CRÉUSE
à Cléone
Venez, parlez,
qu'avez vous à m'apprendre ?
Je voy vos yeux baignez de pleurs.
CLEONE
Je viens vous
annoncer le plus grand des malheurs,
Le Roy ne respiroit que du sang à répandre,
Quand voyant le Prince d'Argos
Il a paru plus en repos,
Sa fureur sembloit dissipée;
Mais dans le temps qu'on n'a rien redouté
De sa fausse tranquillité,
De ce malheureux Prince il a saisi l'épee,
Et luy perçant le fianc son bras nous à fait voir
Ce que peut un prompt desespoir.
CRÉUSE
Helas!
CLEONE
Dans ce malheur
extrême
Chacun s'est emmessé de luy prester secours,
Le Roy dans cet instant a terminé ses jours
Du mesme fer il s'est percé luy mesme,
Ah! s'est il escrié, le Ciel l'a donc permis,
J'ay vaincu tous mes Ennemis.
CHOEUR DE
CORINTHIENS
Ah! funeste
revers, fortune impitoyable!
Corinthe, helas! que vas tu devenir?
Dieux cruels est ce ainsi que vostre haine accable
Ceux que vous devez soûtenir?
Refusons nôtre encens, nôtre hommge
A ces Dieux inhumains,
Tous nos respects sont vains,
Nos maIheheurs sont leur injuste ouvrage.
CRÉUSE
C'est assez, laissez
moy, vos pleurs ne font qu'aigir
Les maux que je me dois preparer à souffrir.
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