Le mouvement
œcuménique, par une conscience plus claire et plus répandue de ce qu'il y a
urgence à parvenir à l'unité de tous les chrétiens, a connu dans l'Eglise
catholique son expression la plus forte avec "œuvre du Concile Vatican II:
il faut que les chrétiens approfondissent personnellement et dans chacune de
leurs communautés l'«obéissance de la foi» dont Marie est l'exemple premier et
le plus éclairant. Et «parce qu'elle brille déjà comme un signe d'espérance assurée
et de consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage», «le saint Concile
trouve une grande joie et consolation au fait que, parmi nos frères désunis,
il n'en manque pas qui rendent à la Mère du Seigneur et Sauveur l'honneur qui
lui est dû, chez les Orientaux en particulier» .
Il est déjà de
bon augure que ces Eglises et ces Communautés ecclésiales rejoignent l'Eglise
catholique sur des points fondamentaux de la foi chrétienne également en ce qui
concerne la Vierge Marie. En effet, elles la reconnaissent comme la Mère du
Seigneur et estiment que cela fait partie de notre foi dans le Christ, vrai
Dieu et vrai homme. Elles la contemplent au pied de la Croix, recevant comme
son fils le disciple bien-aimé, qui à son tour la reçoit comme sa mère.
Pourquoi,
alors, ne pas la considérer tous ensemble comme notre Mère commune qui
prie pour l'unité de la famille de Dieu, et qui nous «précède» tous à la tête
du long cortège des témoins de la foi en l'unique Seigneur, le Fils de Dieu,
conçu dans son sein virginal par l'Esprit Saint?
Nos frères de
ces Eglises ont connu des vicissitudes complexes, mais leur histoire a toujours
été animée par un grand désir d'engagement chrétien et de rayonnement
apostolique, même si elle a été marquée par des persécutions sanglantes. C'est
une histoire de fidélité au Seigneur, un «pèlerinage de la foi» authentique à
travers les lieux et les temps, au cours desquels les chrétiens orientaux se
sont toujours tournés vers la Mère du Seigneur avec une confiance sans limite,
ils l'ont célébrée par leurs louanges et l'ont invoquée par des prières
constantes. Aux moments difficiles de leur existence chrétienne tourmentée,
«ils se sont réfugiés sous sa protection» , conscients d'avoir en
elle un puissant secours. Les Eglises qui professent la doctrine d'Ephèse
proclament la Vierge «vraie Mère de Dieu», parce que «notre Seigneur Jésus
Christ,... engendré du Père avant les siècles, selon la divinité, est né en ces
derniers jours pour nous et pour notre salut, de Marie, la Vierge, Mère de
Dieu, selon l'humanité» . Les Pères grecs et la tradition byzantine,
contemplant la Vierge à la lumière du Verbe fait homme, ont cherché à pénétrer
la profondeur du lien qui unit Marie, comme Mère de Dieu, au Christ et à
l'Eglise: la Vierge a une présence permanente dans toute l'ampleur du mystère
du salut.
Les traditions
coptes et éthiopiennes sont entrées dans cette contemplation du mystère de
Marie grâce à saint Cyrille d'Alexandrie et, à leur tour, elles ont célébré ce
mystère par une abondante efflorescence poétique . Dans son génie
poétique, saint Ephrem le Syrien, appelé «la lyre de l'Esprit Saint», a
inlassablement composé des hymnes à Marie, laissant son empreinte aujourd'hui
encore sur toute la tradition de l'Eglise syriaque . Dans son
panégyrique de la Théotokos, saint Grégoire de Narek, une des gloires les plus
éclatantes de l'Arménie, approfondit avec une puissante inspiration poétique
les différents aspects du mystère de l'Incarnation, et chacun d'eux est pour
lui une occasion de chanter et d'exalter la dignité extraordinaire et
l'admirable beauté de la Vierge Marie, Mère du Verbe incarné .
Il n'est donc
pas surprenant que Marie occupe une place privilégiée dans le culte des
antiques Eglises orientales, avec une abondance incomparable de fêtes et
d'hymnes.
Ces louanges
qui, dans toutes les célébrations de la liturgie eucharistique, s'élèvent vers
Marie, ont forgé la foi, la piété et la prière des fidèles. Au cours des
siècles, elles ont pénétré toute leur spiritualité, suscitant en eux une
dévotion profonde envers la «Toute Sainte Mère de Dieu».
Il convient de
rappeler encore l'icône de la Vierge de Vladimir qui a constamment accompagné
le pèlerinage de foi des peuples de l'antique Rous. Le premier millénaire de la
conversion au christianisme de ces terres nobles approche: terres de croyants,
de penseurs et de saints. Les icônes sont toujours vénérées en Ukraine, en
Biélorussie, en Russie, sous divers titres: ces images témoignent de la foi et
de l'esprit de prière du bon peuple qui ressent la présence et la protection de
la Mère de Dieu. Dans ces icônes, la Vierge resplendit comme l'image de la
beauté divine, la demeure de la Sagesse éternelle, la figure de l'orante, le
modèle de la contemplation, l'icône de la gloire: celle qui, dès sa vie
terrestre, a atteint dans la foi la connaissance la plus sublime, car elle
possédait une science spirituelle inaccessible aux raisonnements humains. Je
rappelle encore l'icône de la Vierge au Cénacle, en prière avec les Apôtres
dans l'attente de l'Esprit: ne pourrait-elle pas devenir comme le signe de
l'espérance pour tous ceux qui, dans le dialogue fraternel, désirent
approfondir leur obéissance dans la foi?