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Quintus Septimius Florens Tertullianus De la prescription contre les hérétiques IntraText CT - Lecture du Texte |
Foi et Philosophie. VII. [1] Ce sont là les doctrines des hommes et des démons, nées de l'esprit de la sagesse mondaine pour les oreilles en prurit. Le Seigneur a traité cette sagesse de folie et il a choisi ce qui est folie selon le monde pour confondre la philosophie du monde même. [2] Car c'est la philosophie qui fournit sa matière à la sagesse mondaine, en se faisant l'interprète téméraire de la nature divine et des plans divins. En un mot, les hérésies elles-mêmes reçoivent leurs armes de la philosophie. [3] De là, chez Valentin, les éons et je ne sais quelles formes en nombre infini et la triade humaine : il avait été disciple de Platon. De là, le dieu de Marcion, bien préférable parce qu'il se tient tranquille : Marcion venait des stoïciens. [4] De dire que l'âme est sujette à la mort, Epicure n'y manque pas. Pour nier la résurrection de la chair, on puise dans les leçons unanimes de tous les philosophes. Là où la matière est égalée à Dieu, c'est la doctrine de Zenon. Là où l'on parle d'un dieu igné, Heraclite intervient. [5] Ce sont les mêmes sujets qui sont agités chez les hérétiques et chez les philosophes, les mêmes enquêtes que l'on enchevêtre. D'où vient le mal, et quelle en est la cause ? D'où vient l'homme, et comment est-il venu ? Ou encore la toute récente question proposée par Valentin : D'où vient Dieu ? Eh bien, c'est de l'Enthymèse et de l'ectroma !...
[6] Pitoyable Aristote qui leur a enseigné la dialectique, également ingénieuse à construire et à renverser, fuyante dans ses propositions, outrée dans ses conjectures, sans souplesse dans ses raisonnements, ' artisane de controverse ' qui se crée à elle-même des difficultés et qui remet tout en question 'de peur qu'un seul point lui ait échappé'!
[7] De là ces fables, ces généalogies interminables, ces questions oiseuses, ces discours qui s'insinuent comme le cancer. L'apôtre, quand il veut nous en détourner, affirme que c'est contre la philosophie (il la nomme expressément) qu'il faut nous mettre en garde. « Veillez, écrit-il aux Co-lossiens, que personne ne vous trompe par la philosophie et par de vaines séductions, selon la tradition des hommes » et contrairement à la providence de l'Esprit Saint. [8] C'est qu'il avait été à Athènes et il avait appris dans le commerce des philosophes à connaître cette pauvre sagesse humaine qui se pique de chercher la vérité, ne fait que la corrompre et, par la diversité de sectes irréductibles l'une à l'autre, se partage en une foule d'hérésies dont elle est la source.
[9] Quoi de commun entre Athènes et Jérusalem ? entre l'Académie et l'Église ? entre les hérétiques et les chrétiens ? [10] Notre doctrine vient du portique de Salomon qui avait lui-même enseigné qu'il faut chercher Dieu en toute simplicité de cœur. [11] Tant pis pour ceux qui ont mis au jour un christianisme stoïcien, platonicien, dialecticien ! [12] Nous, nous n'avons pas besoin de curiosité après Jésus-Christ, ni de recherche après l'Évangile.13. Dès que nous croyons, 'nous ne désirons rien croire' au-delà. Car 'ce que nous croyons en premier lieu', c'est que nous ne devons rien croire au-delà.