Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText
Nicolas François Guillard
Iphigénie en Tauride

IntraText CT - Lecture du Texte

Précédent - Suivant

Cliquer ici pour désactiver les liens aux concordances

Scène I. Iphigénie, Les Prêtresses

 

IPHIGÉNIE
Grands Dieux! Soyez­nous secourables,
Détoumez vos foudres vengeurs;
Tonnez sur les têtes coupables;
L'innocence habite en nos cœurs.
 
LES PRÉTRESSES
Grands Dieux! etc.
 
IPHIGÉNIE
Si ces bords cruels et sinistres
Sont l'objet de votre courroux
Daignez à vos faibles ministres
Offnr des asiles plus doux.
 
LES PRÉTRESSES
Grands Dieux! etc.
 
IPHIGÉNIE
Que nos mains, saintement barbares,
N'ensanglantent plus vos autels!
Rendez ces peuples plus avares
Du sang des malheureux mortels.
 
LES PRÉTRESSES
Grands Dieux! etc.
 
IPHIGÉNIE
Ces dieux que notre voix implore
Apaisent enfin leur rigueur;
Le calme reparait; mais, au fond de mon cœur,
Hélas! l'orage habite encore.
 
UNE PRÉTRESSE
Iphigénie ! ô ciel ! craindrait­elle un malheur ?
 
UNE AUTRE PRÉTRESSE
D'où naît le trouble affreux dont votre âme est saisi?
 
IPHIGÉNIE
Juste ciel!
 
UNE PRETRESSE
Ah! parlez, divine Iphigénie,
Nos malheurs sont communs; loin de notre patrie,
Conduites avec nous sur ce funeste bord,
N'avons­nous pas toujours partagé votre sort ?
 
IPHIGÉNIE
Cette nuit... j'ai revu le palais de mon père,
J'allais jouir de ses embrassements;
J'oubliais, en ces doux moments,
Ses anciennes rigueurs et quinze ans de misère...
La terre tremble sous mes pas
Le soleil indigné fuit ces lieux qu'il abhorre,
Le feu bnlle dans l'air et la foudre en éclats
Tombe sur le palais, l'embrase et le dévore!
Du milieu des débris fumants
Sort une voix plaintive et tendre:
Jusqu'au fond de mon cœur elle se fait entendre;
Je vole à ces tristes accents...
A mes yeux aussitôt se présente mon père
Sanglant, percé de coups, et d'un spectre inhumain
Fuyant la rage meurtrière...
Ce spectre affreux, c'était ma mère!
Elle m'amme d'un glaive et disparait soudain:
Je veux fuir... on me crie: "Arrête ! c'est Oreste !"
Je vois un malheureux et je lui tends la main.
Je veux le secourir; un ascendant funeste
Forçait à mon bras à lui percer le sein!
 
LES PRÉTRESSES
Ô songe affreux! nuit effroyable !
Ô douleur! Ô mortel effroi !
Ton courroux est­il implacable ?
Entends nos cris, ô ciel! apaise­toi!
 
IPHIGÉNIE
Ô race de Pélops! race toujours fatale !
Jusque dans ses demiers neveux,
Le ciel poursuit encor le crime de Tantale!
Le roi des rois, le sang des Dieux,
Agamemnon descend dans la nuit infemale.
Son fils restait à ma douleur.
J'attendais de lui seul la fin de ma misère;
Ô mon cher Oreste! ô mon frère!
Tu ne sècheras pas les lammes de ta sœur.
 
UNE PRÉTRESSE
Calmez ce désespoir où votre âme est livrée,
Les dieux conserveront cette tête sacrée,
Osez tout espérer.
 
IPHIGÉNIE
Non je n'espère plus.
Depuis que je respire, en butte à leur colère,
D'opprobre et de malheurs tous mes jours sont tissus:
Ils y mettent le comble, ils m'enlèvent mon frère!
Ô toi qui prolongeas mes jours,
Reprends un bien que je déteste,
Diane, je t'implore, arrêtes­en le cours,
Rejoins Iphigénie au malheureux Oreste.
Hélas! tout m'en fait une loi,
La mort me devient nécessaire;
J'ai vu s'élever contre moi
Les Dieux, ma patne et mon père.
 
LES PRÉTRESSES
Quand verrons­nous tanr nos pleurs ?
La source en est­elle infinie ?
Ah! dans un cercle de douleurs
Le ciel marque le cours de notre ne.
 




Précédent - Suivant

Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText

IntraText® (V89) Copyright 1996-2007 EuloTech SRL