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Ioannes Paulus PP. II
Mulieris dignitatem

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  • VIII LA PLUS GRANDE, C'EST LA CHARITÉ
    • Face aux changements
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VIII

LA PLUS GRANDE, C'EST LA CHARITÉ

Face aux changements

28. «L'Eglise croit que le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l'homme, par son Esprit, lumière et forces pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation»(56). Nous pouvons appliquer ces paroles de la constitution conciliaire Gaudium et spes au thème des présentes réflexions. L'insistance particulière sur la dignité de la femme et sa vocation, caractéristique de l'époque où nous vivons, peut et doit être accuellie dans «la lumière et les forces» que l'Esprit du Christ accorde à l'homme, et cela aussi à notre époque fertile en transformations multiples. L'Eglise «croit [...] que la clé, le centre et la fin» de l'homme, et aussi «de toute l'histoire humaine se trouve en son Seigneur et Maître» et «elle affirme que, sous tous les changements, bien des choses demeurent qui ont leur fondement ultime dans le Christ, le même hier, aujourd'hui et à jamais»(57).

Par ces paroles, la constitution sur l'Eglise dans le monde de ce temps nous montre la voie à suivre pour remplir les devoirs concernant la dignité de la femme et sa vocation, dans le cadre des changements significatifs de notre temps. Nous ne pouvons faire face à ces changements de manière juste et appropriée que si nous revenons aux fondements qui se trouvent dans le Christ, aux vérités et aux valeurs «immuables» dont il reste lui-même le «témoin fidèle» (cf. Ap 1, 5) et le Maître. Une autre manière d'agir conduirait à des résultats douteux, sinon franchement faux et trompeurs.

La dignité de la femme et l'ordre de l'amour

29. Le passage déjà cité de la Lettre aux Ephésiens (5, 21-33), où le rapport entre le Christ et l'Eglise est présenté comme le lien entre l'époux et l'épouse, évoque également l'institution du mariage selon les paroles du Livre de la Genèse (cf. 2, 24). Il rapproche la vérité sur le mariage comme sacrement primordial et la création de l'homme et de la femme à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 27; 5, 1) . Grâce à ce rapport significatif que l'on trouve dans la Lettre aux Ephésiens est mis en pleine lumière ce qui détermine la dignité de la femme au regard de Dieu, Créateur et Rédempteur, et aussi au regard de l'homme, de l'homme et de la femme. Conformément au dessein éternel de Dieu, la femme est celle en qui l'ordre de l'amour dans le monde créé des personnes trouve le lieu de son premier enracinement. L'ordre de l'amour appartient à la vie intime de Dieu lui-même, à la vie trinitaire. Dans la vie intime de Dieu, l'Esprit Saint est l'hypostase personnelle de l'amour. Par l'Esprit, don incréé, l'amour devient un don aux personnes créées. L'amour qui est de Dieu se communique aux créatures: «L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous fut donné» (Rm 5, 5).

L'appel à l'existence de la femme aux cotés de l'homme («une aide qui lui soit assortie»: Gn 2, 18) dans «l'unité des deux» présente dans le monde visible des créatures des conditions particulières pour que «l'amour de Dieu soit répandu dans les coeurs» des êtres créés à son image. Si l'auteur de la Lettre aux Ephésiens appelle le Christ l'Epoux et l'Eglise l'Epouse, il confirme indirectement par cette analogie la vérité sur la femme en tant qu'épouse. L'Epoux est celui qui aime. L'Epouse est aimée: elle est celle qui reçoit l'amour, pour aimer à son tour.

Le passage de la Genèse, relu à la lumière du symbole sponsal de la Lettre aux Ephésiens nous permet de saisir une vérité qui parait tout à fait déterminante pour la question de la dignité de la femme et, par suite, également pour celle de sa vocation: la dignité de la femme se mesure dans l'ordre de l'amour qui est essentiellement un ordre de justice et de charité(58).

Seule la personne peut aimer, et seule la personne peut être aimée. C'est là d'abord une affirmation d'ordre ontologique dont découle ensuite une affirmation de nature éthique. L'amour est une exigence ontologique et éthique de la personne. La personne doit être aimée, parce que seul l'amour correspond à ce qu'est la personne. Ainsi s'explique le commandement de l'amour, déjà connu dans l'Ancien Testament (cf. Dt 6, 5; Lv 19, 18) et placé par le Christ au centre même de l'«ethos» évangélique (cf. Mt 22, 36-40; Mc 12, 28-34). Ainsi s'explique aussi le primat de l'amour qu'expriment les paroles de Paul dans la Lettre aux Corinthiens: «La plus grande, c'est la charité» (cf. 1 Co 13, 13).

Sans recourir à cet ordre et à ce primat, il n'est pas possible de donner une réponse complète et adéquate à la question sur la dignité de la femme et sur sa vocation. Lorsque nous disons que la femme est celle qui reçoit l'amour pour aimer à son tour, nous ne pensons pas seulement ou avant tout au rapport nuptial spécifique du mariage. Nous pensons à quelque chose de plus universel, fondé sur le fait même d'être femme dans l'ensemble des relations interpersonnelles qui structurent de manières très diverses la convivialité et la collaboration entre les personnes, hommes et femmes. Dans ce contexte large et différencié, la femme présente une valeur particulière comme personne humaine et, en même temps, comme personne concrète, du fait de sa féminité. Cela concerne toutes les femmes et chacune d'elles, indépendamment du contexte culturel où elles se trouvent, de leurs caractéristiques spirituelles, psychologiques et physiques, comme par exemple leur âge, leur instruction, leur santé, leur travail, le fait d'être mariées ou célibataires.

Le passage de la Lettre aux Ephésiens que nous considérons nous permet de penser à une sorte de «prophétisme» particulier de la femme dans sa féminité. L'analogie de l'Epoux et de l'Epouse évoque l'amour avec lequel tout homme est aimé de Dieu en Christ, tout homme et toute femme. Cependant dans le contexte de l'analogie biblique et en se fondant sur la logique interne du texte, c'est précisément la femme, l'épouse, qui manifeste à tous cette vérité. Ce caractère «prophétique» de la femme dans sa féminité trouve dans la Vierge Mère de Dieu son expression la plus haute. A son sujet est mis en valeur, de la manière la plus pleine et la plus directe, le lien intime qui unit l'ordre de l'amour _ qui entre dans le monde des personnes humaines par une Femme _ et l'Esprit Saint. Marie entend à l'Annonciation les paroles: «L'Esprit Saint viendra sur toi» (Lc 1, 35).




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