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Ioannes Paulus PP. II Mulieris dignitatem IntraText CT - Lecture du Texte |
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Le «grand mystère» 23. Les paroles de la Lettre aux Ephésiens ont à cet égard une importance fondamentale: «Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'Eglise: il s'est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d'eau qu'une parole accompagne; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée. De la même façon les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Aimer sa femme, c'est s'aimer soi-même. Car nul n'a jamais haï sa propre chair; on la nourrit au contraire et on en prend bien soin. C'est justement ce que le Christ fait pour l'Eglise: ne sommes-nous pas les membres de son corps? "Voici donc que l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair": ce mystère est de grande portée; je veux dire qu'il s'applique au Christ et l'Eglise» (5, 25-32). Dans cette Lettre, l'auteur exprime la vérité sur l'Eglise comme Epouse du Christ, montrant aussi comment cette vérité se fonde dans la réalité biblique de la création de l'être humain, homme et femme. Créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, les «deux ne faisant qu'un», ils ont été appelés l'un et l'autre à un amour de caractère nuptial. On peut dire également, en suivant la description de la création dans le Livre de la Genèse (2, 18-25), que cet appel fondamental apparaît en même temps que la création de la femme et est inscrit par le Créateur dans l'institution du mariage qui, suivant Genèse 2, 24, a dès l'origine le caractère d'une union des personnes («communio personarum»). Et même si ce n'est pas directement, cette description du «commencement» (cf. Gn 1, 27; 2, 24) montre que tout l'«ethos» des rapports mutuels entre l'homme et la femme doit correspondre à la nature personnelle authentique de leur être. Tout cela a déjà été pris en considération précédemment. Le texte de la Lettre aux Ephésiens confirme une fois encore la même vérité, et simultanément il compare le caractère nuptial de l'amour entre l'homme et la femme avec le mystère du Christ et de l'Eglise. Le Christ est l'Epoux de l'Eglise, l'Eglise est l'Epouse du Christ. Cette analogie n'est pas sans précédent: elle transpose dans le Nouveau Testament ce qui était déjà contenu dans l'Ancien Testament, en particulier chez les prophètes Osée, Jérémie, Ezéchiel, Isaïe(48). Les différents passages meritent une analyse particulière. Rapportons au moins un texte. Voici comment, par le prophète, Dieu parle à son peuple élu: «N'aie pas peur, tu n'éprouveras plus de honte, ne sois pas confondue, tu n'auras plus à rougir; car tu vas oublier la honte de ta jeunesse, tu ne te souviendras plus de l'infamie de ton veuvage. Ton créateur est ton époux, " Seigneur de l'univers " est son nom; le Saint d'Israël est ton rédempteur, on l'appelle le Dieu de toute la terre... Est-ce qu'on rejette la femme de sa jeunesse? dit le Seigneur ton Dieu. Un moment, je t'avais abandonnée, mais, dans ma grande tendresse, je vais t'unir à moi. Débordant de fureur, un instant, je t'avais caché ma face. Dans un amour éternel, j'ai eu pitié de toi, dit le Seigneur, ton rédempteur ... Car les montagnes peuvent s'écarter et les collines chanceler, mon amour ne s'écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas» (Is 54, 4-8. 10). Si l'être humain, homme et femme, a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, Dieu peut parler de lui-même par la bouche du prophète en se servant du langage qui est par nature humain: dans le texte cité d'Isaïe, l'expression de l'amour de Dieu est «humaine», mais l'amour lui-même est divin. Etant l'amour de Dieu, il a un caractère sponsal proprement divin, même s'il est exprimé par l'analogie de l'amour de l'homme pour la femme. Cette femme-épouse, c'est Israël en tant que peuple élu par Dieu et cette élection a sa source uniquement dans l'amour gratuit de Dieu. C'est justement par cet amour que s'explique l'Alliance, souvent présentée comme une alliance nuptiale que Dieu renoue sans cesse avec son peuple élu. Elle est, de la part de Dieu, «un engagement» durable: il reste fidèle à son amour sponsal, même si l'épouse s'est montrée bien des fois infidèle. Cette image de l'amour sponsal liée à la figure de l'Epoux divin _ image très claire dans les textes prophétiques _ se trouve confirmée et couronnée dans la Lettre aux Ephésiens (5, 23-32). Le Christ est salué comme l'époux par Jean-Baptiste (cf. Jn 3, 27-29); et le Christ lui-même s'appliquait cette comparaison empruntée aux prophètes (cf. Mc 2, 19-20). L'Apôtre Paul, qui est imprégné de tout le patrimoine de l'Ancien Testament, écrit aux Corinthiens: «J'éprouve à votre égard en effet une jalousie divine; car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ» (2 Co 11, 2). Mais c'est dans la Lettre aux Ephésiens que se trouve l'expression la plus forte de la vérité sur l'amour du Christ rédempteur, suivant l'analogie de l'amour nuptial dans le mariage: «Le Christ a aimé l'Eglise: il s'est livré pour elle» (5, 25), et en cela se trouve pleinement confirmé le fait que l'Eglise est l'Epouse du Christ: «Le Saint d'Israël est ton rédempteur» (Is 54, 5). Dans le texte paulinien, l'analogie de la relation nuptiale prend en même temps deux directions qui forment l'ensemble du «grand mystère» («sacramentum magnum»). L'alliance proprement dite des époux «explique» le caractère sponsal de l'union du Christ et de l'Eglise; et cette union, à son tour, en tant que «grand sacrement», détermine la sacramentalité du mariage comme alliance sainte des deux époux, l'homme et la femme. En lisant ce texte, riche et complexe, qui est tout entier une vaste analogie, il nous faut distinguer en lui ce qui exprime la réalité humaine des relations interpersonnelles de ce qui exprime en langage symbolique le «grand mystère» divin.
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