Les
divisions entre chrétiens et le rétablissement de l'unité
18. La
déraison et le péché humains, cependant, ont de temps
à autre fait opposition à la volonté unifiante de l'Esprit
Saint et affaibli cette puissance de l'amour qui surmonte les tensions
inhérentes à la vie ecclésiale. Dès le début
de l'Eglise des scissions se sont produites. Par la suite, des dissensions plus
graves apparurent et des Eglises en Orient ne se trouvèrent plus en
pleine communion avec le Siège de Rome ni avec l'Eglise
d'Occident.(24) Plus tard, en Occident, des divisions plus profondes
firent naître d'autres Communautés ecclésiales. Ces
ruptures portaient sur des questions doctrinales ou disciplinaires et
même sur la nature de l'Eglise.(25) Le Décret du
deuxième Concile du Vatican sur l'œcuménisme reconnaît
que des dissensions sont survenues « parfois par la faute de personnes de l'une
et de l'autre partie ».(26) Toutefois, si gravement que la
culpabilité humaine ait pu nuire à la communion, celle-ci ne fut
jamais anéantie. En effet, la plénitude de l'unité de
l'Eglise du Christ s'est maintenue dans l'Eglise catholique, tandis que
d'autres Eglises et Communautés ecclésiales, tout en
n'étant pas en pleine communion avec l'Eglise catholique, conservent en
réalité une certaine communion avec elle. Le Concile affirme
ceci: « Nous croyons qu'elle [cette unité] subsiste de façon inamissible
dans l'Eglise catholique et nous espérons qu'elle s'accroîtra de
jour en jour jusqu'à la consommation des siècles ».(27)
Des textes conciliaires indiquent les éléments qui sont
partagés par l'Eglise catholique et les Eglises orientales (28)
d'une part, et par l'Eglise catholique et les autres Églises et
Communautés ecclésiales d'autre part.(29) « L'Esprit du
Christ ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut
».(30)
19.
Aucun chrétien ou chrétienne, cependant, ne peut se satisfaire de
ces formes imparfaites de communion. Elles ne correspondent pas à la
volonté du Christ et affaiblissent son Eglise dans l'exercice de sa
mission. La grâce de Dieu a poussé des membres de beaucoup
d'Eglises et Communautés ecclésiales, tout spécialement en
notre siècle, à s'efforcer de surmonter les divisions
héritées du passé et de bâtir à nouveau une
communion d'amour par la prière, par le repentir et par la demande
réciproque de pardon pour les péchés de désunion du
passé et du présent, par des rencontres pour des actions de
coopération et de dialogue théologique. Tels sont les objectifs
et les activités de ce que l'on en est venu à appeler le
mouvement œcuménique.(31)
20. Au
deuxième Concile du Vatican, l'Eglise catholique s'est solennellement
engagée à œuvrer pour l'unité des chrétiens.
Le Décret Unitatis Redintegratio spécifie que
l'unité voulue par le Christ pour son Eglise se réalise « au
moyen de la fidèle prédication de l'Evangile par les
Apôtres et par leurs successeurs — les Evêques avec leur chef qui
est le successeur de Pierre —, par l'administration des sacrements et par le
gouvernement dans l'amour ». Le Décret définit cette unité
comme consistant « dans la profession d'une seule foi [...], dans la
célébration commune du culte divin [...], dans la concorde
fraternelle de la famille de Dieu »; (32) cette unité qui, de
par sa nature même, exige une pleine communion visible de tous les
chrétiens est le but ultime du mouvement œcuménique. Le
Concile affirme que cette unité ne requiert nullement le sacrifice de la
riche diversité de spiritualité, de discipline, de rites
liturgiques et d'élaboration de la vérité
révélée qui se sont développés parmi les
chrétiens,(33) dans la mesure où cette diversité
reste fidèle à la Tradition apostolique.
21.
Depuis le deuxième Concile du Vatican, l'activité
œcuménique a été inspirée et guidée,
dans toute l'Eglise catholique, par divers documents et initiatives du
Saint-Siège et, dans les Eglises particulières, par des documents
et initiatives des Evêques, des Synodes des Eglises orientales
catholiques et des Conférences épiscopales. Il faut aussi
mentionner les progrès réalisés en des formes
variées de dialogue œcuménique et en diverses sortes de collaboration
œcuménique. Selon l'expression même du Synode des
Evêques de 1985, l'œcuménisme « s'est profondément et
irrévocablement gravé dans la conscience de l'Eglise
».(34)
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