IV
COMMUNION DE VIE ET D'ACTIVITÉ
SPIRITUELLE PARMI LES BAPTISÉS
A. LE
SACREMENT DU BAPTÊME
92.
Par le sacrement du baptême, une personne est vraiment incorporée
au Christ et à son Eglise, et régénérée pour
participer à la vie divine.(103) Le baptême établit
donc le lien sacramentel de l'unité existant entre tous ceux qui, par
lui, sont renés. Le baptême, de soi, est un commencement car il
tend vers l'acquisition de la plénitude de vie dans le Christ. Ainsi, il
est ordonné à la profession de la foi, à la pleine
intégration dans l'économie du salut et à la communion
eucharistique.(104) Institué par Jésus lui-même, le
baptême, par lequel on participe au mystère de sa mort et de sa
résurrection, inclut la conversion, la foi, la rémission du
péché et le don de la grâce.
93. Le
baptême est conféré avec de l'eau et une formule qui
indique clairement l'acte de baptiser au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit. Il est par conséquent de la plus grande importance pour
tous les disciples du Christ que le baptême soit administré de
cette façon par tous et que les différentes Eglises et
Communautés ecclésiales parviennent autant que possible à
un accord sur sa signification et sur sa célébration valide.
94. Il
est fortement recommandé que le dialogue concernant la signification et
la célébration valide du baptême ait lieu entre les
autorités catholiques et cel- les des autres Eglises et
Communautés ecclésiales au niveau diocésain ou des
Conférences épiscopales. Il serait possible, ainsi, d'en arriver
à des déclarations communes par lesquelles elles exprimeraient la
reconnaissance mutuelle des baptêmes, comme aussi sur la façon
d'agir dans les cas où il pourrait y avoir doute sur la validité
de tel ou tel baptême.
95.
Pour en arriver à ces formes d'accord, il faudrait avoir à
l'esprit les points suivants:
a) Le
baptême par immersion, ou par infusion, avec la formule trinitaire est,
en soi, valide. En conséquence, si les rituels, les livres liturgiques
ou les coutumes établies d'une Eglise ou d'une Communauté
ecclésiale prescrivent une de ces façons de baptiser, le
sacrement doit être considéré comme valide, à moins
que l'on ait des raisons sérieuses de mettre en doute que le ministre
ait observé les règles de sa propre Communauté ou Eglise.
b) La
foi insuffisante d'un ministre en ce qui concerne le baptême n'a jamais
d'elle-même rendu un baptême invalide. L'intention suffisante du
ministre qui baptise doit être présumée, à moins
qu'il n'y ait une raison sérieuse de douter qu'il ait voulu faire ce que
fait l'Eglise.
c) S'il
s'élève des doutes sur l'usage même de l'eau et sur la
façon de l'appliquer,(105) le respect pour le sacrement et la
déférence envers ces Communautés ecclésiales
demandent qu'une enquête sérieuse soit faite sur la pratique de la
Communauté concernée, avant tout jugement sur la validité
de son baptême.
96.
Selon la situation locale et si l'occasion s'en présente, les
catholiques peuvent, dans une célébration commune avec d'autres
chrétiens, faire mémoire du baptême qui les unit, en
renouvelant avec eux le renoncement au péché et l'engagement de
mener une vie pleinement chrétienne qu'ils ont assumé par les
promesses de leur baptême, et en s'engageant à coopérer
avec la grâce du Saint- Esprit pour essayer de remédier aux
divisions qui existent parmi les chrétiens.
97.
Bien que par le baptême la personne soit incorporée au Christ et
à son Eglise, cela se réalise concrètement dans une
Église ou une Communauté ecclésiale
déterminée. Un baptême ne doit donc pas être
conféré conjointement par deux ministres appartenant à des
Eglises ou à des Communautés ecclésiales
différentes. D'ailleurs, selon la tradition liturgique et
théologique catholique, le baptême est administré par un
seul célébrant. Pour des raisons pastorales, en des circonstances
exceptionnelles, l'Ordinaire du lieu peut toutefois permettre que le ministre
d'une Eglise ou Communauté ecclésiale participe à la
célébration en faisant une lecture ou une prière, etc. La
réciprocité n'est possible que si le baptême
célébré dans une autre Communauté ne s'oppose ni
à des principes ni à la discipline catholiques.(106)
98. La
conception catholique est que les parrains et marraines, au sens liturgique et
canonique, doivent être eux-mêmes membres de l'Eglise ou de la
Communauté ecclésiale en laquelle le baptême est
célébré. Ils ne se chargent pas seulement de la
responsabilité de l'éducation chrétienne de la personne
baptisée (ou confirmée) en tant que parent ou ami, ils sont
là également comme représentants d'une communauté
de foi, garants de la foi et du désir de communion ecclésiale du
candidat.
a)
Cependant, se basant sur le baptême commun, et à cause des liens
de famille ou d'amitié, un baptisé qui appartient à une
autre Communauté ecclésiale peut être admis comme témoin
du baptême, mais seulement ensemble avec un parrain
catholique.(107) Un catholique peut tenir le même rôle pour
une personne devant être baptisée dans une autre Communauté
ecclésiale.
b) En
raison de l'étroite communion existante entre l'Eglise catholique et les
Églises orientales orthodoxes, il est permis pour une juste raison
d'admettre un fidèle oriental au rôle de parrain en
même temps qu'un parrain catholique (ou une marraine catholique) au
baptême d'un enfant ou d'un adulte catholique, à condition qu'on
ait suffisamment pourvu à l'éducation du baptisé et que
l'idonéité du parrain soit reconnue.
