pour pouvoir remplir les devoirs que le créateur lui a
assignés, pour le bien-être physique, spirituel et religieux de la
famille » (22).
Cela comporte aussi pour la famille
le droit à l'émigration. Sur ce point, Notre
Prédécesseur relève que lorsque les Etats, ceux qui
permettent l'émigration comme ceux qui accueillent de nouveaux sujets,
mettent tout en œuvre pour éliminer ce qui « pourrait empêcher
la naissance ou le développement d'une vraie confiance » (23) entre eux, ils obtiendront un avantage
mutuel et contribueront ensemble à l'accroissement du bien-utile de
l'humanité comme au progrès de la culture.
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