Qu'on
s'applique seulement à justifier vraiment cette appellation par les faits.
Au reste, de
ceux d'entre nous qui se sont dévoués à promouvoir la cause catholique,
l'Eglise attend bien autre chose que de s'attarder plus longtemps dans des
questions qui ne sont d'aucun profit; Elle leur demande de travailler de toutes
leurs forces à conserver la Foi dans son intégrité et à l'abri de tout souffle
d'erreur, en suivant principalement Celui que Jésus-Christ a constitué le
gardien et l'interprète de la vérité. Il y a encore de nos jours de ces gens
(et leur nombre n'est pas médiocre), qui, comme le dit l'Apôtre, prurientes
auribus, cure sanam doctrinam non sustineant, ad sua desideria coacervent sibi
magistros, et a veritate quidem auditum avertant, ad fabulas autem convertantur.
(29) Enflés et enorgueillis de leur haute opinion de l'esprit humain,
lequel a fait assurément, avec l'aide de Dieu, des progrès incroyables dans
l'exploration de la nature, certains, préférant leur propre jugement à
l'autorité de l'Eglise, en sont venus dans leur témérité jusqu'à juger à la
mesure de leur intelligence les divins mystères et toutes les vérités révélées,
n'hésitant pas à les adapter au goût des temps actuels. Ainsi surgirent les
monstrueuses erreurs du modernisme que, à bon droit, Notre Prédécesseur a
proclamé omnium haereseon collectum et qu'il a solennellement condamnées. Cette
condamnation, vénérables Frères, Nous la renouvelons dans toute son extension,
et comme une contagion si délétère n'est pas complètement étouffée, mais se
glisse encore çà et là, quoique à l'état latent, que tous se gardent bien
soigneusement, Nous les y exhortons, d'une peste si dangereuse, dont on peut
bien dire ce que Job disait d'un autre mal: Ignis est usque ad perditionem
devorans, et omnia eradicans genimina. (30) Et Nous ne désirons pas
seulement que les catholiques détestent les erreurs des modernistes, mais aussi
qu'ils en évitent les tendances et l'esprit: qui en est infecté repousse avec
dégoût ce qui sent l'ancienneté, il recherche avidement et partout la
nouveauté, dans la manière de parler des choses divines, dans la célébration du
culte sacré, dans les institutions catholiques et jusque dans l'exercice de la
piété privée. Nous voulons donc que reste sacrée cette règle de nos pères: Nihil
innovetur, nisi quod traditum est, laquelle règle, si elle doit être suivie
inviolablement dans les choses de la Foi, doit encore servir de norme en tout
ce qui est sujet à changement, bien que sur ce dernier point vaille aussi la
plupart du temps cette autre maxime : Non nova, sed noviter.
D'ailleurs,
vénérables Frères, comme la profession ouverte de la Foi catholique et le
courage de vivre conformément à sa croyance ont accoutumé de s'exalter chez la
plupart des hommes par les exhortations fraternelles et les exemples mutuels,
Nous voyons avec une joie profonde que çà et là surgissent de nouvelles
associations catholiques; et Nous ne désirons pas seulement leur accroissement,
mais Nous entendons qu'elles reçoivent de Notre patronage et de Notre faveur
une prospérité toujours plus grande: cette prospérité dépendra de leur
obéissance constante et fidèle aux prescriptions qu'elles ont reçu ou qu'elles
recevront du Siège Apostolique. Quiconque par conséquent, faisant partie de ces
sociétés, se dépense pour Dieu et pour l'Eglise, ne doit jamais perdre de vue
ce que proclame la Sagesse: Vir obediens loquetur victoriam. (31)
Car s'ils n'obéissent pas à Dieu par leur soumission envers le Chef de
l'Eglise, ils ne se concilieront pas le secours divin et se dépenseront en pure
perte.
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