La
collaboration dans l'activité missionnaire
205.
Le témoignage commun donné par toutes les formes de collaboration
œcuménique est déjà missionnaire. Le mouvement
œcuménique, de fait, est allé de pair avec une nouvelle
découverte, par bien des communautés, de la nature missionnaire
de l'Eglise. La collaboration œcuménique fait voir au monde que
ceux qui croient dans le Christ et vivent par son Esprit, étant devenus
enfants de Dieu qui est Père de tous, peuvent entreprendre de surmonter,
avec courage et espérance, les divisions humaines même dans des
matières aussi délicates que la foi et la pratique religieuse.
Les divisions qui existent parmi les chrétiens sont certainement un
obstacle majeur au succès de la proclamation de l'Evangile.(181)
Mais les efforts qui ont été faits pour les vaincre font beaucoup
pour compenser le scandale et donner de la crédibilité aux
chrétiens qui proclament que le Christ est Celui en qui toutes les
personnes et toutes les choses sont rassemblées dans l'unité:
«
Comme évangélisateurs, nous devons offrir aux fidèles du
Christ, non pas l'image d'hommes divisés et séparés par
des litiges qui n'édifient point, mais celle de personnes mûries
dans la foi, capables de se rencontrer au delà des tensions
réelles grâce à la recherche commune, sincère et
désintéressée de la vérité. Oui, le sort de
l'évangélisation est certainement lié au témoignage
d'unité donné par l'Eglise. Voilà une source de responsabilité
mais aussi de réconfort ».(182)
206.
Le témoignage œcuménique peut être donné dans
l'activité missionnaire elle-même. Pour les catholiques, les bases
de la collaboration œcuménique avec les autres chrétiens en
mission sont: « le fondement du baptême et le patrimoine de foi qui nous
est commun ».(183) Les autres Eglises et Communautés
ecclésiales qui conduisent les fidèles à la foi dans le
Christ Sauveur et dans le baptême au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit, les conduisent dans la communion réelle, bien
qu'imparfaite, qui existe entre eux et l'Eglise catholique. Les catholiques
voudraient beaucoup que tous ceux qui sont appelés à la foi
chrétienne se joignent à eux en cette plénitude de
communion qui, selon leur foi, existe dans l'Eglise catholique, et pourtant ils
reconnaissent que, dans la Providence de Dieu, certains passeront toute leur
vie chrétienne dans des Eglises ou des Communautés
ecclésiales qui n'assurent pas cette pleine communion. Ils veilleront
à respecter soigneusement la foi vivante des autres Eglises et
Communautés ecclésiales qui prêchent l'Evangile, et se
réjouiront de ce que la grâce de Dieu est à l'œuvre
parmi eux.
207.
Les catholiques peuvent se joindre aux autres Eglises et Communautés
ecclésiales — pourvu qu'il n'y ait rien de sectaire ou de
délibérément anti-catholique dans leur travail
d'évangélisation — dans des organisations et des programmes qui
apportent un soutien commun aux activités missionnaires de toutes les
Eglises participantes. Un des objectifs particuliers d'une telle collaboration
sera d'assurer que les facteurs humains, culturels et politiques qui
étaient impliqués dans les divisions originelles entre les
Eglises et qui ont marqué la tradition historique de séparation,
ne soient pas transplantés dans des lieux où l'Evangile est
prêché et où des Eglises sont fondées. Ceux qui ont
été envoyés par des Sociétés missionnaires,
pour aider à la fondation et à la croissance de nouvelles
Eglises, seront particulièrement sensibles à cette
nécessité. Les Evêques pourraient y porter une attention
spéciale. C'est aux Évêques qu'il revient de déterminer
s'il devient nécessaire d'insister de façon particulière
sur des points de doctrine ou de morale à propos desquels les
catholiques diffèrent des autres Eglises et Communautés
ecclésiales, et ces dernières pourront trouver nécessaire
de faire de même à l'égard du catholicisme. Toutefois cela
doit être fait, non dans un esprit agressif ou sectaire, mais dans
l'amour et le respect mutuel.(184) Les nouveaux convertis à la
foi seront soigneusement élevés dans l'esprit
œcuménique, « de telle sorte que, étant bannie toute
apparence d'indifférentisme, de confusionnisme et d'odieuse
rivalité, les catholiques collaborent fraternellement avec les
frères séparés, selon les dispositions du décret
sur l'œcuménisme, par une commune profession de foi en Dieu et en
Jésus Christ devant les nations, dans la mesure du possible, et par une
coopération dans les questions sociales et techniques, culturelles et
religieuses ».(185)
208.
La collaboration œcuménique est particulièrement
nécessaire dans la mission auprès des masses
déchristianisées de notre monde contemporain. La capacité
pour des chrétiens encore divisés de donner un témoignage
commun, dès maintenant, aux vérités centrales de
l'Evangile (186) peut être une invitation puissante à une
estime renouvelée de la foi chrétienne dans une
société sécularisée. Une évaluation commune
des formes d'athéisme, de sécularisation et de
matérialisme qui sont à l'œuvre dans le monde d'aujourd'hui,
et une façon commune de s'en occuper seraient grandement profitables
à la mission chrétienne dans le monde contemporain.
209.
Il faut donner une place spéciale à la collaboration entre les
membres de différentes Églises et Communautés
ecclésiales, dans la réflexion, dont on a constamment besoin, sur
le sens de la mission chrétienne, sur la manière d'engager le
dialogue du salut avec les membres des autres religions et sur le
problème général de la relation entre la proclamation de
l'Evangile du Christ et les cultures et formes de pensée du monde
contemporain.
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