Comme
les autres fois, les voyants eurent le regard attiré par un reflet de lumière,
puis la Sainte Vierge apparut sur le chêne vert :
LUCIE
: « Que voulez-Vous de moi, Madame ? »
NOTRE-DAME
: « Je veux te dire que l’on fasse ici une chapelle en mon honneur, que Je suis
Notre-Dame du Rosaire, que vous devez continuer toujours à dire un chapelet
quotidien. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux. »
LUCIE
: « J’avais beaucoup de choses à Vous demander : de guérir des malades et de
convertir des pécheurs… »
NOTRE-DAME
: « Les un oui, les autres non24. Il faut qu’ils se corrigent, qu’ils
demandent pardon pour leurs péchés. » Et prenant un air plus triste : « Qu’ils
n’offensent plus Dieu, Notre-Seigneur, qui est déjà tant offensé. » 25
Ensuite,
ouvrant les mains, la Sainte Vierge les fit se réfléchir vers le soleil et,
tandis qu’Elle s’élevait, le reflet de sa propre lumière continua à se projeter
sur le soleil.
Alors,
Lucie s’exclama : « Regardez le soleil ! »
La
Sainte Vierge ayant disparu dans l’immensité du firmament, les voyants
assistèrent à trois scènes successives, la première symbolisant les mystères
joyeux du rosaire, puis les douloureux et enfin les glorieux (seule Lucie a vu
les trois scènes; François et Jacinthe n’ont vu que la première) :
Ils
virent apparaître, à côté du soleil, Saint Joseph avec l’Enfant-Jésus, et Notre
Dame du Rosaire. C’était la Sainte Famille. La Vierge était vêtue de blanc,
avec un manteau bleu. Saint Joseph était aussi habillé en blanc et
l’Enfant-Jésus en rouge clair. Saint Joseph bénit la foule, en traçant trois
fois le signe de la Croix. L’Enfant-Jésus fit de même. Ensuite vint la vision
de Notre-Dame des Douleurs et de Notre-Seigneur accablé de douleurs sur le
chemin du Calvaire. Notre-Seigneur donna au peuple sa bénédiction, par un signe
de Croix. Notre-Dame n’avait pas d’épée sur la poitrine. Lucie voyait seulement
le haut du Corps de Notre-Seigneur. L’apparition finale, environnée de gloire,
fut celle de Notre-Dame du Carmel, couronnée Reine du Ciel et de la Terre,
portant l’Enfant-Jésus dans ses bras.
Pendant
que ces tableaux se succédaient aux yeux des voyants, une grande foule de
cinquante à soixante-dix mille spectateurs assistait au miracle du soleil. Il
avait plu durant toute l’apparition. A la fin de l’entretien de Lucie avec la
Sainte Vierge, au moment où Celle-ci s’élevait et que celle-là s’écriait «
Regardez le soleil ! », les nuages s’entr’ouvrirent, découvrant le soleil tel
un immense disque d’argent. Il brillait avec une intensité jamais vue, mais
sans aveugler. Cela ne dura qu’un instant. L’immense boule se mit à « danser ».
Telle une gigantesque roue de feu, le soleil tournoyait rapidement. Il s’arrêta
un certain temps, avant de se remettre à tourner sur lui-même, à une vitesse
vertigineuse. Ensuite, il se mit à rougeoyer sur les bords et à glisser dans le
ciel, en tourbillonnant et en répandant des gerbes rouges de flammes. Cette
lumière se reflétait sur le sol, sur les arbres et les buissons, et même sur le
visage des gens et leurs vêtements, prenant des tonalités brillantes, de
différentes couleurs. Animé par trois fois d’un mouvement fou, le globe de feu
se prit de tremblements et de secousses, et parut se précipiter en zig-zag sur
la foule terrorisée. Le tout dura environ dix minutes. A la fin, le soleil
regagna en zig-zag le point d’où il s’était précipité, reprenant son aspect
tranquille et son éclat de tous les jours.
Le
cycle des apparitions était terminé.
Beaucoup
de gens remarquèrent que leurs vêtements, trempés par la pluie, avaient séché
subitement. Le miracle du soleil fut observé également par de nombreux témoins
situés en dehors du lieu des apparitions, dans un rayon de quarante kilomètres.
(Cf. Mémoires II, p. 162; IV, p. 348
et 350; de Marchi, p. 165-166; Walsh, p. 129-131; Ayres da Fonseca, p. 91-93;
Galamba de Oliveira, p. 95-97).
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