Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText
Ioannes Paulus PP. II
Dilecti amici

IntraText CT - Lecture du Texte

  • «Suis-moi»
Précédent - Suivant

Cliquer ici pour activer les liens aux concordances

«Suis-moi»

8. De l’examen du texte évangélique il ressort que ce regard fut, pour ainsi dire, la réponse du Christ au témoignage que le jeune homme avait donné de sa vie jusqu’à ce moment, c’est-à-dire de sa fidélité aux commandements de Dieu: «Tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse».

En même temps, ce «regard d’amour» fut une introduction à la dernière phase de la conversation. Selon le texte de Matthieu, ce fut le jeune homme lui-même qui ouvrit cette phase, car non seulement il affirma que la fidélité à observer les commandements du Décalogue avait caractérisé toute sa conduite antérieure, mais il pose également une nouvelle question. Il demanda en effet: «Que me manque-t-il encore?».

Cette question est très importante. Elle montre que dans la conscience morale de l’homme, et en particulier de l’homme jeune qui forme le projet de toute sa vie, il y a une aspiration à «quelque chose de plus». Cette aspiration se manifeste de diverses manières, et nous pouvons la reconnaître aussi chez les hommes qui semblent éloignés de notre religion.

Parmi les disciples des religions non chrétiennes, surtout du Bouddhisme, de l’Hindouisme et de l’Islam, nous rencontrons, depuis des millénaires déjà, des foules de «spirituals» qui souvent quittent tout dès leur jeunesse pour adopter un état de pauvreté et de pureté à la recherche de l’Absolu qui se trouve au-delà de l’apparence des choses sensibles: ils s’efforcent d’entrer dans un état de liberté parfaite, ils se réfugient en Dieu avec amour et confiance, ils cherchent à se soumettre de toute leur âme à ses décrets cachés. Ils sont comme poussés par une voix intérieure mystérieuse qui retentit en leur esprit, faisant écho en quelque sorte à la parole de saint Paul: «Elle passe, la figure de ce monde», une voix qui les conduit à la recherche de choses plus grandes et plus durables: «Recherchez les choses d’en haut». Ils tendent au but de toutes leurs forces; par un sérieux apprentissage, ils s’efforcent de purifier leur esprit, parvenant parfois à faire de leur vie un don d’amour à la divinité. Ce faisant, ils se dressent comme un exemple vivant pour leurs contemporains, devant qui ils illustrent par leur conduite même le primat des valeurs éternelles sur les valeurs fugitives et parfois ambiguës qu’offre la société où ils vivent.

Mais c’est l’Evangile qui représente un point d’appui tout à fait clair pour l’aspiration à la perfection, à «quelque chose de plus». Dans le Discours sur la montagne, le Christ confirme toute la loi morale, au centre de laquelle se trouvent les tables mosaïques des dix commandements; en même temps, cependant, il confère à ces commandements un sens nouveau, évangélique. Et tout est ordonné – comme on l’a déjà dit – autour de l’amour, non seulement en tant que commandement, mais aussi comme don: «L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné».

C’est dans ce contexte nouveau que l’on peut aussi comprendre le programme des huit Béatitudes, qui ouvre le Discours sur la montagne dans l’Evangile selon Matthieu.

Dans ce contexte, l’ensemble des commandements qui constituent le code fondamental de la morale chrétienne se trouve complété par l’ensemble des conseils évangéliques, qui exprime et concrétise d’une manière particulière l’appel du Christ à la perfection, qui est un appel à la sainteté.

Quand le jeune homme demande quelque chose «de plus»: «Que me manque-t-il encore?», Jésus le regarde avec amour, et cet amour prend ici un sens nouveau. L’homme est entraîné intérieurement, par l’Esprit Saint, d’une vie selon les commandements à une vie consciente du don, et le regard plein d’amour du Christ exprime ce «passage» intérieur. Et Jésus dit: «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux; puis viens, suis-moi».

