Présence
active des travailleurs dans les moyennes et grandes entreprises
De plus,
avançant sur les traces de Nos Prédécesseurs, Nous
estimons légitime l'aspiration des ouvriers à prendre part active
à la vie des entreprises où ils sont enrôlés et
travaillent. On ne peut déterminer à l'avance le genre et le
degré de cette participation, car ils sont en rapport avec la situation
concrète de chaque entreprise. Cette situation peut varier d'entreprise
à entreprise ; à l'intérieur de chacune d'elles elle est
sujette à des changements souvent rapides et substantiels. Nous estimons
toutefois opportun d'attirer l'attention sur le fait que le problème de
la présence active des travailleurs existe toujours dans l'entreprise,
soit privée soit publique. Il faut tendre, en tout cas, à ce que
l'entreprise devienne une communauté de personnes, dans les relations,
les fonctions et les situations de tout son personnel.
Cela
requiert que les relations entre entrepreneurs et dirigeants d'une part,
apporteurs de travail d'autre part, soient imprégnées de respect,
d'estime, de compréhension, de collaboration active et loyale,
d'intérêt à l'œuvre commune ; que le travail soit
conçu et vécu par tous les membres de l'entreprise, non seulement
comme source de revenus, mais aussi comme accomplissement d'un devoir et
prestation d'un service. Cela comporte encore que les ouvriers puissent faire
entendre leur voix, présenter leur apport au fonctionnement efficace de
l'entreprise et à son développement. Notre
Prédécesseur Pie XII fait observer : « La fonction
économique et sociale que tout homme désire accomplir exige que
l'activité de chacun ne soit pas totalement soumise à
l'autorité d’autrui. » (31) Une conception humaine de l'entreprise doit sans
doute sauvegarder l'autorité et l'efficacité nécessaire de
l'unité de direction ; mais elle ne saurait réduire ses
collaborateurs quotidiens au rang de simples exécutants silencieux, sans
aucune possibilité de faire valoir leur expérience,
entièrement passifs au regard des décisions qui dirigent leur
activité.
Il faut
noter enfin que l'exercice de la responsabilité, de la part des
ouvriers, dans les organismes de production, en même temps qu'il
répond aux exigences légitimes inscrites au cœur de l'homme,
est aussi en harmonie avec le déroulement de l'histoire en
matière économique, sociale et publique.
Malheureusement,
comme nous l’avons déjà noté et comme on le verra plus
abondamment par la suite, nombreux sont, de notre temps, les
déséquilibres économiques et sociaux qui blessent la
justice et l'humanité. Des erreurs profondes affectent les
activités, les buts, les structures, le fonctionnement du monde
économique. C'est toutefois un fait incontestable que les régimes
économiques, sous la poussée du progrès scientifique et
technique, se modernisent sous nos yeux, deviennent plus efficients avec des
rythmes bien plus rapides qu'autrefois. Cela demande aux travailleurs des
aptitudes et des qualifications professionnelles plus relevées. En
même temps et par voie de conséquence, des moyens
supérieurs, des marges de temps plus étendues sont mises à
leur disposition pour leur instruction et leur tenue à jour, pour leur
culture et leur formation morale et religieuse. Une prolongation des
années destinées à l'instruction de base et à la
formation professionnelle est aussi devenu réalisable.
De la
sorte, une ambiance humaine est créée, qui favorise pour les
classes laborieuses, la prise de plus grandes responsabilités,
même à l'intérieur de l'entreprise. Les communautés
politiques, de leur part, ont de plus en plus intérêt à ce
que tout citoyen se sente responsable de la réalisation du bien commun
dans tous les secteurs de la vie sociale.
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