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Ioannes Paulus PP. II Redemptoris Mater IntraText CT - Lecture du Texte |
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PREMIÈRE PARTIE - MARIE DANS LE MYSTERE DU CHRIST 1. Pleine de grâce Le plan divin du salut, qui nous a été pleinement révélé par la venue du Christ, est éternel. Il est aussi-suivant l'enseignement de cette Lettre et d'autres Lettres de saint Paul (cf. Col 1, 12-14; Rm 3, 24; Gal 3, 13; 2 Co 5, 18-29) - éternellement lié au Christ. Il inclut toute l'humanité, mais réserve une place unique à la «femme» qui est la Mère de celui auquel le Père a confié l'œuvre du salut . Comme l'écrit le Concile Vatican II, «elle se trouve prophétiquement esquissée dans la promesse faite à nos premiers parents tombés dans le péché», selon le Livre de la Genèse (3, 15); «de même, c'est elle, la Vierge, qui concevra et enfantera un fils auquel sera donné le nom d'Emmanuel», selon les paroles d'Isaïe (cf. 7, 14) . Ainsi l'Ancien Testament prépare la «plénitude du temps» où Dieu «envoya son Fils, né d'une femme ... pour faire de nous des fils adoptifs». La venue au monde du Fils de Dieu est l'événement rapporté dans les premiers chapitres des Evangiles selon saint Luc et selon saint Matthieu. Si nous voulons méditer avec Marie ces paroles et, spécialement, l'expression «pleine de grâce», nous pouvons trouver un rapprochement significatif précisément dans le passage cité cidessus de la Lettre aux Ephésiens. Et si, après l'annonce du messager céleste, la Vierge de Nazareth est aussi saluée comme «bénie entre les femmes» (cf. Lc 1, 42), cela s'éclaire à cause de la bénédiction dont le «Dieu et Père» nous a comblés «aux cieux, dans le Christ». C'est une bénédiction spirituelle qui concerne tous les hommes et porte en elle-même la plénitude et l'universalité («toutes sortes de bénédictions») résultant de l'amour qui, dans l'Esprit Saint, unit au Père le Fils consubstantiel. En même temps, c'est une bénédiction reportée sur tous les hommes par le Christ Jésus dans l'histoire de l'humanité jusqu'à la fin. Cependant, cette bénediction se rapporte à Marie d'une manière particulière et exceptionnelle: en effet, Elisabeth l'a saluée comme «bénie entre les femmes». Le motif de cette double salutation est donc que dans l'âme de cette «fille de Sion» s'est manifestée en un sens toute la «gloire de la grâce», dont «le Père ... nous a gratifiés dans le Bien-aimé». En effet, le messager salue Marie comme «pleine de grâce»: il l'appelle ainsi comme si c'était là son vrai nom. Il ne donne pas à celle à qui il s'adresse son nom propre suivant l'état civil terrestre: Miryam ( = Marie), mais ce nom nouveau: «pleine de grâce». Que signifie ce nom ? Pourquoi l'archange appelle-t-il ainsi la Vierge de Nazareth? Dans le langage de la Bible, «grâce» signifie un don particulier qui, suivant le Nouveau Testament, prend sa source dans la vie trinitaire de Dieu lui-même, de Dieu qui est amour (cf. 1 Jn 4, 8). Le fruit de cet amour est l'élection, celle dont parle la Lettre aux Ephésiens. En Dieu, cette élection, c'est la volonté éternelle de sauver l'homme par la participation à sa propre vie (cf. 2 P 1, 4) dans le Christ: c'est le salut dans la participation à la vie surnaturelle. Ce don éternel, cette grâce de l'élection de l'homme par Dieu produisent comme un germe de sainteté, ou en quelque sorte une source naissant dans l'âme comme le don de Dieu lui-même qui vivifie et sanctifie les élus par la grâce. Ainsi cette bénédiction de l'homme «par toutes sortes de bénédictions spirituelles» s'accomplit, c'est-à-dire qu'elle devient une réalité: être «des fils adoptifs par Jésus Christ», par celui qui est de toute éternité le «Fils bien-aimé» du Père. Lorsque nous lisons que le messager dit à Marie qu'elle est «comblée de grâce», le contexte de l'Evangile, où convergent les révélations et les promesses anciennes, nous laisse entendre qu'il s'agit là d'une bénédiction unique entre toutes les «bénédictions spirituelles dans le Christ». Dans le mystère du Christ, elle est présente dès «avant la fondation du monde», elle est celle que le Père «a choisie» comme Mère de son Fils dans l'Incarnation - et, en même temps que le Père, le Fils l'a choisie, la confiant de toute éternité à l'Esprit de sainteté. Marie est unie au Christ d'une manière tout à fait particulière et exceptionnelle, et de même, elle est aimée en ce Fils bien-aimé de toute éternité, en ce Fils consubstantiel au Père en qui est concentrée toute «la gloire de la grâce». En même temps, elle est et demeure parfaitement ouverte à ce «don d'en haut» (cf. Jc 1, 17). Comme l'enseigne le Concile, Marie «occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance» . Le messager divin le dit: «Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et tu enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut» (Lc 1, 30-32). Et quand la Vierge troublée par cette salutation extraordinaire, demande: «Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?», elle reçoit de l'ange la confirmation et l'explication des paroles antérieures. Gabriel lui dit: «L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1, 35). L'Annonciation est donc la révélation du mystère de l'Incarnation au commencement même de son accomplissement sur la terre. Le don que Dieu fait de lui-même et de sa vie pour le salut, en quelque sorte à toute la création et proprement à l'homme, atteint l'un de ses sommets dans le mystère de l'Incarnation. C'est là, en effet, un sommet entre tous les dons de la grâce dans l'histoire de l'homme et dans celle du cosmos. Marie est «pleine de grâce» parce que l'Incarnation du Verbe, l'union hypostatique du Fils de Dieu avec la nature humaine, se réalise et s'accomplit précisément en elle. Comme l'affirme le Concile, Marie est «la Mère du Fils de Dieu, et, par conséquent, la fille de prédilection du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit; par le don de cette grâce suprême, elle dépasse de loin toutes les autres créatures dans le ciel et sur la terre» . Marie, Mère du Verbe incarné, se trouve située au centre même de cette hostilité, de la lutte qui marque l'histoire de l'humanité sur la terre et l'histoire du salut elle-même. A cette place, elle qui fait partie des «humbles et des pauvres du Seigneur» porte en elle, comme personne d'autre parmi les êtres humains, la «gloire de la grâce» dont le Père «nous a gratifiés dans le Bien-aimé», et cette grâce détermine la grandeur et la beauté extraordinaires de tout son être. Marie demeure ainsi devant Dieu et aussi devant toute l'humanité le signe immuable et intangible de l'élection par Dieu dont parle la Lettre paulinienne: dans le Christ, «il nous a élus, dès avant la fondation du monde..., déterminant d'avance que nous serions pour lui des fils adoptifs» (Ep 1, 4. 5). Il y a dans cette élection plus de puissance que dans toute l'expérience du mal et du péché, que dans toute cette «hostilité» dont l'histoire de l'homme est marquée. Dans cette histoire, Marie demeure un signe d'espérance assurée.
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