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Quintus Septimius Florens Tertullianus
De la pudicité

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V. -- INCONSÉQUENCE DES PSYCHIQUES

[1] Donc, quelle gravité il convient d'attribuer à l'adultère (et ceci s'applique également à la fornication), eu égard à la nature de son crime, la première loi de Dieu va nous le montrer. En effet, après avoir interdit le culte superstitieux des dieux étrangers et la fabrication des idoles, après avoir recommandé la sanctification du sabbat et prescrit à l'égard des parents un religieux respect qui vient immédiatement après celui qu'on doit à Dieu, il n'a point placé pour fortifier et confirmer ces articles d'autre précepte que celui-ci : « Tu ne commettras point d'adultère ». [2] Après la chasteté spirituelle et la sainteté, venait l'intégrité du corps ; et c'est pourquoi il l'a fortifiée en interdisant l'adultère qui en est l'ennemi. Comprends déjà la portée d'un délit dont il a placé l'interdiction après celle de l'idolâtrie. [3] Rien n'éloigne le second du premier. Rien de si près du premier que le second : ce qui arrive à la suite du premier est en une certaine mesure premier aussi. [4] Et donc l'adultère est parent de l'idolâtrie, car l'idolâtrie même a été souvent reprochée au peuple juif sous le nom d'adultère et de fornication : et l'adultère sera associé à cette faute pour le sort qui l'attend comme pour le rang qu'il occupe ; il sera lié à elle dans la condamnation comme il l'est dans la liste divine. [5] Bien mieux, après avoir dit : « Tu ne commettras point d'adultère », Dieu ajoute : « Tu ne tueras point. » Il a fait un traitement d'honneur à l'adultère qu'il place avant l'homicide, en tête de la loi la plus sainte, dans les premiers paragraphes de l'édit céleste, dans la formule où sont proscrites les fautes capitales. On peut connaître leur qualité à la place, leur sanction au rang, la gravité de chacune d'elles au voisinage. Le mal a lui aussi sa dignité et sa place en tête ou au milieu des crimes.

[6] J'aperçois comme le cortège et l'appareil de l'adultère, conduit d'un côté par l'idolâtrie qui le précède, accompagné de l'autre par l'homicide qui le suit. [7] Sans aucun doute, il méritait de s'asseoir entre les deux sommités les plus hautes du crime et de tenir au milieu d'elles la place vacante avec une autorité égale dans le forfait. [8] Et qui donc en le voyant enfermé dans de tels flancs, étayé par de telles côtes, ira l'arracher de ce qui, corporellement, tient à lui, de la con-nexité des crimes qui l'avoisinent, de l'embrassement des forfaits qui y touchent, pour le faire bénéficier seul du fruit de la pénitence? [9] Est-ce que d'un côté l'idolâtrie, de l'autre côté l'homicide, ne le retiendront pas? Et s'ils peuvent prendre la parole, ne réclameront-ils pas? « C'est notre coin, c'est lui qui nous lie ensemble. A notre ligne extrême est l'idolâtrie, l'adultère nous sépare et forme le lien entre nous. Nous sommes unis à lui qui se dresse au milieu de nous. L'Écricriture divine a fait de nous un seul corps, les lettres saintes elles-mêmes sont notre ciment ; il ne peut rien sans nous. [10] Moi, l'idolâtrie, je procure mainte occasion à l'adultère. Mes bois sacrés, mes montagnes, mes eaux vives, et aussi les temples des villes, savent combien j'aide à ruiner la pudicité. [11] Moi aussi, l'homicide, je travaille quelquefois pour l'adultère. Sans parler des tragédies, les empoisonneurs, les magiciens, savent combien de séductions je venge, combien de rivalités j'écarte, combien de gardiens, de délateurs, de complices je supprime. [12] Elles savent aussi, les sages-femmes, combien de conceptions adultères sont immolées. Même parmi les chrétiens, il n'y a pas d'adultère sans notre concours ; là où souffle l'esprit impur, souffle aussi l'esprit d'idolâtrie ; là où l'homme, en se souillant, s'immole, il y a homicide. [13] Donc, ou le secours de la pénitence doit lui être refusé, ou nous y devons participer ; ou bien nous le gardons avec nous, ou bien nous suivons son sort. »

[14] Voilà ce que disent les accusés eux-mêmes. Si les choses ne peuvent parler, regardez l'idolâtre, regardez l'homicide et au milieu d'eux voyez aussi l'adultère. Tous trois, selon les prescriptions de la pénitence, sont là pareillement; ils frissonnent sous le sac et la cendre, ils gémissent avec les mêmes soupirs, ils sollicitent avec les mêmes prières, ils supplient avec les mêmes genoux, ils invoquentla même mère. [15] Que fais-tu, discipline si complaisante et si humaine? Ou bien tu devras te montrer telle pour tous (car heureux les pacifiques), ou sinon te comporter comme nous. Tu condamnes définitivement l'idolâtre et l'homicide, mais tu tires du milieu d'eux l'adultère qui vient après l'idolâtre, qui précède l'homicide, qui est le collègue de l'un et de l'autre. Tu fais acception de personne, tu négliges des pénitences plus dignes de pitié.




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