Affirmation renouvelée du
droit de propriété
Ce doute n'est pas fondé. Le
droit de propriété, même des biens de productions a valeur
permanente, pour cette raison précise qu'il est un droit naturel,
fondé sur la priorité, ontologique et téléologique,
des individus sur la société. Au reste, il serait vain de
revendiquer l'initiative personnelle et autonome en matière
économique, si n'était pas reconnue à cette initiative la
libre disposition des moyens indispensables à son affirmation. L'histoire et
l'expérience attestent, de plus, que sous les régimes politiques
qui ne reconnaissent pas le droit de propriété privée des
biens de production, les expressions fondamentales de la liberté sont
comprimées ou étouffées. Il est, par suite, légitime
d'en déduire qu'elles trouvent en ce droit garantie et stimulant.
Cela
explique pourquoi des mouvements sociaux et politiques, qui se proposent de
concilier dans la vie commune justice et liberté, hier encore nettement
opposés à la propriété privée des biens de
production, aujourd'hui mieux instruits de la réalité sociale,
reconsidèrent leur position et prennent à l'égard de ce
droit une attitude substantiellement positive.
Aussi
bien Nous faisons Nôtres, en cette matière, les remarques de Notre
Prédécesseur Pie XII : « En
défendant le principe de la propriété privée,
l'Eglise poursuit un haut objectif tout à la fois moral et social. Ce n'est pas qu'elle prétende soutenir
purement et simplement l'état actuel des choses, comme si elle y voyait
l'expression de la volonté divine, ni protéger par principe le
riche et le ploutocrate contre le pauvre et le prolétaire.... L'Eglise
vise plutôt à faire en sorte que l'institution de la
propriété devienne ce qu'elle doit être, selon les plans de
la sagesse divine et selon le vœu de la nature. » (32) C'est dire qu'elle doit être à la
fois garantie de la liberté essentielle de la personne humaine et
élément indispensable de l'ordre social.
Nous
avons noté en outre que les économies, de nos jours, accroissent
rapidement leur efficacité productive en de nombreux pays. Toutefois,
tandis que s'élève le revenu, justice et équité
requièrent, Nous l'avons vu, que s'élève aussi la
rémunération du travail, dans les limites consenties par le bien
commun. Cela donnerait aux
travailleurs plus grande opportunité d'épargner, et par suite de
se constituer un patrimoine. On ne voit pas alors comment pourrait être
contesté le caractère naturel d'un droit qui trouve sa source
principale et son aliment perpétuel dans la fécondité du
travail ; qui constitue un moyen idoine pour l'affirmation de la personne et
l'exercice de la responsabilité en tous domaines ; qui est
élément de stabilité sereine pour la famille, d'expansion
pacifique et ordonnée dans l'existence commune.
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