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Ioannes Paulus PP. II Redemptoris Mater IntraText CT - Lecture du Texte |
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TROISIÈME PARTIE - LA MEDIATION MATERNELLE 1. Marie, Servante du Seigneur L'Eglise sait et enseigne que «toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu: elle... découle de la surabondance des mérites du Christ; elle s'appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d'où elle tire toute sa vertu; l'union immédiate des croyants avec le Christ ne s'en trouve en aucune manière empêchée, mais au contraire aidée» . Cette influence salutaire est soutenue par l'Esprit Saint: de même qu'il prit la Vierge sous son ombre, déterminant en elle le commencement de la maternité divine, de même il affermit sans cesse sa sollicitude pour les frères de son Fils. De fait, la médiation de Marie est étroitement liée à sa maternité, elle possède un caractère spécifiquement maternel par lequel elle se distingue de celle des autres créatures qui, d'une manière différente mais toujours subordonnée, participent à l'unique médiation du Christ, la médiation de Marie étant, elle aussi, participée . En effet, si «aucune créature ne peut jamais être mise sur le même pied que le Verbe incarné et rédempteur», en même temps «l'unique médiation du Rédempteur n'exclut pas mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l'unique source»; et ainsi «l'unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures» . L'enseignement du Concile Vatican II présente la vérité sur la médiation de Marie comme une participation à l'unique source qu'est la médiation du Christ lui-même. Nous lisons en effet: «Ce rôle subordonné de Marie, l'Eglise le professe sans hésitation, elle ne cesse d'en faire l'expérience; elle le recommande au cœur des fidèles pour que cet appui et ce secours maternels les aident à s'attacher plus intimement au Médiateur et Sauveur» . Ce rôle est en même temps spécial et extraordinaire. Il découle de sa maternité divine et ne peut être compris et vécu dans la foi qu'en s'appuyant sur la pleine vérité de cette maternité. Marie étant, en vertu de l'élection divine, la Mère du Fils consubstantiel au Père, «généreusement associée» à l'œuvre de la Rédemption, «elle est devenue pour nous, dans l'ordre de la grâce, notre Mère» . Ce rôle constitue une dimension réelle de sa présence dans le mystère salvifique du Christ et de l'Eglise. La maternité de Marie, imprégnée jusqu'au plus profond d'elle-même de l'attitude nuptiale de «servante du Seigneur», constitue la dimension première et fondamentale de la médiation que l'Eglise lui reconnaît, qu'elle proclame et que, continuellement, «elle recommande au cœur des fidèles» car elle a grande confiance en elle. Il faut en effet admettre qu'avant tout autre, Dieu lui-même, le Père éternel, s'en est remis à la Vierge de Nazareth, lui donnant son propre Fils dans le mystère de l'Incarnation. Cette élection pour le rôle et la dignité suprêmes de Mère du Fils de Dieu appartient, sur le plan ontologique, à la réalité même de l'union des deux natures dans la personne du Verbe (union hypostatique). Ce fait fondamental d'être la Mère du Fils de Dieu est, depuis le début, une ouverture totale à la personne du Christ, à toute son œuvre, à toute sa mission. Les mots «Je suis la servante du Seigneur» témoignent de cette ouverture d'esprit de Marie, qui unit en elle de façon parfaite l'amour propre à la virginité et l'amour caractéristique de la maternité, réunis et pour ainsi dire fusionnés. C'est pourquoi non seulement Marie est devenue la mère du Fils de l'homme, celle qui l'a nourri, mais elle a été aussi «généreusement associée, à un titre absolument unique» au Messie, au Rédempteur. Comme je l'ai déjà dit, elle avançait dans son pèlerinage de foi, et dans ce pèlerinage jusqu'au pied de la Croix s'est réalisée en même temps sa coopération maternelle à toute la mission du Sauveur, par ses actions et ses souffrances. Au long du chemin de cette collaboration à l'œuvre de son Fils Rédempteur, la maternité même de Marie connaissait une transformation singulière, s'imprégnant toujours davantage de «charité ardente» envers tous ceux auxquels s'adressait la mission du Christ. Par cette «ardente charité», qui visait, en union avec le Christ, à ce que soit «rendue aux âmes la vie surnaturelle» , Marie entrait d'une manière tout à fait personnelle dans la médiation unique «entre Dieu et les hommes», qui est la médiation de l'homme Jésus Christ. Si elle a été elle-même la première à faire l'expérience des effets surnaturels de cette unique médiation -déjà, à l'Annonciation, elle avait été saluée comme «pleine de grâce»-, il faut dire que par cette plénitude de grâce et de vie surnaturelle elle était particulièrement prédisposée à la coopération