Le
rôle de parrain à un baptême conféré dans une
Eglise orientale orthodoxe n'est pas interdit à un catholique s'il y est
invité. Dans ce cas, l'obligation de veiller à l'éducation
chrétienne appartient en premier lieu au parrain (ou à la
marraine) qui est fidèle de l'Église dans laquelle l'enfant est
baptisé.(108)
99.
Chaque chrétien a le droit, pour des raisons de conscience, de
décider librement d'entrer dans la pleine communion
catholique.(109) Travailler à préparer une personne qui
désire être reçue dans la pleine communion de l'Eglise
catholique est, en soi, une activité distincte de l'activité
œcuménique.(110) Le rite de l'Initiation chrétienne
des adultes prévoit une formule pour recevoir de telles personnes dans
la pleine communion catholique. Toutefois, dans de tels cas, tout comme dans le
cas des mariages mixtes, l'autorité catholique peut sentir la
nécessité d'enquêter pour savoir si le baptême,
déjà reçu, a été
célébré validement. En menant cette enquête, il
faudrait tenir compte des recommandations suivantes:
a) La
validité du baptême, tel qu'il est conféré dans les
différentes Eglises orientales, ne fait aucun doute. Il suffit, donc, d'établir
le fait du baptême. En ces Eglises, le sacrement de confirmation
(chrismation) est légitimement administré par le prêtre en
même temps que le baptême; il arrive donc fréquemment que
nulle mention de la confirmation ne soit faite dans le témoignage
canonique du baptême. Ceci n'autorise nullement à douter que la
confirmation ait aussi été conférée.
b) A
l'égard de chrétiens d'autres Eglises et Communautés
ecclésiales, avant d'examiner la validité du baptême d'un
chrétien, il faudra savoir si un accord sur le baptême (comme
mentionné plus haut, n. 94) a été réalisé
par les Eglises et les Communautés ecclésiales des régions
ou localités en cause, et si le baptême a été
effectivement administré selon cet accord. Toutefois, il faut faire
remarquer que l'absence d'un accord formel sur le baptême ne doit pas
automatiquement amener à douter de la validité du baptême.
c) A
l'égard de ces chrétiens, lorsqu'une attestation
ecclésiastique officielle a été fournie, il n'existe
aucune raison de douter de la validité du baptême
conféré dans leurs Eglises ou Communautés
ecclésiales, à moins que, pour un cas particulier, un examen ne
montre qu'il y a un motif sérieux de douter de la matière, de la
formule utilisée pour le baptême, de l'intention du baptisé
adulte et du ministre qui a baptisé.(111)
d) Si,
même après une soigneuse enquête, un doute sérieux
persiste sur la correcte administration du baptême et s'il est
jugé nécessaire de baptiser sous condition, le ministre
catholique devra faire preuve de son respect pour la doctrine selon laquelle le
baptême ne peut être conféré qu'une seule fois, en
expliquant à la personne concernée pourquoi en ce cas elle est
baptisée sous condition et, aussi, la signification de ce rite du
baptême sous condition; de plus, le rite du baptême sous condition
doit être conféré en privé et non en
public.(112)
e) Il
est souhaitable que les Synodes des Eglises orientales catholiques et les
Conférences épiscopales donnent des directives pour la
réception de chrétiens baptisés dans d'autres Eglises et
Communautés ecclésiales en la pleine communion catholique, en
tenant compte du fait que ce ne sont pas des catéchumènes, et
aussi du degré de connaissance et de pratique de la foi chrétienne
qu'ils peuvent avoir.
100.
Selon le rite de l'initiation chrétienne des adultes, ceux qui
adhèrent au Christ pour la première fois sont normalement
baptisés au cours de la Veillée pascale. Là où la
célébration de ce rite comprend la réception de ceux qui,
déjà baptisés, entrent dans la pleine communion, il faut
marquer une distinction nette entre ceux-ci et ceux qui ne sont pas encore
baptisés.
101.
Dans l'état actuel de nos relations avec les Communautés
ecclésiales issues de la Réforme du XVIe siècle, on n'est
pas encore arrivé à un accord sur la signification, ni sur la
nature sacramentelle, ni même sur l'administration du sacrement de la
confirmation. En conséquence, dans les circonstances actuelles, les
personnes qui entreraient dans la pleine communion de l'Eglise catholique et
qui viendraient de ces Communautés, devraient recevoir le sacrement de
confirmation en suivant la doctrine et le rite de l'Eglise catholique, avant
d'être admises à la communion eucharistique.
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