NÉRINE
On ne peut sans
effroy soûtenir sa presence,
Il court de toutes puts menaçant, furieux
Dans ce funeste état tout ce qu'il voit l'offence.
La Princesse elle seule en s'offrant à ses yeux
Semble de sa fureur calmer la violence
Il s'arreste,
Il soupire, et garde un lonf silence.
MÉDÉE
Et que dit son
heuueux Amant?
NÉRINE
Jason ignore
encor ce triste évenement,
Occupe par les soins que la guerre demande
Il range avec nos Chefs les troupes qu'il commande.
MÉDÉE
Que d'horreurs!
que de maux suivront sa trahison,
C'est luy seul qui les cause, il m'en fera raison,
Vangeans nous,
Ma fureur, à tant de Roys fatale
A t'elle assez de ma Rivale?
Non, s'il ose garder ses sentiments ingrats,
Si toujours il perd la memoire
De ce que j'ay fait pour sa gloire,
Il une ses enfans,
Ne les épargnons pas.
Ah. trop barbare mere,
Quel crime ont ils commis pour leur percer le sein?
Nature, tu parles en vain,
Leur crime est assez grand d'avoir Jason pour pere;
Quel desespoir m'aveugle et m'emporte contre eux,
Leur âge permet il cet affreux parricide?
Et sont ils criminels pouu estre malheuueux ?
Quoy ? je craindray de punir un perfide
De ses vœux triomphans ma mort seroit l'effet.
Oubitons l'innocence, et voyons le forfait.
Une indigne pitié me les fut reconnoistre,
C'est mon sang, il est vray, mais c'est le sang d'un traistre,
Puis je trop acheter en les fusant perir,
La douceur de les vou souffrir?
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