8. Vers un
style de vie plus évangélique
Les rapports des
communautés prouvent que, dans la Compagnie, on sait et on désire
multiplier les petits gestes, les services concrets et les humbles attentions
qui font la vie communautaire. Partout sont relevés des progrès
dans la prière partagée, dans le discernement apostolique en
commun (NC 326,3), dans la détente pratiquée ensemble. A cause du
travail, certaines communautés doivent pour le moment se contenter d'une
structure minimale, mais on lit dans les réponses le désir
d'aller au-delà de ce strict minimum. Selon l'appel
de la récente congrégation générale, les
communautés s'ouvrent davantage aussi à une hospitalité
généreuse (NC 327,3), même là où une
situation isolée ou la disposition de la maison ne le facilitent pas.
Les
communautés sont devenues également plus sensibles à la
solidarité avec les pauvres. Presque partout, les jésuites se
plaignent de ne pas être en mesure de vivre la vie des personnes
démunies parmi lesquelles, souvent, nous voudrions habiter. C'est
généralement des exigences de notre mission (NC 321 et 327,1) que
viennent les différences entre les niveaux de vie. Mais lors de la
visite du Provincial ou pendant les Exercices Spirituels annuels, il serait
nécessaire de nous laisser interpeller, à propos de notre style
de vie et même de nos instruments de travail apostolique, par ces amis du
Seigneur que sont les pauvres. Ils ont souvent quelque chose à nous
apprendre pour notre foi dans le Seigneur pauvre dont nous voulons
témoigner (NC 246, 1). En général, la vie
personnelle des jésuites est simple et sobre. Il manque souvent, par
contre, un vrai partage des biens matériels. Manque aussi la mise en commun des
volontés, pour témoigner de la pauvreté
évangélique en vivant de manière pauvre et commune dans
les choses extérieures (NC 176,2), et pour constituer une communauté
de solidarité, fraternellement au service de tous, hommes et femmes, et
surtout des pauvres, afin de les gagner tous au Christ.
En lisant toutes
ces lettres qui témoignent d'une croissance réelle, dans la
Compagnie, de la vie communautaire au sens ignatien, on s'aperçoit que
le danger d'introduire dans notre vie des coutumes relevant plutôt des
usages des moines, n'est pas à craindre actuellement. Le
risque est plutôt que ceux qui fréquentent nos communautés
ne parviennent pas à découvrir la raison de notre vie en commun,
qui est le Christ et sa bonne nouvelle. Et ce n'est pas uniquement une question
d'entente évangélique entre ceux qui vivent communautairement.
L'arrangement de la maison aussi – sa chapelle (NC 227), sa clôture (NC
327, 2), les signes des dévotions communes (NC 233, 234) et ceux de la
pauvreté évangélique pratiquée (NC 178, 179) – doit
manifester clairement la raison d'être d'une communauté
rassemblée au nom du Seigneur.
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