Difficultés et devoirs
56. 1. Dans de telles conditions, il n'est pas étonnant que
l'homme, se sentant responsable du progrès culturel, soit animé d'un plus grand
espoir, mais envisage aussi avec quelque anxiété les nombreuses antinomies
qu'il lui faut résoudre.
2. Que faut-il faire pour que la
multiplication des échanges culturels, qui devraient aboutir à un dialogue vrai
et fructueux entre les divers groupes et nations, ne bouleverse pas la vie des
communautés, ne fasse pas échec à la sagesse ancestrale et ne mette pas en
péril le génie propre de chaque peuple ?
3. Comment favoriser le dynamisme
et l'expansion d'une culture nouvelle sans que disparaisse la fidélité vivante
à l'héritage des traditions? Cette question se pose avec une acuité
particulière lorsqu'il s'agit d'harmoniser la culture, fruit du développement
considérable des sciences et des techniques, avec la culture qui se nourrit
d'études classiques, conformes aux différentes traditions.
4. Comment l'émiettement si
rapide et croissant des disciplines spécialisées peut-il se concilier avec la
nécessité d'en faire la synthèse et avec le devoir de sauvegarder dans
l'humanité les puissances de contemplation et d'admiration qui conduisent à la
sagesse ?
5. Que faire pour permettre aux
multitudes de participer aux bienfaits de la culture, alors que celle des
élites ne cesse de s'élever et de se compliquer toujours ?
6. Comment, enfin, reconnaître
comme légitime l'autonomie que la culture réclame pour elle-même, sans pour
autant en venir à un humanisme purement terrestre et même hostile à la religion
?
7. C'est au coeur même de ces antinomies que la culture doit aujourd'hui
progresser, de façon à épanouir intégralement et harmonieusement la personne
humaine, de façon aussi à aider les hommes à accomplir les charges auxquelles
tous sont appelés, et particulièrement les chrétiens, fraternellement unis au
sein de l'unique famille humaine.
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