Oui, chers jeunes, mes amis! L’homme, le chrétien, est capable de vivre la dimension du don. Et même cette dimension est non seulement «supérieure» à la dimension des seules obligations morales exprimées par les commandements, mais elle est aussi «plus profonde» qu’elles et plus fondamentale. Elle manifeste une expression plus riche du projet de vie que nous construisons dès la jeunesse. La dimension du don crée aussi la stature adulte de toute vocation humaine et chrétienne, comme il sera dit par la suite.

Pour le moment, je voudrais toutefois vous parler du sens particulier des paroles que le Christ a dites au jeune homme. Et je le fais avec la conviction que le Christ les adresse par l’Eglise à quelques-uns de ses jeunes interlocuteurs de toutes les générations. De la nôtre aussi. Ces paroles-là indiquent alors une vocation particulière dans la communauté du Peuple de Dieu. L’Eglise retrouve le «suis-moi» du Christ à l’origine de tout appel au service du sacerdoce ministériel, lié simultanément dans l’Eglise catholique de rite latin au choix conscient et libre du célibat. L’Eglise retrouve le même «suis-moi» du Christ à l’origine de la vocation religieuse, où, par la profession des conseils évangéliques (chasteté, pauvreté et obéissance), un homme ou une femme adopte le programme de vie que le Christ lui-même a réalisé sur la terre, pour le Règne de Dieu. En prononçant les vœux religieux, ces personnes s’engagent à donner un témoignage particulier de l’amour de Dieu, supérieur à tout, et également de l’appel à l’union avec Dieu dans l’éternité qui s’adresse à tous. Il faut cependant que quelques-uns en donnent, devant les autres, un témoignage exceptionnel.

Je m’en tiens à évoquer seulement ces sujets dans la présente lettre, car ils ont été déjà exposés amplement ailleurs et à plusieurs reprises. Je les rappelle parce que dans le contexte du dialogue du Christ avec le jeune homme ils reçoivent un éclairage particulier, spécialement le thème de la pauvreté évangélique. Je les évoque aussi parce que l’appel du Christ, «suis-moi», précisément dans ce sens exceptionnel et charismatique, se fait entendre le plus souvent dès la jeunesse; et parfois cela se produit même dès l’enfance.

C’est pourquoi je voudrais vous dire, à vous tous les jeunes, en ce moment important du développement de votre personnalité masculine ou féminine: si un tel appel surgit dans ton cœur, ne le fais pas faire! Laisse-le se développer jusqu’à la maturité d’une vocation! Prends ta part dans son développement, par la prière et la fidélité aux commandements! «La moisson est abondante». Il est vraiment nécessaire que l’appel du Christ parvienne à beaucoup: «Suis-moi». Il y a un énorme besoin de prêtres selon le cœur de Dieu – et l’Eglise et le monde d’aujourd’hui ont un énorme besoin du témoignage de vies données sans réserve à Dieu: du témoignage de cet amour du Christ lui-même, l’Epoux, qui rende présent d’une manière particulière parmi les hommes le Règne de Dieu et le rapproche du monde.

Permettez-moi, par conséquent, de compléter encore les paroles du Christ Seigneur sur la moisson qui est abondante. Oui, elle est abondante, cette moisson de l’Evangile, cette moisson du salut!... «Mais les ouvriers sont peu nombreux!». Peut-être cela est-il ressenti plus aujourd’hui que par le passé, spécialement dans certains pays, et aussi dans certains Instituts de vie consacrée et autres Sociétés de ce genre.

«Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson», poursuit le Christ. Et ces paroles, spécialement à notre époque, deviennent un thème de prière et d’action en faveur des vocations sacerdotales et religieuses. Dans cette intention, l’Eglise se tourne vers vous, vers les jeunes. Vous aussi: demandez! Et si le fruit de cette prière de l’Eglise germe au plus profond de votre cœur, écoutez le Maître vous dire: «Suis-moi».

 




Précédent - Suivant

Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText

Best viewed with any browser at 800x600 or 768x1024 on Tablet PC
IntraText® (V89) - Some rights reserved by EuloTech SRL - 1996-2007. Content in this page is licensed under a Creative Commons License