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Quintus Septimius Florens Tertullianus De la pudicité IntraText CT - Lecture du Texte |
XVII. -- SAINT PAUL ET LA CHAIR
[1] Appelles-en à l'armée apostolique. Regarde les épîtres de Paul : toutes couvrent de leur protection la pudicité, la chasteté, la pureté, toutes lancent leurs traits contre les œuvres de la luxure, de la lascivité et de la débauche.
[2] Qu'écrit-il aux Thessaloniciens ? « Notre exhortation, en effet, n'a procédé ni de l'erreur ni de l'impureté. » Et : « La volonté de Dieu, c'est que vous soyez purs et que vous vous absteniez de la fornication. Que chacun de vous sache posséder son corps saintement et honnêtement, et non dans la passion de la convoitise, comme les païens qui ignorent Dieu. » [3] Que lisent les Galates : « Les œuvres de la chair sont aisées à reconnaître ». Quelles sont-elles ? Il place au premier rang « la fornication, l'impureté, la luxure » : « Je vous avertis d'avance, comme je l'ai déjà dit : ceux qui font de pareilles choses n'auront point en partage le royaume de Dieu. » [4] Et les Romains, est-il un précepte qui leur soit plus fortement donné que de ne plus pécher une fois chrétiens. « Que disons-nous donc ? demeurerons-nous dans le péché, pour que la grâce abonde ? Non, certes ! car nous qui sommes morts au péché, comment y pourrions-nous vivre encore? [5] Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés ? Car nous avons été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort; afin que de même que le Christ est ressuscité des morts, nous aussi nous marchions en une vie nouvelle. [6] Si en effet, nous avons été ensevelis avec lui à l'imitation de sa mort, nous le serons aussi à celle de sa résurrection, sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui. Si donc nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec le Christ, sachant que le Christ ressuscité d'entre les morts ne meurt plus, que la mort a perdu sur lui son empire. [7] Car s'il est mort pour le péché, il est mort une fois pour toutes, et s'il vit, il vit pour Dieu. Pareillement vous aussi considérez-vous comme morts au péché, mais vivants pour Dieu par le Christ Jésus. »
[8] Donc puisque le Chris test mort une fois pour toutes, personne ne peut, étant mort après le Christ, revivre pour le péché et surtout pour un péché si grand. Autrement si la fornication et l'adultère pouvaient être commis une seconde fois, le Christ lui aussi pourrait mourir une seconde fois. [9] Mais l'apôtre insiste, défendant que le péché règne sur notre corps mortel, dont il connaissait la faiblesse charnelle : « De même que vous avez livré vos membres en esclavage à l'impureté et à l'iniquité pour l'iniquité, maintenant offrez-les en esclavage à la justice pour votre sanctification. » [10] Car s'il a déclaré que le bien n'habitait pas dans sa chair, c'est qu'il parlait selon la loi de la lettre à qui il était soumis ; mais selon la loi de l'esprit, à laquelle il nous assujettit, il nous délivre de la faiblesse de la chair. « La loi de l'esprit de vie t'a affranchi de la loi du péché et de la mort. »
[11] Il paraît bien discuter partiellement du point de vue du judaïsme ; mais ce n'en est pas moins à nous qu'il applique l'intégralité et la plénitude des disciplines, à nous qui peinions sous la loi et pour qui « Dieu a envoyé son fils dans la chair, dans une chair semblable à celle du péché. A cause du péché, il a condamné le péché dans la chair; afin, dit-il, que la justice de la loi fût réalisée en nous qui ne marchons point selon la chair, mais selon l'esprit. En effet ceux qui sont selon la chair ont le goût des choses de la chair; mais ceux qui sont selon l'esprit ont le goût des choses de l'esprit ». [12] Il a affirmé que les tendances de la chair aboutissent à la mort et par suite à l'inimitié contre Dieu, et que ceux qui sont dans la chair, c'est-à-dire qui sont asservis à la chair, ne peuvent plaire à Dieu : [13] « Si vous vivez selon la chair, il arrivera que vous mourrez. » Mais que devons-nous entendre par tendances de la chair et vie de la chair, si ce n'est tout ce qu'il a honte d'articuler? Car même un apôtre aurait nommé toutes les autres œuvres de lachair. [14] De même, tout en rappelant aux Ëphésiens leurs fautes passées, il les avertit pour l'avenir : « Nous aussi nous avons vécu comme cela, complaisants à nos désirs charnels et aux voluptés de la chair. » Flétrissant enfin ceux qui s'étaient reniés eux-mêmes, en tant que chrétiens, en s'abandonnant aux œuvres de toutes les impuretés : « Pour vous, dit-il, ce n'est pas ainsi que vous avez été instruits touchant le Christ. » [15] Et il dit encore : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus. » Donc que celui qui jusqu'ici pratiquait l'adultère ne le pratique plus ; que celui qui jusqu'ici forniquait ne fornique plus. Il aurait ajouté cela s'il avait accoutumé d'accorder le pardon à de telles fautes ou s'il avait formellement voulu qu'on l'accordât, lui qui ne voulait pas se souiller même en paroles. [16] « Qu'aucune parole honteuse, dit-il, ne sorte de votre bouche. » Et de même : « Que la fornication et autres impuretés ne soient pas même nommées parmi vous comme il convient à des saints (tant il est loin d'excuser ces fautes). Sachez qu'aucun fornicateur, aucun impudique, n'aura le royaume de Dieu. Que personne ne vous séduise par de vains discours, car c'est pour ces crimes que la colère de Dieu s'appesantit sur les fils de l'incrédulité ! » [17] Qui est-ce qui séduit par de vains discours, sinon celui qui proclame que l'adultère est rémissible ? ne voyant pas que l'apôtre détruit la racine même de l'adultère, quand il met un frein aux ivresses et aux festins, comme dans ce passage : « Veuillez ne point vous enivrer de vin, car il est cause de luxure. » [18] Il montre ainsi aux Colossiens ce qui tue les membres sur la terre : la fornication, l'impureté, les mauvais désirs et les propos honteux.
Abandonne à des affirmations si nombreuses et si décisives la position unique que tu occupes : le petit nombre est effacé par le grand nombre, le douteux par le certain, l'obscurité par l'évidence. [19] Quand même il serait prouvé que l'apôtre ait pardonné à ce Corinthien sa fornication, ce n'aurait été qu'une dérogation unique à sa pratique constante, pour des raisons particulières. Il circoncit le seul Timothée, et cependant il supprima la circoncision.