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Quintus Septimius Florens Tertullianus
De la pudicité

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VI. -- LES PRÉCEPTES DES DEUX TESTAMENTS -- LES EXEMPLES BIBLIQUES

[1] Eh bien, si tu me montres d'après l'autorité de quels exemples, de quels préceptes célestes, tu ouvres la porte de la pénitence à l'adultère seul et avec lui à la fornication, c'est dans cette ligne que se renfermera notre combat. Il est cependant nécessaire de déterminer préalablement ici la forme de ce débat, afin que tu n'ailles pas tendre la main vers le passé, ni regarder en arrière. [2] Car le passé n'est plus, selon Isaïe ; la rénovation vient de se faire, selon Jérémie ; oubliant ce qui est en arrière, nous nous avançons vers ce qui est devant nous, selon l'apôtre ; et la loi et les prophètes n'ont valu que jusqu'à Jean, selon le Seigneur. [3] Si nous partons précisément de la loi pour caractériser l'adultère, c'est à bon droit que nous partons de cette partie de la loi que le Christ n'a pas abolie, mais accomplie. Car les charges de la loi ont duré jusqu'à Jean, mais non les remèdes ; le joug des œuvres a été rejeté, mais non le joug de la discipline. La liberté due au Christ n'a point fait tort à l'innocence. [4] La loi de piété, de sainteté, de douceur, de vérité, de chasteté, de justice, de miséricorde, de bienveillance, de pudicité demeure intégrale. C'est dans cette loi qu'il est écrit : « Heureux l'homme qui méditera et le jour et la nuit ». D'elle, David a dit aussi : « La loi du Seigneur est irréprochable, elle convertit les âmes ; les droits du Seigneur sont droits, réjouissant les cœurs ; le précepte du Seigneur brille au loin, illuminant les yeux. » [5] Et l'apôtre : « C'est pourquoi la loi est sainte, le précepte est saint et excellent. » Donc ce précepte : « Tu ne commettras point l'adultère » l'est aussi. Il dit plus haut : « Détruisons-nous donc la loi par la foi ? Dieu nous en préserve ! Nous la fortifions. » Il veut dire : en ce qui touche les fautes qui, interdites maintenant par le Nouveau Testament, sont prohibées par un précepte encore plus appuyé. [6] Au lieu de « Tu ne commettras point l'adultère » : « Celui qui regarde avec concupiscence a déjà commis l'adultère dans son cœur » ; et au lieu de « Tu ne tueras point » : « Celui qui dira à son frère « racha » s'exposera à la géhenne. » Cherche maintenant si la loi qui défend l'adultère subsiste, quand s'y ajoute celle qui défend la concupiscence.

[7] Au surplus, si quelques exemples vous favorisent tout bas, ils ne pourront entrer sérieusement en conflit avec la discipline que nous défendons. Car c'est en vain qu'aurait été surajoutée une loi qui condamne l'origine même des fautes, c'est-à-dire la concupiscence et le désir, non moins que l'acte même, si le pardon est accordé aujourd'hui à l'adultère sous prétexte qu'il lui a été accordé autrefois. [8] Pourquoi une sanction plus complète vient-elle aujourd'hui resserrer la discipline? Est-ce pour que tes concessions amollissantes la rende encore plus indulgente? Tu accorderas donc à l'idolâtre et à l'apostat son pardon, parce qu'autant de fois le peuple juif commit ces fautes, autant de fois nous voyons qu'il fut rétabli dans son premier état. [9] Tu rendras la communion à l'homicide, parce qu'Achab effaça par la prière le sang de Naboth, et que David expia par son aveu le meurtre d'Urie et l'adultère qui en avait été la cause. [10] Tu pardonneras aussi l'inceste, à cause de Loth ; les fornications compliquées d'inceste à cause de Judas, et les noces souillées par la prostitution, à cause d'Osée; tu excuseras la réitération des noces, que dis-je la polygamie elle-même, à cause de nos pères. [11] Car il estjuste d'accorder indistinctement le pardon aujourd'hui encore à toutes les fautes autrefois pardonnées, si l'on réclame pour l'adultère en se prévalant de quelque exemple ancien.  

[12] Nous aussi, nous avons pour appuyer notre opinion d'antiques exemples de fornication non seulement impardonnée, mais encore châtiée jusqu'au bout. [13] Il nous suffirait de citer ces vingt-quatre mille hommes, nombre immense, qui périrent d'un même coup pour avoir forniqué avec les filles de Madian. Mais pour la gloire du Christ, je préfère faire dériver du Christ lui-même la discipline. [14] Admettons, si les Psychiques y tiennent, que les premiers temps aient eu licence de commettre toutes les impudicités, que la chair ait pris ses ébats avant le Christ, bien plus, qu'elle se soit perdue avant d'être recherchée par son Seigneur. C'est qu'elle n'était pas digne encore du don du salut, elle n'était pas apte au devoir de la sainteté. [15] Elle était encore jugée en Adam avec sa nature vicieuse, volontiers avide de ce qui flattait ses yeux, tournant en bas ses regards, et contenant avec des feuilles de figuier l'ardeur de ses désirs. Partout s'attachait le poison de la débauche et ses souillures ineffaçables, parce qu'il n'y avait point eu jusqu'alors d'eau capable de les nettoyer. [16] Mais dès que le Verbe de Dieu descendit dans une chair que le mariage même n'avait pas descellée, et que « le Verbe fut devenu chair », chair que le mariage même ne devait pas desceller, chair qui devait se mettre sur le bois, non de l'incontinence, mais de la souffrance, pour y trouver non la douceur, mais l'amertume; chair qui avait pour but suprême, non les enfers, mais le ciel ; et qui devait ceindre non les feuillages de luxure, mais les fleurs de la sainteté, et communiquer aux eaux sa pureté'; dès lors, toute chair qui a lavé dans le Christ ses anciennes souillures est désormais chose nouvelle, elle sort renouvelée, non de la lie de la semence, non de la fange de la concupiscence,mais de l'eau sans souillure et de l'esprit de pureté.

[17] Pourquoi dès lors l'excuser en alléguant les exemples de jadis? Elle ne s'appelait pas « le corps du Christ », « les membres du Christ », « le temple de Dieu », quand, adultère, elle obtenait son pardon. [18] C'est pourquoi, si elle a changé son premier état, si baptisée dans le Christ, elle a été revêtue du Christ, si elle a été rachetée à grand prix, c'est-à-dire par le sang du Seigneur et de l'Agneau, n'as-tu pas en main un exemple, un précepte, une loi, une sentence, sur l'indulgence accordée ou qu'il convient d'accorder à la fornication et à l'adultère ? Et tu reçois aussi de nous la délimitation du temps à partir duquel il faut calculer l'âge de la question.




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