5 - Et de fait, vous le savez
parfaitement, Vénérables Frères, il s'en trouve beaucoup
aujourd'hui pour appliquer à la société civile le principe
impie et absurde du " naturalisme ", comme ils l'appellent,
et pour oser enseigner que " le meilleur régime politique et
le progrès de la vie civile exigent absolument que la
société humaine soit constituée et gouvernée sans
plus tenir compte de la Religion que si elle n'existait pas, ou du moins sans
faire aucune différence entre la vraie et les fausses
religions ". Et contre la doctrine de la Sainte Écriture, de
l'Église et des saints Pères, ils affirment sans
hésitation que : " la meilleure condition de la
société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir
le devoir de réprimer par des peines légales les violations de la
loi catholique, si ce n'est dans la mesure où la tranquillité
publique le demande ". À partir de cette idée tout
à fait fausse du gouvernement des sociétés, ils ne
craignent pas de soutenir cette opinion erronée, funeste au maximum pour
l'Église catholique et le salut des âmes, que Notre
Prédécesseur Grégoire XVI, d'heureuse mémoire,
qualifiait de " délire " (2) :
" La liberté de conscience et des cultes est un droit propre
à chaque homme. Ce droit doit être proclamé et garanti par
la loi dans toute société bien organisée. Les citoyens ont
droit à l'entière liberté de manifester hautement et
publiquement leurs opinions quelles qu'elles soient, par les moyens de la
parole, de l'imprimé ou tout autre méthode sans que l'autorité
civile ni ecclésiastique puisse lui imposer une limite ". Or, en donnant pour certitudes des opinions
hasardeuses, ils ne pensent ni ne se rendent compte qu'ils prêchent
" la liberté de perdition " (3), et que
" s'il est permis à toutes les convictions humaines de
décider de tout librement, il n'en manquera jamais pour oser
résister à la vérité et faire confiance au verbiage
d'une sagesse toute humaine. On sait cependant combien la foi et la sagesse
chrétienne doivent éviter cette vanité si dommageable,
selon l'enseignement même de Notre Seigneur
Jésus-Christ " (4).
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