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Quintus Septimius Florens Tertullianus De la prescription contre les hérétiques IntraText CT - Lecture du Texte |
Origine récente des hérésies. XXX. [1] Où était alors Marcion, le pilote du Pont, si zélé pour le stoïcisme? Où était Valentin, le disciple du platonisme ? [2] On sait qu'ils ne sont pas tellement anciens : ils vécurent à peu près sous le règne d'Antonin. Ils crurent d'abord à la doctrine de l'Église catholique dans l'Église romaine sous l'épiscopat du bienheureux Eleu-thère, jusqu'au jour où leur curiosité toujours inquiète, par où ils corrompaient leurs frères mêmes, les en fit expulser par deux fois, Marcion avec les deux cent mille sesterces qu'il avait apportés à l'Église. Puis, exilés dans une séparation perpétuelle, ils dispersèrent le venin de leurs doctrines. [3] Enfin, Marcion, ayant confessé son repentir, accepta la condition 'qui lui fut imposée pour recevoir la paix ecclésiastique', à savoir de restituer à l'Église ceux qu'il avait, par ses leçons, entraînés à leur perte. Mais la mort ne lui en laissa pas le temps.
[4] C'est qu'il fallait qu'il y eût des hérésies. De cette nécessité n'allons pas inférer que l'hérésie soit un bien -- comme s'il ne fallait pas que le mal existât aussi ! Ne fallait-il pas que le Seigneur fût trahi ? Et cependant malheur au traître ! Que personne n'aille donc tirer de là une justification de l'hérésie.
[5] Il faut dire encore un mot de l'origine d'Apelle. Il n'est pas lui-même aussi ancien que Marcion, son maître, de qui il reçut sa formation. Une femme fut l'occasion de sa chute ; il déserta la continence marcionite et, loin des yeux de son chaste maître, il se retira à Alexandrie. [6] Quelques années après il revint, sans s'être amélioré, à cela près qu'il n'était plus marcionite. Il s'attacha à une autre femme : c'était cette fameuse vierge Philou-mène dont nous avons déjà fait mention et qui devint ensuite une infâme prostituée. Sous sa diabolique influence, il écrivit les Révélations qu'il avait reçues d'elle. [7] Il y a encore aujourd'hui par le monde des gens qui se souviennent d'eux ; on voit de leurs propres disciples et de leurs successeurs. Impossible donc de nier leur tardive apparition. [8] D'ailleurs leurs œuvres elles-mêmes, comme a dit le Seigneur, les condamnent. [9] Si Marcion a séparé le Nouveau Testament de l'Ancien, il est donc postérieur à ce qu'il a séparé, car il n'eût pu les séparer s'ils n'avaient constitué un tout. [10] Ce fait qu'ils formaient un tout avant d'être séparés, puis qu'ils ont été séparés, prouve que celui qui les a séparés était postérieur à eux. [11] De même Valentin, en interprétant à sa manière les Écritures 'et en les corrigeant sans hésiter, sous prétexte que ce qu'il corrige était auparavant corrompu, démontre qu'elles ne sont pas de lui'.
[12] Nous nommons ceux-là parce qu'ils sont les corrupteurs de la vérité les plus notoires et les plus souvent cités. [13] Il y a encore un certain Nigidius, et Hermogène, et beaucoup d'autres qui s'en vont pervertissant les voies du Seigneur. Qu'ils me montrent donc de quoi ils s'autorisent pour se mettre en avant. [14] Si c'est un autre Dieu qu'ils prêchent, comment emploient-ils les choses, les Ecritures, les noms de ce Dieu contre lequel ils prêchent ? Si c'est le même Dieu, pourquoi le prêchent-ils d'une autre manière ? [15] Qu'ils prouvent qu'ils sont de nouveaux apôtres, qu'ils disent que le Christ est descendu une seconde fois, qu'il a de nouveau enseigné lui-même, qu'il a été de nouveau crucifié, qu'il est mort encore une fois, qu'il a été ressuscité encore une fois. [16] Quand Dieu envoie des apôtres, il leur donne aussi d'ordinaire le pouvoir d'opérer les mêmes prodiges que lui-même. [17] Je veux donc qu'on me montre les prodiges accomplis par eux ; au surplus, je reconnais le pouvoir merveilleux par où ils imitent en mal les apôtres : ceux-ci rendaient la vie aux morts, ceux-là donnent la mort aux vivants.
Parabole de l'ivraie et du bon graine.