SECTION 1: LE DÉVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUE
Nature et fin de la
communauté politique
74. 1.
Individus, familles, groupements divers, tous ceux qui constituent la
communauté civile, ont conscience de leur impuissance à réaliser seuls une vie
pleinement humaine et perçoivent la nécessité d'une communauté plus vaste à
l'intérieur de laquelle tous conjuguent quotidiennement leurs forces en vue
d'une réalisation toujours plus parfaite du bien commun1. C'est
pourquoi ils forment une communauté politique selon des types institutionnels
variés. Celle-ci existe donc pour le
bien commun: elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification et
c'est de lui qu'elle tire l'origine de son droit propre. Quant au bien commun,
il comprend l'ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes,
aux familles et aux groupements de s'accomplir plus complètement et plus
facilement2.
2. Mais les hommes qui se retrouvent dans la communauté politique sont
nombreux, différents, et ils peuvent à bon droit incliner vers des opinions
diverses. Aussi, pour empêcher que,
chacun opinant dans son sens, la communauté politique ne se disloque, une
autorité s'impose qui soit capable d'orienter vers le bien commun les énergies
de tous: non d'une manière mécanique ou despotique, mais en agissant avant tout
comme une force morale qui prend appui sur la liberté et le sens de la
responsabilité.
3. De toute évidence, la
communauté politique et !'autorité publique trouvent donc leur fondement dans
la nature humaine et relèvent par là d'un ordre fixé par Dieu, encore que la
détermination des régimes politiques comme la désignation des dirigeants soient
laissés à la libre volonté des citoyens3.
4. Il s'ensuit également que l'exercice
de l'autorité politique, soit à l'intérieur de la communauté comme telle, soit
dans les organismes qui représentent l'Etat, doit toujours se déployer dans les
limites de l'ordre moral, en vue du bien commun (mais conçu d'une manière
dynamique), conformément à un ordre juridique légitimement établi ou à établir.
Alors les citoyens sont en conscience tenus à l'obéissance4. D'où, assurément, la responsabilité, la
dignité et l'importance du rôle de ceux qui gouvernent.
5. Si l'autorité publique,
débordant sa compétence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce
qui est objectivement requis par le bien commun; mais qu'il leur soit cependant
permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus du
pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle et la loi
évangélique.
6. Quant aux modalités concrètes
par lesquelles une communauté politique se donne sa structure propre et
organise le bon équilibre des pouvoirs publics. elles peuvent être diverses, selon
le génie propre de chaque peuple et la marche de l'histoire. Mais elles
doivent toujours servir à la formation d'un homme cultivé, pacifique,
bienveillant à l'égard de tous, pour l'avantage de toute la famille humaine.
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