avec le Christ, médiateur unique du salut de l'humanité. Et cette coopération, c'est précisément sa médiation subordonnée à la médiation du Christ. Dans le cas de Marie, il s'agit d'une médiation spéciale et exceptionnelle, fondée sur la «plénitude de grâce», qui se traduisait par la pleine disponibilité de la «servante du Seigneur». En réponse à cette disponibilité intérieure des a Mère, Jésus Christ la préparait toujours davantage à devenir, pour les hommes, leur «Mère dans l'ordre de la grâce». Cela ressort, au moins d'une façon indirecte, de certains détails rapportés par les Synoptiques (cf. Lc 11, 28; 8, 20-21; Mc 3, 32-35; Mt 12, 47-50) et plus encore par l'Evangile de Jean (cf. 2, 1-12; 19, 25-27), que j'ai déjà mis en lumière. A cet égard, les paroles prononcées par Jésus sur la Croix à propos de Marie et de Jean sont particulièrement éloquentes. «En effet - lisons-nous encore -, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt pas: par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel» . C'est avec ce caractère d'«intercession», manifesté pour la première fois à Cana en Galilée, que la médiation de Marie se poursuit dans l'histoire de l'Eglise et du monde. Nous lisons à propos de Marie: «Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu'à ce qu'ils parviennent à la patrie bienheureuse» . Ainsi la maternité de Marie demeure sans cesse dans l'Eglise comme médiation d'intercession, et l'Eglise exprime sa foi en cette vérité en invoquant Marie «sous les titres d'Avocate, d'Auxiliatrice, de Secourable, de Médiatrice» . Par le mystère de l'Assomption au ciel se sont réalisés définitivement en Marie tous les effets de l'unique médiation du Christ, Rédempteur du monde et Seigneur ressuscité: «Tous revivront dans le Christ. Mais chacun à son rang: comme prémices, le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son Avènement» (1 Co 15, 22-23). Dans le mystère de l'Assomption s'exprime la foi de l'Eglise, selon laquelle Marie est «unie par un lien étroit et indissoluble» au Christ, car si, en tant que mère et vierge, elle lui était unie de façon singulière lors de sa première venue, par sa continuelle coopération avec lui elle le sera aussi dans l'attente de la seconde venue; «rachetée de façon suréminente en considération des mérites de son Fils» , elle a aussi ce rôle, propre à la Mère, de médiatrice de la clémence lors de la venue définitive, lorsque tous ceux qui sont au Christ revivront et que «le dernier ennemi détruit sera la Mort» (1 Co 15, 26) . A cette exaltation de la «fille de Sion par excellence» dans son Assomption au ciel est lié le mystère de sa gloire éternelle. La Mère du Christ est en effet glorifiée comme «Reine de l'univers» . Celle qui s'est déclarée «servante du Seigneur» à l'Annonciation est restée, durant toute sa vie terrestre, fidèle à ce que ce nom exprime, se confirmant ainsi véritable «disciple» du Christ, qui avait fortement souligné le caractère de service de sa mission: le Fils de l'homme «n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude» (Mt 20, 28). C'est pourquoi Marie est devenue la première de ceux qui, «servant le Christ également dans les autres, conduisent leurs frères, dans l'humilité et la patience, jusqu'au Roi dont on peut dire que le servir, c'est régner» , et elle a pleinement atteint cet «état de liberté royale» qui est propre aux disciples du Christ: servir, ce qui veut dire régner! «Le Christ, s'étant fait obéissant jusqu'à la mort et pour cela même ayant été exalté par le Père (cf. Ph 2, 8-9), est entré dans la gloire de son royaume; à lui, tout est soumis, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création, afin que Dieu soit tout en tous (cf. 1 Co 15, 27-28)» . Marie, servante du Seigneur, a sa part dans ce Royaume de son Fils . La gloire de servir ne cesse d'être son exaltation royale: montée au ciel, elle ne suspend pas son rôle salvifique dans lequel s'exprime la médiation maternelle «jusqu'à la consommation définitive de tous les élus» . Ainsi, celle qui, sur terre, «garda fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix» continue à lui être unie, alors que désormais «tout est soumis à lui, en attendant que lui-même se soumette à son Père avec toute la création». Et ainsi, dans son assomption au ciel, Marie est comme enveloppée dans toute la réalité de la communion des saints, et son union même à son Fils dans la gloire est toute tendue vers la plénitude définitive du Royaume, lorsque «Dieu sera tout en tous». Même à ce stade, la médiation maternelle de Marie ne cesse d'être subordonnée à celui qui est l'unique Médiateur, jusqu'à la réalisation définitive «de la plénitude du temps», c'est-à-dire jusqu'à «la récapitulation de toutes choses dans le Christ» (cf. Ep 1, 10).
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